L’Union française de Montréal, fondée en 1886, n’est pas seulement un lieu de rassemblement pour les Français de passage ou installés à Montréal. Aujourd’hui sous la direction de Yan Niesing, cette institution centenaire a su se réinventer pour rester un acteur essentiel de la culture et de l’intégration des francophones à Montréal.
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"Nous voulons que l’Union soit un lieu d’initiatives populaires, un espace où chacun peut apporter son talent et contribuer à la vie culturelle de la communauté" - Yan Niesing
Fondée en 1886, l'Union française de Montréal est l'une des plus anciennes institutions francophones de la ville. Son objectif initial était d'offrir des hébergements aux plus nécessiteux et devenir un lieu de rencontre pour les Français de passage à Montréal, ainsi que pour les expatriés désireux de maintenir un lien avec leur culture.
En 1908, l’association s’installe dans son bâtiment actuel, un imposant édifice de la rue Viger, qui devient un lieu symbolique pour la communauté française. Ce bâtiment, un don généreux de deux industriels français, a été offert pour assurer la pérennité de l'association. Cette donation reste un geste historique de soutien à la culture française à Montréal.
À ses débuts, l'Union se distinguait par son rôle dans l’organisation de célébrations patriotiques, notamment la fête nationale du 14 juillet, un événement phare pour l'association. Cependant, au fil des années, cette célébration est tombée en désuétude. "Nous avons décidé de redonner vie à cette tradition", affirme Yan Niesing, président depuis 2021.
Depuis deux ans, la nouvelle administration travaille à restaurer cette grande fête populaire en organisant des célébrations sur la place Viger, juste en face du bâtiment historique. Ce rassemblement festif est en passe de redevenir l'un des événements majeurs de l'été à Montréal, attirant un large public pour des concerts, des spectacles de danse etc. en plein cœur de la ville.
L’Union possède des terrains aux cimetières de la Côte-des-Neiges (catholique) et du Mont-Royal (protestant) pour offrir la sépulture à ses membres. Une autre propriété de l'Union, à Sainte-Adèle, a servi de maison de repos pour les anciens combattants avant de se convertir en colonie de vacances destinée aux enfants des familles moins fortunées. Elle a depuis été vendue.
Une vision tournée vers l'avenir
Sous la houlette de Yan Niesing, l’Union française a amorcé une transformation ambitieuse. "Nous voulons que l’Union soit un lieu d’initiatives populaires, un espace où chacun peut apporter son talent et contribuer à la vie culturelle de la communauté", souligne-t-il. Plus que jamais, l’association cherche à répondre aux défis contemporains en aidant à l’intégration des nouveaux arrivants et en valorisant la culture francophone à travers des événements variés. Le président de l’Union française insiste sur l’importance de la participation active de la communauté : "Venez avec vos projets, nous vous aiderons à les faire grandir."
L'Union offre ainsi un large éventail d'activités, allant des concerts de musique live aux expositions d'art, en passant par des événements sportifs et des ateliers de danse. Parmi les événements populaires organisés par l’Union, on retrouve également des soirée raclette, boeuf bourguignon, couscous etc.. des concours de hip-hop, des expositions artistiques et des soirées de poésie. Ces initiatives permettent à la fois de promouvoir la culture française et d’engager les différentes communautés autour de projets communs.
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Une indépendance financière précaire
L’indépendance financière est l’un des plus grands défis auxquels l'Union française doit faire face. Jadis financée par le gouvernement français, l’association a dû s’autofinancer après l’arrêt des subventions. "Aujourd'hui, on vit grâce à nos membres, aux dons et aux événements que la communauté organise ici", explique Niesing. Avec des frais fixes de 20 à 25 000 dollars par mois, l'association organise plus de 200 événements par an pour maintenir son fonctionnement. Mais la tâche reste ardue, et la question de la viabilité à long terme de l'Union reste ouverte.
Pour surmonter cette difficulté, l’Union se concentre sur l’organisation d'événements d’envergure. En plus du 14 juillet, avec ses partenaires, l’Union française organise des expositions d’art, des soirées rock, traditionnelles bretonnes, brésiliennes, etc. qui attirent un public de plus en plus large. Ces événements permettent non seulement de générer des fonds, mais aussi de promouvoir la culture francophone à travers des initiatives locales.
Un rôle central dans l'intégration
Au-delà des activités culturelles, l’Union française joue un rôle crucial dans l'accompagnement des nouveaux arrivants. Que ce soit pour des problèmes d’immigration ou des questions sociales, "nous offrons une aide concrète à ceux qui en ont besoin", précise Yan Niesing. L’association se veut un point de ralliement pour les francophones, quel que soit leur pays d’origine, et un véritable espace d’accueil pour tous ceux qui souhaitent s'intégrer à la vie montréalaise.
L'Union offre ainsi une aide à l'immigration, des cours de français pour les nouveaux arrivants, ainsi qu'une aide sociale pour ceux qui se retrouvent en situation précaire. L’association désire également mettre en place des ateliers de francisation pour faciliter l’intégration professionnelle des nouveaux arrivants et les aider à mieux comprendre le système québécois.
Une communauté en évolution
La communauté française à Montréal a beaucoup évolué ces dernières années. Si, historiquement, les Français étaient perçus comme une communauté bien ancrée, la réalité aujourd’hui est différente. "Les Français qui arrivent ici ne sont plus ceux d'il y a 10 ou 15 ans", explique Niesing. De plus en plus jeunes, souvent issus d’un parcours académique ou professionnel, ils rencontrent des défis d’intégration qui vont bien au-delà de l’aspect linguistique. L'Union française s'efforce de leur offrir un soutien adapté à leurs besoins et à leurs attentes.
Les rencontres intergénérationnelles, qui réunissent les jeunes et les moins jeunes autour de projets communs, sont une autre initiative phare de l’Union. Elles permettent de créer des liens solides entre les différentes générations, tout en favorisant l'échange culturel.
Un avenir à bâtir ensemble
L'Union française de Montréal traverse une période charnière. Alors que l'institution cherche à pérenniser son existence tout en restant fidèle à ses valeurs de solidarité et d'intégration, l'engagement de sa communauté sera plus que jamais crucial. "L'union, c'est la force", conclut Yan Niesing, "ensemble, nous pouvons construire un avenir plus solide pour notre Union." Mais le chemin reste semé d’embûches. L’appel est lancé : il est désormais essentiel que chaque membre de la communauté s’engage pour faire vivre cette belle institution et la transmettre aux générations futures.
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