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Tout savoir sur le service militaire en Corée du Sud

le service militaire en Corée du Sudle service militaire en Corée du Sud
Écrit par Adèle Lavezzi-Amiez
Publié le 2 mars 2023, mis à jour le 7 mars 2024

Le service militaire est obligatoire pour tous les hommes coréens, entre 18 et 30 ans.. Mais comment se déroule-t-il ? Peut-on en être exempté ? 

 

Le mur de Berlin qui ciselait le pays a été détruit en 1989, celui qui sépare la Corée du Sud de la Corée du Nord est pour sa part toujours debout. La guerre qui a opposé les deux États sud et nord-coréens de 1950 à 1953 se scelle par une armistice signée des deux opposants. Aucun traité de paix n’a été présenté jusqu’à aujourd’hui, et les deux États peuvent être considérés comme en guerre froide. Plus spécifiquement, le gouvernement sud-coréen ne se sent pas totalement à l’abri d’un second envahissement venant de son plus proche voisin. 

 

Aujourd’hui, en Corée du Sud, le service militaire est obligatoire pour tous les hommes coréens. La durée dépend du secteur que les apprentis choisissent et il doit s’effectuer entre 18 et 30 ans. 

 

Un service militaire en Corée du Sud avant la vie active 

Il est courant pour les Coréens de choisir de faire leur service militaire à l’âge de 20 ans, c’est-à-dire un an après leur première année d’étude dans le supérieur. Au terme de l’année de Terminale, les lycéens doivent passer le « Suneung », examen dont les résultats dicteront dans quelles universités ils seront envoyés. Après le stress de ce concours pour pouvoir intégrer la faculté de leur choix, les jeunes hommes coréens préfèrent profiter d’une première année dans le supérieur avant de se plonger dans un service militaire. C’est le cas de Jany Woo, 23 ans : « Il était impensable de partir en service militaire à la sortie du lycée. Ceux qui décident de faire ça sont fous ! » plaisante-t-il. Dans ces cas-là, à leur retour, ils sont directement inscrits en L2 et continuent leur cursus universitaire normalement. 

 

le service militaire en Corée du Sud

 

Trois spécialisations, une à choisir

Le service militaire se divise en trois parcours différents : l’armée terrestre qui dure 18 mois, la marine qui dure 20 mois et la protection aérienne dont l’enrôlement est le plus long, 21 mois. Certains préfèrent s’enrôler dans la protection aérienne malgré sa longue durée car cela leur permet de choisir l’endroit où ils exerceront. Jany Woo a trouvé plus judicieux d’exercer en tant que tel : « J’ai pu demander à être muté à Seongnam, juste à côté de Bucheon où j’habite ». D’autres préfèrent choisir l’armée terrestre, même si dans ce cas-là ils ne savent pas où ils seront envoyés. Jun*, 22 ans, préférait faire ainsi : « Je voulais finir le plus vite possible car j’avais des projets, je comptais partir une année à l’étranger à ma sortie».

 

Une première formation : le tronc commun 

Les enrôlés débutent par une formation de six semaines. Ils reçoivent des cours sur l’Histoire des deux Corées, leur expliquant quels sont les enjeux de ce service militaire et des campagnes de sensibilisation contre le harcèlement au sein des troupes sont diffusées : « Il y a dix ans, le harcèlement était un problème, aujourd’hui cela persiste mais c’est moins courant » pense Jun. Les recrues apprennent les fondamentaux d’un soldat : tirer au revolver, jeter des grenades, se familiariser avec le matériel de manière générale. Un autre entraînement régulier pour les apprentis est de faire de longues marches en pleine nuit tout en étant équipé : « Lors de la guerre, nous nous sommes fait attaquer par les Nord-Coréens en pleine nuit, on nous apprend à être prêt à tout moment » commente-il.  

 

A l’issue de ces six semaines, les soldats sont envoyés dans leurs camps respectifs et endossent la fonction qui leur est attitrée pour le reste de leur service. 

 

Il arrivait assez souvent que les sirènes retentissent en pleine nuit, on devait se préparer très vite et se rendre sur les lieux, même si généralement c’étaient juste des civils qui essayaient de passer la frontière.

