Depuis plusieurs décennies, Haïti lutte contre une série de défis socio-économiques et politiques complexes. Cette île, marquée par son histoire tumultueuse, est confrontée à une conjonction de crises qui affectent profondément sa population. D’après l’ONU, entre janvier et mars 2024, au moins 2.500 personnes ont été tuées ou blessées à la suite de violences liées aux gangs.
Haïti est un pays des Caraïbes qui vit au gré des coups d'État et des dictatures depuis son indépendance il y a deux siècles. Les dictateurs les plus connus sont François Duvalier et son fils, Jean Claude. Le premier arrive au pouvoir en 1957. Il mène une politique répressive et se proclame « président à vie ». A son décès, son fils, âgé de 19 ans, prend le pouvoir. La famille Duvalier va régner 29 années, jusqu’à son renversement en 1986. On dénombre 25 chefs d'État sur 38 renversés ou assassinés entre 1804 et 1986.
1987, l’arrivée d’une fausse démocratie en Haïti
1987 marque une nouvelle ère même si la fin des Duvalier ne signe pas la fin des dictatures. Elles sont maintenant déguisées derrière une nouvelle constitution qui marque la démocratie en Haïti. Pour autant, les gouvernements qui se succèdent depuis sont majoritairement destitués. En 1988, Leslie Manigat est porté au pouvoir à la suite des élections organisées par l’armée. Son mandat dure quatre mois et est suivi de deux coups d'État coup sur coup. Il en est de même, deux ans plus tard, pour Jean Baptiste Aristide lors de son premier mandat. Il est victime d’un coup d'État après sept mois à la tête du pays en 1991. Forcé de s’exiler, il dirige le pays depuis les Etats-Unis. D’autres présidents, comme René Préval ou Michel Martelly, ont mené leurs mandats à terme, bien que parfois controversés.
On dénombre 25 chefs d'État sur 38 renversés ou assassinés entre 1804 et 1986.
Ces deux dernières décennies, le chaos politique continue. Avec lui, la violence s'accroît en 2018 avec la formation de nombreux gangs armés. Le 7 juillet 2021 marque le coup de grâce avec l’assassinat du président Jovenel Moise. Son mandat terminé cinq mois auparavant, il refuse de quitter le palais présidentiel. Depuis son décès, les élections présidentielles et législatives prévues pour stabiliser le pays ont été reportées à plusieurs reprises, laissant un vide de pouvoir et alimentant les tensions politiques.
L’assassinat de Jovenel Moïse en 2021
Depuis, les élections ont été plusieurs fois reportées : après le meurtre de Jovenel Moise en 2021, en 2022 et aussi en 2023 avec une investiture prévue le 7 février 2024. Finalement aucune élection n’a lieu. Le président par intérim, Ariel Henry, décide de les reporter une nouvelle fois au 31 août 2025. En plus d’assurer la présidence d'Haïti par intérim, il est également le Premier ministre de son propre gouvernement ainsi que ministre de l’Intérieur et ministre de la Culture et des Communications.
De nombreuses manifestations prennent place à Port-au-Prince, entre février et avril 2024 pour exiger la démission de Ariel Henry. Il se retrouve même bloqué hors du pays, après un déplacement au Kenya. Les gangs armés ont mis le feu à l’aéroport de la capitale. Il annonce sa démission le 11 mars dernier après avoir mis en place l’état d’urgence.
Pour remplacer Ariel Henry, un conseil de transition présidentiel, composé de neuf personnes est mis en place. Ils ont 22 mois pour désigner un premier ministre qui, en collaboration avec le conseil, désignera un gouvernement pour conduire le pays vers des « élections démocratiques, libres et crédibles » prévues en février 2026.
Une situation humanitaire en Haïti toujours plus préoccupante
À côté de l’instabilité politique bien présente depuis deux siècles, le pays fait face régulièrement à des catastrophes naturelles. Rien qu’en 2023, le pays a subi 828 tremblements de terre rendant la situation humanitaire en Haïti très préoccupante. Elle est exacerbée par une pauvreté généralisée et un chômage qui ne fait qu’augmenter. « Les gangs armés font la loi dans le pays, ils contrôlent l'accès à l'eau, à la nourriture, aux soins de santé et au carburant. Les enlèvements sont monnaie courante et les enfants sont empêchés d'aller à l’école », a déclaré M. Türk lors d’une conférence de presse à Port-au-Prince, la capitale en février 2023. Le dernier rapport des Nations Unies fait état d’une personne sur deux vivant sous le seuil de pauvreté, sans accès régulier à l’eau et à la nourriture.
Les membres du conseil de transition présidentiel ont prêté serment fin avril 2024 mais le pays reste sans autorité légale. 80% de la capitale est controlée par les gangs. On en dénombre environ trois cents. Les ports et aéroports ont été fermés, privant encore plus la population d’un accès à la nourriture, qui est principalement importée. D’après l’ONU, entre janvier et mars 2024, au moins 2.500 personnes ont été tuées ou blessées à la suite de violences liées aux gangs.
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