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Bangladesh : les étudiants veulent poursuivre leurs manifestations et remettent en cause le pouvoir

Le principal groupe d'étudiants qui a lancé les manifestations au Bangladesh a affiché dimanche son intention de poursuivre le mouvement pour dénoncer les quotas de recrutement dans la fonction publique malgré l'assouplissement du système annoncé par la Cour suprême.

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Écrit par AFP
Publié le 21 juillet 2024, mis à jour le 22 juillet 2024

Les étudiants bangladais ont décidé de poursuivre leurs manifestations, qui ont fait 155 morts, demandant désormais jusqu'à la démission de la Première ministre Sheikh Hasina, malgré l'assouplissement dimanche d'un système contesté d'accès aux emplois publics.

La Cour suprême a en effet revu à la baisse les quotas pour le recrutement dans la fonction publique, sans toutefois les abolir, après que leur réintroduction en juin a déclenché ce vaste mouvement de protestation qui a donné lieu cette semaine aux pires violences au Bangladesh depuis que Mme Hasina est arrivée au pouvoir il y a 15 ans.

"Nous n'arrêterons pas nos manifestations tant que le gouvernement n'aura pas pris une décision prenant en compte nos revendications", a déclaré sous couvert d'anonymat à l'AFP un porte-parole de l'association Students Against Discrimination, un des principaux groupes à l'origine de la contestation.

Les organisateurs de ces rassemblements, quasi-quotidiens depuis début juillet, avaient au départ pour unique exigence une révision des règles prévalant au pourvoi des emplois publics.

Mais avec le durcissement de la réaction des forces de l'ordre, qui ont tiré à balles réelles samedi dans la capitale Dacca, c'est désormais la fin du mandat de la cheffe du gouvernement que réclament des dizaines de milliers de jeunes Bangladais.

- Assouplissement des règles -

Des soldats patrouillent dans plusieurs villes et une coupure d'internet à l'échelle nationale limite considérablement depuis jeudi le flux d'informations vers le monde extérieur.

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La Cour suprême devait au départ se prononcer en août sur la légalité du système remis en vigueur le mois dernier par une juridiction inférieure qui réserve plus de la moitié des emplois publics à des candidats sélectionnés.

Mais elle a avancé la date de son jugement à la suite de l'intensification des violences entre étudiants et policiers, jugeant dimanche "illégale" la réintroduction de ces quotas à l'embauche, a dit à l'AFP le procureur général du Bangladesh, A.M. Amin Uddin.

Shah Monjurul Hoque, un avocat impliqué dans l'affaire, a expliqué à l'AFP que la Cour suprême avait également demandé aux étudiants protestataires de "retourner en classe".

Dans leur décision, les juges ont fortement réduit le nombre des postes ainsi réservés, qui est passé de 56% à 7% du total.

Dorénavant, seuls 5% de tous les emplois publics sont octroyés d'office aux enfants des "combattants de la liberté" de la guerre de libération du Bangladesh contre le Pakistan en 1971, contre 30% auparavant.

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En outre, 1% sont réservés aux communautés tribales et 1% aux personnes handicapées ou non binaires.

Les 93% restants seront désormais attribués au mérite, ont tranché les juges.

La catégorie des "combattants de la liberté", en particulier, suscite le mécontentement des jeunes diplômés, beaucoup affirmant qu'elle est utilisée pour attribuer des postes dans la fonction publique à des personnes loyales à la Ligue Awami, la formation politique au pouvoir.

- "La démission du gouvernement" -

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Maintenant, "nos revendications portent sur un seul point, à savoir la démission du gouvernement", a confié à l'AFP Hasibul Sheikh, qui est à 24 ans propriétaire d'une entreprise, sur les lieux d'une manifestation organisée samedi à Dacca malgré le couvre-feu instauré dans tout le pays.

Sheikh Hasina, âgée de 76 ans, dirige le Bangladesh depuis 2009 et son parti a remporté ses quatrièmes législatives consécutives en janvier, à l'issue d'un scrutin sans réelle compétition.

Son gouvernement est accusé par les défenseurs des droits humains d'user abusivement des institutions de l'Etat pour asseoir son emprise et éradiquer la dissidence, en particulier par l'assassinat extrajudiciaire d'opposants.

afp

La Première ministre devait quitter son pays dimanche pour une tournée diplomatique en Espagne et au Brésil mais elle y a finalement renoncé en raison des violences.

La police a par ailleurs arrêté plusieurs membres du parti nationaliste du Bangladesh (BNP), la première formation d'opposition, et de Students Against Discrimination.

Le ministre bangladais de l'Intérieur, Asaduzzaman Khan, a quant à lui dit à l'AFP que le couvre-feu imposé samedi serait maintenu "jusqu'à ce que la situation s'améliore", des bâtiments gouvernementaux et des postes de police ayant notamment été incendiés par les manifestants.

L'Inde et le Népal ont annoncé dimanche qu'ils aidaient au retour chez eux de leurs citoyens, tandis que l'Allemagne, comme les Etats-Unis la veille, a déconseillé à ses ressortissants de se rendre au Bangladesh.

"Il faut s'attendre à (...) une détérioration de la situation" dans ce pays, a à cet égard averti en fin de journée le ministère allemand des Affaires étrangères.

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Publié le 21 juillet 2024, mis à jour le 22 juillet 2024
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