 

Un service militaire propre à chacun

Il existe une multitude de possibilités pour le soldat allant de mécanicien à cuisinier. Comme pour leur parcours, les jeunes hommes coréens choisissent leur métier. Certains emplois demandent une certification précise : pour être chauffeur il faut avoir son permis de conduire, pour être médecin il faut avoir fait six années d’études de médecine. Le quotidien d’un soldat est assez différent en fonction de son rôle. Par exemple, celui de médecin est jugé assez confortable. Hyungmin, 28 ans, ainsi qu’une grande partie de sa promotion de médecine comptent postuler en tant que tel pour leur futur service militaire : « On passe toute la journée à l’ombre sous une tente. Pour les consultations, soit nous prescrivons des médicaments, soit nous envoyons les soldats à l’hôpital. Nous ne les soignons pas nous-mêmes », confie-t-il. D’autres jobs sont jugés plus difficiles, mécanicien par exemple : « C’était assez dur car les installations sont très conséquentes avec des fonctionnements complexes » soupire Kyohyun*, 25 ans, qui s’occupait d’antennes téléphoniques. 

 

Le rythme de vie dépend aussi du lieu d’affectation. Ceux qui sont envoyés tout près de la frontière nord-coréenne ont un emploi du temps plus aléatoire que les autres : « Il arrivait assez souvent que les sirènes retentissent en pleine nuit, on devait se préparer très vite et se rendre sur les lieux, même si généralement c’étaient juste des civils qui essayaient de passer la frontière. » raconte Jun, ancien chauffeur chargé de transporter les soldats. Jany Woo, affecté à Seongnam dans la banlieue séoulite avait un quotidien plus régulier, qu’il jugeait monotone. Les matins, il commençait à 9h, après s’être entraîné et avoir fait inspecter le matériel. Puis le jeune homme avait une pause déjeuner d’une heure et était libéré à 17h30. « J’étais chargé de neutraliser les objets aériens suspects au-dessus d’un aéroport. De tout mon service, je n’ai jamais assisté au vol d’un objet non identifié » 

 

En moyenne, les jeunes Coréens sont autorisés à sortir du camp un week-end toutes les six semaines. Ils peuvent également recevoir des visites. 

 

Jin de BTS pendant son service militaire
Jin de BTS pendant son service militaire

 

Comment se faire exempter du service militaire en Corée du Sud ?

Si ce service militaire est de fait obligatoire pour tous les hommes coréens, dans certaines situations, ils peuvent en être exemptés. Ceux considérés comme indisposés sur le plan physique (infirmes, asthme très prononcé), handicapés mentaux ou classés soutien de famille effectuent un service civique qui dure 21 mois. Il peut s’effectuer en travaillant dans l’administration, dans des hôpitaux, ou encore des instituts d’étudiant. C’est le cas de Jun dont la pression artérielle trop basse lui causait des évanouissements pendant l’entrainement : « J’ai été diagnostiqué en plein service, on m’a transféré dans un institut d’étudiants. J’y donnais des cours et je m’occupais de l’entretien des locaux ».

 

Les artistes et sportifs récompensés lors de compétitions mondiales peuvent bénéficier d’une exemption. Ces événements doivent faire partie des listes officielles des fédérations internationales d’art et de sport, elles-mêmes devant être reconnues par le « Military Manpower Administration » (MMA) de Corée du Sud. Dernièrement, « BTS », le boys band qui a décroché pendant 6 années consécutives le Golden Disc Awards n’a pas pu bénéficier de cette exemption, la cérémonie n’étant pas reconnue par le MMA. Jin a ainsi été le premier membre du groupe à partir faire son service.  

 

Dans d’autres circonstances, les Coréens binationaux peuvent ne pas se présenter à leur service militaire. Si le droit du sol est appliqué dans ledit pays, les hommes coréens nés à l’étranger sont binationaux jusqu’à leurs 18 ans. A cet âge-là, un choix se présente à eux : conserver leurs deux nationalités à condition d’effectuer leur service militaire coréen, ou ne pas s’y présenter et renoncer alors à la nationalité coréenne. Sungbo, 24 ans, « coréano-américain » né à Colombus a choisi la première option : « J’avais pour projet de m’installer en Corée du Sud, il était donc préférable pour moi de garder ma nationalité coréenne ». 

 

Mais que se passe-t-il si on refuse le service militaire ?

Les quelques personnes qui refusent de se présenter au service militaire sont affectés de force aux travaux généraux ou écopent d’une peine de prison qui peut aller jusqu’à 18 mois.  

 

 

* les prénoms ont été modifiés 

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