Édition internationale

Intelligence artificielle : Mistral gagnant pour la France ou simple coup de vent ?

Entre les investissements de 109 milliards et les start-ups prometteuses comme Mistral, l’Hexagone veut devenir un acteur clé de l’IA. Avec une stratégie "Notre-Dame" annoncée lors du Sommet de l'IA à Paris, la France peut-elle jouer des coudes avec les grandes puissances mondiales ?

Le sommet de l'IA à Paris au Grand Palais, le soirLe sommet de l'IA à Paris au Grand Palais, le soir
Le Sommet de l'IA s'est tenu les 10 et 11 février 2025 au Grand Palais. Crédit photo : @EmmanuelMacron sur X
Écrit par Liz Fredon
Publié le 12 février 2025, mis à jour le 13 février 2025

 

À l’heure où l’intelligence artificielle gagne une place de plus en plus importante dans nos quotidiens, sa régulation à l’internationale devient une question incontournable. C’est tout l’enjeu du Sommet pour l’action sur l’IA qui a pris place à Paris les 10 et 11 février 2025, au Grand Palais. Cette rencontre « vise à renforcer l’action internationale en faveur d’une intelligence artificielle au service de l’intérêt général », selon la page officielle de l’évènement.

 

Pourquoi la France accueille un Sommet mondial sur l’intelligence artificielle ?

 

Car l’État français voit dans l’IA une technologie politique à orienter vers le progrès économique, social et environnemental, qu’il faut cependant maîtriser compte tenu des potentiels risques que ces algorithmes présentent. Pour preuve — mais aussi pour promouvoir l’action du Sommet de l’IA dans la capitale, Emmanuel Macron partage sur ses réseaux sociaux une vidéo de lui mettant en scène des extraits de deepfakes utilisant son visage et sa voix. La France est le premier pays au Rang européen pour les projets d’investissements étrangers en IA. Entre concentration du marché de l’IA et augmentation rapide de la fracture numérique, l’enjeu est certain.

Lepetitjournal.com vous décrypte ce qu’il se trame entre la France et les technologies intelligentes en 2025…

 

Plus de 20% des Français utilisent l'intelligence artificielle chez eux ou au travail

 

 

 

Quelle est cette stratégie « Notre-Dame » pour l’IA ?

Depuis 2017, la France s'engage résolument dans le développement de l’IA avec une stratégie nationale ambitieuse, une « approche Notre-Dame » a lancé Emmanuel Macron lors du sommet sur l’IA. En février 2025, le gouvernement français annonce une nouvelle phase de cette stratégie, visant à consolider sa position de leader mondial dans ce domaine. Cette démarche s'inscrit dans le cadre du plan France 2030, doté de 2,5 milliards d'euros. L'objectif est clair : faire de la France un pionnier de l'innovation d'ici 2030. 

 

L'IA ou la machine au service de l'humain... mais ne serait-ce pas plutôt l'inverse ?

 

Le président français prend pour modèle la reconstruction rapide de Notre-Dame de Paris après l’incendie de 2019. Il insiste : « Nous avons montré au reste du monde qu’avec un calendrier clair, nous pouvons y arriver », appelant ainsi à une « rationalisation des procédures » et à un pilotage simplifié des projets IA.

La première phase (2018-2022) permet de renforcer les capacités de recherche avec un investissement de 1,5 milliard d'euros. Le supercalculateur Jean Zay est mis en service pour booster les capacités de calcul de la recherche publique. La deuxième phase (2022-2025) se concentre sur la diffusion des technologies d'IA dans l'économie. Cette phase cible des domaines prioritaires comme l'IA embarquée, l'IA de confiance, l'IA frugale et l'IA générative. La troisième phase, lancée en février 2025, s'articule autour de quatre priorités : renforcer les infrastructures de calcul, former et attirer les talents, accélérer les usages de l'IA, et bâtir une IA de confiance. Cette nouvelle étape est pilotée par Guillaume Avrin, coordinateur national pour l'IA.

 

Un investissement de… 109 milliards en France pour l’IA 

Dimanche 9 février 2025, veille du Sommet, Emmanuel Macron a annoncé 109 milliards d’euros d’investissements en France dans les prochaines années pour développer l’intelligence artificielle. Pour désamorcer directement tout débat, l’Élysée souligne que les investissements sont privés, et pour la plupart issus de l’étranger. 

 

« C’est l’équivalent pour la France de ce que les États-Unis ont annoncé avec Stargate » lance le chef de l’État lors du sommet international sur l’IA.

Le projet Stargate1 était un programme du gouvernement américain visant à étudier les phénomènes psychiques, notamment la « vision à distance », une capacité à percevoir des lieux ou des événements sans y être physiquement. Les USA y ont investi 500 milliards de dollards.

 

D’ici 2031, de nombreuses infrastructures numériques comme Brookfield Asset Management (Canada), Amazon ou encore Fluidstack (Royaume-Uni) seront au cœur de ce déferlement d’investissements. 

 

 

50 milliards des investissements viennent des Émirats arabes unis

Les Émirats arabes unis ouvrent le bal des investissements en France avec la somme colossale de 50 milliards d’euros. Ce budget doit être utilisé pour la construction d’un immense data center d’une puissance d’un gigawatt, correspondant à peu près aux besoins en électricité d’un million de personnes en France. L’accord a été conclu lors de la visite d’État de Mohammed ben Zayed Al-Nahyane à l’Élysée.

Pour le reste des investissements, Le Sommet Choose France 2025, prévu en mai 2025, sera l’occasion de révéler la première vague d’investissements associés à cette initiative. Un événement idéal puisque celui-ci est dédié à renforcer l’attractivité économique de notre territoire. 

 

 


 

La France mise sur Mistral AI, une pépite française qui s’exporte

Même si l’objectif est de rattraper notre retard sur la Chine et les États-Unis, la France se positionne comme grande puissance mondiale en matière d’IA. L’un des investisseurs prévu, Mistral AI, est considéré comme l’étoile montante de l’IA générative en France. La start-up parisienne lance le plus grand cluster IA d’Europe dans l’Essonne, pour plusieurs milliards d’euros. À sa tête, Arthur Mensch — accompagné de Guillaume Lample et de Timothée Lacroix — multiplie les prises de paroles dans les médias, puis devant les plus grands dirigeants politiques et de la tech lors du Sommet pour l’action sur l’IA. Sa nouvelle application a d’ailleurs été valorisée par le président français sur X, qui invite les Français à la télécharger. « Le Chat by Mistral AI » est d’ailleurs classée 3ᵉ des téléchargements d’apps de productivité, juste derrière Deep Seek et ChatGPT. D’après l’AFP, la presse américaine la cite déjà comme un potentiel rival d'Open AI, à l'origine de ChatGPT.

 

 

Avec cette stratégie renforcée, la France se prépare à jouer un rôle clé dans la quatrième révolution industrielle, portée par la science des données, l'apprentissage machine, et la robotique. Reste à savoir si ce pari sera un Mistral gagnant ou un simple coup de vent dans la course mondiale à l’IA.