Pour les 25 ans de L’Ecole du Monde, le fondateur et ancien producteur à succès, Charles Gassot, revient sur son ONG et détaille ses ambitions.
Le producteur à succès, Charles Gassot, s’est installé en 1998 à Madagascar pour créer l’ONG L’Ecole du Monde. Pour fêter les 25 ans de l'organisme, c’est à Paris, capitale de ses anciens succès, qu’il conte avec ses grandes lunettes jaunes et son thé à la main, l’expérience de sa vie.
La vie est un long fleuve tranquille d’Étienne Chatiliez, Un air de famille et le Goût des autres, d'Agnès Jaoui et de Jean-Pierre Bacri... Après avoir été producteur à succès de films français, pourquoi être parti à Madagascar pour fonder l’ONG École du Monde ?
Lors de la réalisation d’un film à Madagascar en 1995, la pauvreté était présente partout et à chacun de mes pas. L’envie d’aider et de créer m’est alors venue. C’est trois ans plus tard qu’éclot L’Ecole du Monde. Au début, nous construisions des puits d’eau dans les villages malgaches et c’est petit à petit que nous nous sommes dirigés vers l’éducation.
Cette année, votre ONG L’École du monde fête ses 25 ans. Quel bilan tirez-vous ?
Difficile pour moi de répondre à cette question, tant cette expérience est celle d’une vie. Nous avons développé en 25 ans quinze écoles, allant de la primaire jusqu’au lycée. Nous avons fait appel à de prestigieux architectes comme Jean-Paul Viguier. Nous avons exigé l’excellence et le respect. Je voulais que les Malgaches comprennent que L’Ecole du Monde les aide au mieux, pour concrètement leur donner un avenir. Les parents sont censés payer un demi euro symbolique, en échange, nous assurons une qualité d’éducation. S’ils n’ont pas le niveau, ils peuvent redoubler.
Nous avons aussi rapidement compris que les enfants n’ont pas les mêmes besoins qu’en France, les matières étudiées sont donc différentes. Des cours d’astronomie, d’agriculture sont par exemple proposés.
Pouvez-vous nous parler de votre nouveau projet d’école conçu par l'architecte Jean-Paul Viguier à Besely, à 40 km de Mahajanga ?
Besely s’inscrit dans la continuité des autres écoles. C’est presque un campus. Nous ne nous limitons pas sur nos sites à un simple établissement scolaire. Il y a des locaux pour loger les élèves et les professeurs. La wifi et l’eau sont aussi présentes, il y a même des ordinateurs. Nous tentons de répondre au mieux aux attentes d’excellences de nos intervenants, dans un pays en difficulté.
Pourquoi l’avenir de Madagascar passe-t-il selon vous par l’éducation ?
L’avenir de Madagascar passe par l’éducation, par l’eau, par l’envie de rester et d’aider son pays de sang. Mon ami Pierre Léna, grand astrophysicien français, m’avait confié que pour le bon développement d’un pays, il lui faudrait des scientifiques. Nous avons donc ouvert une classe d’astronomie dès le collège. Nous travaillons régulièrement avec des sociétés qualifiées et employons des spécialistes. Je veux être innovant, créer et donner les clés de la réussite aux élèves de L’Ecole du Monde. La relève, c’est leur génération, pas la mienne.
L’éducation est encore impactée par le Covid-19, en France, comme ailleurs. Comment votre organisme procède-t-il dans la gestion de cette crise sanitaire à Madagascar ?
Nous avons aidé à la vaccination dans certains villages, mais nous ne sommes pas l'État. Pour le reste, nous gérons comme nous le pouvons. Le Covid-19 m’a cependant conforté dans l’idée que l’avenir serait la wifi. Les zooms pour les classes confinées sont réalisables en métropole mais pas à Madagascar. En revanche, au sein de L’Ecole du Monde, il peut y avoir des professeurs venant du monde entier. C’est vers cela que mon ONG, si j’ose dire, aspire.
À l’aube de l’année 2022, quels pourraient-être vos futurs projets ?
Vous imaginez combien il est de projets envisageables dans un pays en difficulté. Rationnellement, j’aimerais la venue d’infirmières qualifiées au sein de ces établissements. Pourquoi pas plus tard construire des universités. En attendant, l’objectif de cette ONG n’est autre que d’amener ces établissements vers l’autonomie. J’aimerais que les Malgaches n’aient un jour plus besoin de mes services. Contrairement aux films que j’ai réalisé, je ne veux pas qu’il y ait de mot de fin.