Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 1
  • 0

Où en est l’engagement militaire de la jeunesse française?

D’après une étude sortie en avril 2024, la jeunesse française a besoin de s’engager. La transmission familiale et l’essor des films, séries et jeux vidéo de guerre impactent leur appréciation sur le fait militaire et guerrier. Si une guerre, sous n’importe quelle forme, éclate en France ou dans un autre pays et implique l’intervention de soldats français, ils et elles sont 89% à accepter de se battre et de s’engager pour la France.

casque militairecasque militaire
Si une guerre, sous n’importe quelle forme, éclate en France ou dans un autre pays et implique l’intervention de soldats français, les jeunes sont 89% à accepter de se battre pour la France.
Écrit par Léa Degay
Publié le 7 mai 2024, mis à jour le 8 mai 2024

 

 

Dans une France qui n’a jamais cessé d’engager ses soldats à travers le monde au cours des dernières décennies, l’étude sortie en avril 2024 et menée par Anne Muxel, directrice de recherche au CNRS et directrice déléguée du CEVIPOF, s’interroge sur la façon dont la nouvelle génération de citoyens français - entre 18 et 25 ans - envisage son engagement face à la guerre et à l’armée. Elle s’appuie sur une enquête quantitative auprès d’un large échantillon représentatif de la jeunesse française âgée de 18 à 25 ans.

Malgré l’éloignement temporel d’épisodes de guerre sur le sol français, les jeunes se sentent assez proches du monde militaire. 52 % des jeunes déclarent s’intéresser aux questions militaires. Si les jeunes à l’idéologie de droite manifestent plus d’intérêt que ceux de gauche (68% contre 47%), la chercheuse prouve avec cette étude que les jeunes de gauche sont de plus en plus réceptifs et ouverts au fait militaire. 

Cette proximité des jeunes s’explique grâce à deux grands vecteurs identifiés par la chercheuse. D’une part, le rôle de la transmission familiale sur les mémoires de la guerre ainsi que la présence militaire dans l’entourage familial et amical des jeunes. D’autre part, Anne Muxel s’interroge sur l’impact d’une socialisation militaire à travers le cinéma et les séries mais aussi la pratique ludique des jeux vidéo de guerre et de tir.

 

 

camions militaires

 

 

65% des jeunes interrogés disent que l’un de leurs grands-parents connaît ou a connu la guerre. 

 

La transmission familiale comme vecteur d’engagement militaire

L’importance de la famille dans la transmission des valeurs et dans la fabrique des opinions a été prouvée à maintes reprises. Pour cette simple raison, les récits de mémoire véhiculés dans les familles jouent un rôle important dans les représentations de la guerre. Elles se transmettent principalement à travers les grands-parents. 65% des jeunes interrogés disent que l’un de leurs grands-parents connaît ou a connu la guerre. 

En plus de l’héritage raconté ou refoulé par les aïeux, nombreux sont les jeunes qui, dans leur famille et entourage proche, ont des liens avec des personnes directement concernées par la vie militaire. Deux tiers d’entre eux ont au moins un proche qui a été ou est actuellement militaire. Et concernant les discours tenus au quotidien à domicile, ils sont majoritairement positifs ou neutres. Seulement 26% des jeunes ont grandi avec des discours négatifs durant l’enfance. 

 

 

Le cinéma, les séries et les jeux vidéo de guerre

De tous temps, le cinéma a été utilisé pour faire passer des messages. C’est le cas aussi des films et séries de guerre qui rapprochent les jeunes français du monde militaire. Près d’un jeune sur deux en visionne de manière régulière. Top Gun ou Apocalypse Now ont été vus par trois quarts des jeunes interrogés. 

Si pour les films et séries de guerre, l’intérêt n’a pas de genre, pour les jeux vidéo de tir et de guerre, les garçons sont plus grands consommateurs que les filles. D’après l’étude, 51% de jeunes hommes et 31% de jeunes femmes admettent y jouer souvent. Les jeux vidéos sont devenus un objet culturel de masse et informent de manière ludique sur l’univers militaire. Parmi celles et ceux qui y jouent souvent, 58% estiment que les jeux vidéo renforcent leur intérêt pour l’armée française. 

 

 

militaire caché

 

 

Près d’un jeune sur deux (47%) la considère plausible sur le sol français. 

 

Une majorité de jeunes envisage la guerre comme probable dans les années à venir

L’étude d’Anne Muxel n’a pas été réalisée seulement pour déterminer les différents vecteurs. Elle permet aussi de mesurer le risque de guerre dans l’esprit des jeunes français. La guerre est une préoccupation qui n’est pas majeure mais néanmoins présente. Elle arrive en sixième place. Qu’elle qu’en soit sa forme, civile, mondiale ou nucléaire, les jeunes, de manière majoritaire, envisagent la guerre comme probable dans les années à venir. Près d’un jeune sur deux (47%) la considère plausible sur le sol français. 

A 56%, les jeunes expriment une disposition à s’engager en cas de guerre si nécessaire mais aussi à éventuellement envisager une carrière dans les armées. Aussi, 60 % des jeunes âgés de 16 à 18 ans déclarent être prêts à risquer leur vie pour défendre leur pays, parmi lesquels 25 % affirment qu'ils le feraient certainement. 

 

Seulement 11% des répondants et répondantes refuseraient de se battre et de s’engager quelles que soient les situations ou les pays concernés.