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Nouveau rapport du GIEC : les solutions proposées pour un « avenir vivable »

Manifestation pour le climat, Fridays for future Manifestation pour le climat, Fridays for future
Écrit par Natacha Marbot
Publié le 7 avril 2022, mis à jour le 14 avril 2022

C’est maintenant ou jamais pour rétablir la barre du changement climatique. Le GIEC dans son dernier rapport propose des solutions pour réduire au minimum les impacts du changement climatique, et cela passera par de véritables bouleversements sociétaux.

 

Nous nous trouvons à la croisée des chemins. En prenant les bonnes décisions aujourd’hui, nous pouvons garantir un avenir vivable. 
Le président du GIEC, Hoesung Lee

 

Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié ce lundi 4 avril 2022 le dernier volet de son sixième rapport d’évaluation. Quand l’opus précédent se concentrait sur les effets - irréversibles - du changement climatique, ce dernier détaille cette fois des solutions envisageables et des pistes à mettre en place pour limiter le réchauffement climatique et ses impacts déjà dévastateurs.

 

Températures mondiales en avril 2022

 

Ne reste-il que 3 ans pour agir ?

Avant de passer aux solutions, le GIEC revient sur quelques éléments primordiaux pour saisir l’enjeu de la crise et la pertinence du rapport. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont été plus élevées les dix dernières années qu’au cours de toutes les décennies précédentes. Le principal coupable : le CO2 issu des énergies fossiles et de l’industrie.

 

Globalement, les pays signataires de l’Accord de Paris n’ont pas respecté leurs objectifs, ce qui entrainera un hausse des températures de plus de 1,5C° au cours du siècle, alors même qu’il s’agissait de la limite de l’accord. Pour rattraper le tir, il faudrait que les pays atteignent le pic d’émissions de GES entre 2020 et 2025.

 

Si depuis le début de la semaine on lit « Il reste trois ans à l’humanité pour agir », les experts précisent qu’il n’est en réalité jamais trop tard pour commencer à agir : il n’existe pas de véritable seuil au delà duquel il serait inutile de mettre en place des actions. Les experts du GIEC proposent un bouquet d’options mobilisables collectivement pour réduire les émissions mondiales. Le rapport se structure en 17 chapitres que nous allons vous résumer.

 

Smog (pollution atmosphérique) au dessus de Shanghai

 

Transformer le secteur de l’énergie, c’est un tiers d’émissions évitées

Le secteur des énergies est responsable d’un tiers des émissions de GES, il est nécessaire de le réformer. Premier chiffre important : la consommation de charbon doit diminuer de 76% avant 2030 et disparaître pour 2050. Pour cela, le GIEC propose deux options : remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables (éolien ou solaire par exemple) ou les remplacer par une combinaison des énergies fossiles et de techniques de capture du carbone.

Ces techniques peuvent être naturelles - faire pousser des forêts, ou artificielles. On parle alors de Captage et stockage du CO2 (CSC) : cela consiste en la capture de CO2 directement sur des installations polluantes, de son transport par véhicule ou pipeline, puis de son stockage dans le sous-sol terrestre (fond des océans, dans la couche minérale). Cette technique de captation de CO2 n’est pas magique, sans risque et suffisante, mais constitue une piste que le GIEC préconise en complément des autres.

 

Une usine de laquelle émane des gas à effet de serre

 

Recyclage, lutte contre le gaspillage: les efforts possibles du secteur industriel

Le secteur de l’industrie peut, pour le GIEC, atteindre zéro émission nette en mettant en place quelques mesures phares. Il faudrait éviter le gaspillage d’énergie et de matière première, favoriser le recyclage et l’économie circulaire qui consiste à utiliser les déchets d’une industrie comme matière pour une autre. Enfin, le rapport incite les industries à s’intéresser aux alternatives au matières premières (principalement des déchets et des matières issues du recyclage).

 

Singapour, ville arborée du futur

 

Arborer et fleurir les villes, c’est aussi améliorer le climat

Les villes sont aussi concernées par le rapport car elles combinent plusieurs types d’émissions : bâtiment, consommation, transport… ainsi le GIEC préconise un urbanisme plus durable et résilient, en jouant sur les leviers de la rénovation, de l’isolation et de la remise en service des bâtiments inutilisés. Les villes gagneraient aussi à créer plus de surfaces végétalisées et des zones humides : par exemple des parcs avec des mares ou des étangs, qui permettent à la fois de capturer du carbone directement dans les villes et d’avoir des réserves de biodiversité. Enfin, le levier clé de l’électrification des moyens de transports et de toutes les activités urbaines est appuyé par le comité d’experts.

 

Un avion dans le ciel

 

Prendre l’avion sera bientôt un dilemme écologique

L’utilisation des transports est autant, voire plus, à modifier que les énergies employées selon le GIEC. Ce secteur est responsable d’un quart des émissions de GES mondiales. Il faut ainsi réfléchir aux modes de transport : moins prendre l’avion, préférer les mobilités douces, la marche, le vélo, les transports en commun, les voitures électriques, le covoiturage… Le GIEC incite aussi au télétravail s’il permet d’éviter l’utilisation de transports polluants. Afin de faciliter la transition de certains transports (aviation, marchandises) à l’émission zéro nette, le GIEC propose l’utilisation de biocarburants ou de l’hydrogène.

 

Graphique du GIEC sur l'empreinte carbone de l'élevage

 

Moins de bétail, plus de forêts et plus d’étangs : le paysage de la campagne du futur

L’usage des terres (agraires ou non) est primordial dans la lutte contre le changement climatique. Une meilleure gestion des terres pourrait à la fois permettre de réduire les émissions de GES et d’en absorber d’autant plus. Sur ce sujet, le constat est clair : il faut réduire l’élevage qui est responsable de 14,5 % des émissions. Toute la chaîne de l’élevage pollue : le défrichement des forêts réduit la captation et libère du CO2, le bétail rejette du méthane, les pâturages dégradent et érodent les sols. La libération de certaines de ces terres permettrait de restaurer des zones d’écosystèmes naturels intenses : forêts, zones humides, savanes… et ainsi créer de nouveaux puits de carbone.

 

 

Alimentation, vacances,... notre quotidien doit changer

La réduction de l’élevage ne peut avoir lieu qu’avec le concours des populations, et la volonté de changer les modes de consommation. La notion maîtresse de ce rapport : la sobriété. Il s’agit donc de choisir volontairement dans son quotidien les gestes sobres : manger moins de viande, moins prendre les transports polluants, télé travailler, isoler sa maison … Il est également primordial de lutter contre le gaspillage alimentaire chez les ménages. Chaque année en France, près de 10 millions de tonnes de nourriture consommable sont gaspillées, soit l'équivalent de 150kg par habitant et par an.

 

 

Nous implorons les citoyens d'écouter les scientifiques, de lire le rapport du GIEC, de prendre le message à coeur et de faire partie des personnes qui vont provoquer le changement.
Autrement, on n'y arrivera jamais. 

Autrice principale du 6ème rapport du GIEC, Julia Steinberger 

 

L'acception sociale, essentielle pour la planète

Les experts du GIEC rappellent l’importance du rôle des Etats et des institutions, notamment dans la mise en place de « l’acceptation sociale », de règles, mesures et lois pour faciliter le changement rapide. Enfin, même si le rapport du GIEC n’est pas un programme politique et n’a pas à justifier de budget, il rappelle que les coûts à engager pour parvenir à réduire le réchauffement seront moins importants que ceux qui devront être établis si la hausse des températures est supérieure à l’objectif des 1,5C°. Mieux vaut donc agir tant qu’il en est encore temps.