Édition internationale

Roland-Garros : une édition 2024 entre prestige français et public problématique

Quatre ans après le mythique court central, le Suzanne-Lenglen s’est offert un toit pour 2024, principale nouveauté du tournoi. De quoi faire rayonner un peu plus encore le Grand Chelem français à l’international ? Oui, mais le tournoi qui s’est réinventé ces dernières années a aussi quelques trous dans sa raquette.

roland garros 2024roland garros 2024
Écrit par Teddy Perez
Publié le 31 mai 2024, mis à jour le 4 juin 2024

À moins de deux mois des JO de Paris, Roland-Garros s’est refait une beauté pour son édition 2024 et se tient prêt à accueillir les olympiens cet été. Désormais, ses deux principaux courts sont dotés d’un toit rétractable, plus que nécessaire durant cette quinzaine pluvieuse. Avec ces deux enceintes récemment rénovées de 10.000 places et 15.000 places, Roland-Garros se métamorphose.

Dans sa diffusion aussi, l’Open tricolore s’adapte aux tendances multimédias. En plus du diffuseur historique France Télévisions, les plus belles affiches sont à voir sur la plateforme de streaming Amazon Prime avec des contenus exclusifs. Notamment des interviews portées par des consultants de premiers choix, d’anciennes stars françaises de la balle jaune : Marion Bartoldi, Jo-Wilfried Tsonga ou Fabrice Santoro pour ne citer qu’eux.

 

 

 

Nouveauté supplémentaire : Roland-Garros 2024 a le droit à un record de 11 “night sessions” sur l’ensemble du tournoi. C’est-à-dire des matchs diffusés en soirée pour prolonger la fête jusque tard dans la nuit, enfin possible depuis que le court Philippe Chatrier est couvert. Sur la première semaine, les fans français et du monde entier ont ainsi pu soutenir Gaël Monfils dans sa victoire au 1er tour. Show garanti pour le joueur de 37 ans, toujours en jambes et d’humeur dansante à la fin du match !

 

Le Roland-Garros des polémiques ?

Si Roland-Garros ne lésine pas sur les moyens pour garder son statut de tournoi du Grand Chelem - ils ne sont que quatre dans le monde - son édition 2024 est entachée par une polémique. Il en fallait bien une et elle ne touche ni à l’aspect sportif, ni à la météo capricieuse qui retarde l’agenda de la compétition. La problématique des Internationaux de France se situe en tribunes, par des spectateurs beaucoup trop acteurs des matchs, ivres de bonheur et dépassant les limites du savoir-vivre.

Sport populaire, le tennis possède aussi l’image d’un sport classe où, en tribunes, le calme règne durant les échanges de balle. Mais depuis plusieurs années, une ferveur différente s’empare des travées de RG. Dans cet univers chic, il y a un hic : l’alcool, faisant déborder l’ambiance dans les gradins. Et les joueurs, comme les arbitres, ont exprimé leur rancœur face à ce nouveau phénomène français. La polémique principale a touché le joueur belge David Goffin, dès son premier tour (lundi 27 mai) après 3h30 passés sur le court : “Clairement, ça va trop loin, c'est de l'irrespect total. Certains sont plus là pour foutre le bordel que pour mettre l'ambiance. Aujourd'hui, quelqu'un m'a craché son chewing-gum.

24h plus tard, la triple championne de Roland-Garros - et actuelle tenante du titre - Iga Swiatek s’est aussi plaint du comportement de supporters trop bruyants. Ces “fans” de tennis devenant alors des handicaps pour les athlètes.

 

 

Jeudi 30 mai, cela en était trop pour Amélie Mauresmo. La directrice de Roland-Garros est montée au créneau pour régler la situation. L’alcool est désormais interdit au sein des tribunes. Mais cela suffira-t-il pour éviter plus de débordements ? Les gobelets de bières disparus, les spectateurs pourraient utiliser des gourdes ou autres contenants lorsqu’ils se présentent aux tireuses à bière laissées en libre service au sein du complexe sportif.

 

Le Roland-Garros des adieux !

Roland-Garros 2024 s’inscrit aussi dans l’histoire du tennis comme la dernière édition du roi de la terre battue, l’espagnol Rafael Nadal. Le joueur aux 14 titres en 19 participations au tournoi de la porte d’Auteuil a joué son ultime match à Roland face à l’Allemand Alexander Zverev. Défait 3 sets à 0 dès le premier tour contre la tête de série numéro 4 de la compétition, “Rafa” est sorti par la petite porte. Mais, qu’importe, en se présentant diminué physiquement - une malheureuse constante depuis deux ans pour l’enfant de Majorque - il a dit au revoir à son Grand Chelem et a pu recevoir un bel hommage de son public.

Nadal devrait toutefois effectuer une dernière danse sur les courts de Roland-Garros pour les Jeux olympiques. S’il n’a pas encore confirmé sa présence à Paris 2024, il a pris la décision de ne pas disputer Wimbledon début juillet pour éviter de traumatiser son corps suite à un changement de surface, entre la terre battue parisienne et le gazon londonien. Paris 2024, “l’objectif principal” du champion olympique 2008, voilà son prochain - et peut-être ultime - défi d’une immense carrière.

 

 

Ce Roland a aussi été le moment des adieux d’Alizé Cornet. Au lendemain de ceux de Rafael Nadal, la tenniswoman française a joué son dernier match en simple dame sur la terre de Roland-Garros. Celle qui avait commencé en 2005 à l’âge de 15 ans a été ovationnée par le court Philippe Chatrier - aux tribunes présidentielles vides. Durant sa très longue carrière, elle détient un incroyable record : celui du nombre de participations consécutives à un tournoi du Grand Chelem, série entamée lors de l'Open d'Australie 2007.

À chaque édition de Roland-Garros, ses histoires. Celle de 2024 en regorge alors que le tournoi entame sa seconde semaine (à l’heure où nous écrivons cet article) et attend ses vainqueurs !