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Sri Lanka: victoire écrasante et majorité absolue pour le camp du président aux législatives

Pari réussi: le premier président de gauche de l'histoire du Sri Lanka a remporté haut la main les élections législatives en décrochant une majorité absolue qui lui donne les mains libres pour réformer le pays.

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Écrit par AFP
Publié le 15 novembre 2024

Pari réussi: le premier président de gauche de l'histoire du Sri Lanka a remporté haut la main les élections législatives en décrochant une majorité absolue qui lui donne les mains libres pour gouverner.

Marxiste de formation mais depuis largement converti à l'économie de marché, Anura Kumara Dissanayake, 55 ans, a été élu il y a deux mois à la tête d'un pays épuisé par la pire crise économique de son histoire et une brutale cure d'austérité.

Il s'est engagé à réduire les taxes sur les produits de première nécessité et à éradiquer la corruption, s'attirant un large soutien de la population.

"Merci a tous ceux qui ont voté pour une renaissance", s'est réjoui vendredi le nouvel homme fort du Sri Lanka sur son compte X.

Selon les résultats complets publiés vendredi par la commission électorale, la coalition NPP conduite par le parti présidentiel, le Front de libération du peuple (JVP), a remporté 159 des 225 sièges à pourvoir au Parlement.

Grâce à ce score, la NPP, qui n'occupait que trois sièges dans l'assemblée sortante, y détient désormais la majorité des deux tiers requise pour engager une modification de la Constitution.

"Nous allons engager les réformes constitutionnelles que nous avons promises", s'est empressé de confirmer vendredi le secrétaire général du JVP, Tilvin Silva, devant la presse.

Pendant sa campagne, la coalition de M. Dissanayake a défendu la suppression du système présidentiel actuel, mis en place en 1978, au profit d'un régime parlementaire où l'exécutif serait dirigé par le Premier ministre.

"Nous sommes ravis des résultats", a commenté pour l'AFP un électeur, Janaka Perera. "Nous avons besoin d'un gouvernement stable pour remettre l'économie sur pied", a-t-il ajouté. "Nous avons été trompés par la classe politique corrompue depuis des décennies."

"Pendant des années, notre pays a été dirigé par des voleurs, des bandits et des corrompus. Je suis très heureuse que ces escrocs aient été remplacés par un gouvernement propre", a renchéri une électrice, Nilusha Nilmini.

- Soutien des patrons -

En recueillant 61,5% des suffrages, Anura Kumara Dissanayake a nettement amélioré son score de l'élection présidentielle et écrasé tous ses rivaux.

Le parti du chef de l'opposition Sajith Premadasa ne devrait obtenir que 17,6% des voix et celui du précédant chef de l'Etat, Ranil Wickremesinghe, à peine 4,5%.

Tous les analystes avaient prédit la large victoire du camp présidentiel face à une opposition largement divisée et discréditée par la crise.

Fils d'ouvrier, Anura Kumara Dissanayake est un homme politique chevronné. Député du JVP depuis près d'un quart de siècle, il a été brièvement ministre de l'Agriculture.

Même si son parti, à l'origine de deux insurrections meurtrières en 1971 et 1987-88, a conservé pour emblème le marteau et la faucille communistes, le chef de l'Etat reçu le soutien inattendu des milieux économiques srilankais.

Chefs d'entreprises et hommes d'affaires ont notamment été rassurés par sa décision de ne pas jeter aux orties l'accord passé en 2023 avec le Fonds monétaire international (FMI) pour tenter de remettre le pays sur les rails.

L'économie du Sri Lanka s'est effondrée en 2022, contraignant son gouvernement à faire défaut sur sa dette publique, alors estimée à 46 milliards de dollars (42 milliards d'euros).

Plusieurs semaines de manifestations populaires contre les pénuries et l'inflation qui ont suivi ont causé en juillet 2022 la chute du président de l'époque, Gotabaya Rajapaksa.

En échange d'une aide de 2,9 milliards de dollars (2,6 milliards d'euros) du FMI, son successeur Ranil Wickremesinghe a multiplié les hausses d'impôts et les coupes dans les dépenses publiques.

Sur fond de fragile embellie économique, M. Dissanayake a exprimé sa volonté de renégocier quelques-unes des clauses de cet accord.

Le FMI a entamé des discussions sur les "approches alternatives" défendues par M. Dissanayake mais a aussi rappelé la nécessité de "protéger et de développer" les efforts engagés.

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Publié le 14 novembre 2024, mis à jour le 15 novembre 2024
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