A l’occasion du lancement du site IFdigital et de Novembre Numérique à Paris et dans le monde, nous sommes allés à la rencontre d’Erol Ok. Le directeur général de l’Institut Français nous présente ce nouvel outil de promotion et diffusion des acteurs de la création numérique française et les enjeux pour le rayonnement français dans ce secteur d’avenir.
Pouvez-vous nous parler de la nouvelle plateforme IFdigital ?
Le site IFdigital a pour but de mettre en avant le meilleur des productions et des professionnels français du secteur de la création numérique, que ce soit par exemple de la réalité virtuelle et augmentée, de l’art numérique, de la web création, du jeu vidéo, de la médiation numérique ou encore du livre innovant.
Le fondement d’IFdigital est également de mettre cet outil au service de l’export. Nous voulons soutenir nos créateurs et nos industries, comme nous le faisons déjà depuis plusieurs années en développant des actions au service de ce secteur, en particulier pour soutenir son essor à l’international. Nous contribuons aussi à structurer le secteur en France en soutenant l'émergence de nouveaux talents et en les mettant en relation avec des professionnels étrangers. Nous jouons également un rôle d’appui à la diffusion internationale de ces oeuvres, en mettant à contribution notre réseau culturel à l’étranger, unique au monde par son maillage comme par l’expertise de ses agents, qui joue un rôle essentiel de relais dans chacun des pays où nous sommes présents.
Les quatre grands objectifs d’IFdigital sont donc de renforcer la visibilité internationale du secteur français de la création numérique, d’être un levier de diffusion et de programmation en soutenant l’export, d’encourager la structuration et la coopération entre acteurs français, et enfin de faciliter la mise en réseau de nos créateurs auprès d’homologues et de contacts professionnels étrangers.
Nous souhaitons mettre à disposition des ressources sur les différents champs de la création numérique contemporaine pour le faire connaitre, dans toute sa diversité et ses talents, aux professionnels de la culture du monde entier. Notre ambition serait qu’IFdigital devienne une référence dans le secteur de la création numérique et que nos partenaires étrangers aient le réflexe de s’y connecter. Notre plateforme est conçue en français et en anglais pour toucher un public le plus large possible. Nous voulons aider nos créateurs et professionnels français du numérique à mettre le pied à l’étrier de l’international.
Que peut-on retrouver sur IFdigital ?
IFdigital s’articule autour de trois volets complémentaires qui vont s’enrichir au fil du temps.
« Les créations » regroupe plusieurs centaines de fiches recensant les productions numériques françaises qui auraient a priori vocation à être diffusées à l’international. Ces fiches synthétiques décrivent ce que peut vivre le spectateur ainsi que les modalités et spécificités techniques, dans une logique d’exploitation, de programmation et de reprise.
« Les professionnels » est un annuaire développé et détaillé des acteurs français du secteur, que ce soit des individus (artistes, créateurs, professionnels) ou des structures (studios, producteurs, festivals ou encore organismes professionnels). C’est une manière de faire connaitre tout l’écosystème de la création numérique et pas uniquement les acteurs les plus connus.
« La sélection » est une version éditorialisée du catalogue pour faire découvrir les différentes créations par thématiques ou sujets d’actualité. Cela permet de faciliter le travail du programmateur et de lui apporter des propositions packagées et conçues par des partenaires du réseau.
En quoi la création numérique française est-elle importante pour le rayonnement de la France à l’international ?
La création numérique est un secteur d'excellence en France, très souvent primé dans des compétitions ou sélections internationales, mais pas nécessairement reconnu dans toutes ses dimensions. Nous avons envie de le faire connaitre davantage. Nous voulons ainsi faire aussi découvrir des acteurs moins connus, comme des startups très innovantes et de plus petits studios. La création française, qu’elle soit numérique ou non, a un énorme potentiel.
La France possède de nombreux atouts à l’étranger en termes d’image mais celle-ci repose essentiellement sur des secteurs culturels traditionnels : ce sont là des atouts indéniables, qu’il faut continuer à valoriser, mais nous voulons montrer que la création à la française passe aussi par des formats modernes et innovants, à même de renouveler l’image de la France en touchant notamment des publics plus jeunes, qui ne sont pas forcément nos publics traditionnels. C’est fondamental, car cela permet d’intéresser ces publics nouveaux à la culture et à la langue françaises en général. On touche ainsi aussi des publics parfois éloignés des lieux de culture, géographiquement ou socialement. Ce projet est donc ancré dans nos missions fondamentales : soutenir à l’international les créations françaises et faciliter le dialogue entre les cultures et les publics.
Est-ce que l’expertise française en matière de numérique est assez reconnue à l’international ?
Il y a une vraie reconnaissance de la qualité des oeuvres françaises. La création numérique française est reconnue dans les festivals, les salons et les lieux culturels mais peut-être moins du grand public. Nos écoles spécialisées sont très bonnes et sont connues pour la qualité de leur formation. Les fonds de soutien et les aides permettent également d’avoir un écosystème propice à la qualité et à la variété des acteurs français, c’est un point fort des politiques culturelles en France. En termes de structures, les grands acteurs de ce secteur sont plutôt bien identifiés à l’international mais c’est encore sans doute moins le cas des acteurs de taille plus modeste.
Le climat est donc propice à la création numérique, qui est un secteur d’avenir, par essence très international mais pour cela aussi potentiellement très concurrentiel. La France doit investir pour consolider son avance, et c’est d’ailleurs ce qu’elle fait avec le volet consacré aux contenus culturels et créatifs du plan d’investissement « France 2030 » annoncé par le gouvernement et le Président de la République. Tous les acteurs publics et privés se mobilisent. L’initiative IFdigital est une manière de prendre part, à notre échelle, à cet effort.
L’Institut français lance également cette année son novembre numérique à Paris, en quoi consiste-t-il ?
Novembre Numérique, la fête internationale des cultures numériques, célèbre sa cinquième édition cette année. Nous souhaitions, pour la première fois, avoir un événement Novembre Numérique à Paris, du 24 au 29 novembre 2021, pour valoriser le lancement d’une part d’IFdigital et d’autre part de notre nouvelle exposition sur les cultures numériques Escape, voyage au cœur des cultures numériques, présentée à l’Alliance française de Paris. Nous l’avons conçu en collaboration avec différents lieux et institutions parisiennes, comme le Centre Pompidou, le Forum des Images, la BNF ou encore le Centre des monuments nationaux, qui tous sont actifs sur ces sujets. Chaque évènement reflète la variété de nos actions et nos partenariats dans ce secteur.
Novembre numérique reste un moment fort à l’international avec des événements en simultané dans 80 pays, dans les Instituts français et les Alliances françaises, ou bien avec des partenaires locaux. Les évènements sont très divers et mettent en lumière la réalité virtuelle, les arts numériques, le jeu vidéo ou encore le livre innovant, à travers des podcasts, des ateliers, des expositions, des spectacles ou encore des débats et tables rondes.
Ces thématiques et formats souvent attirants pour un public jeune sont, là aussi, autant d’occasions de faire entrer dans les lieux de notre réseau culturel français des publics qui n’en sont pas toujours familiers.
Le confinement a permis de développer une consommation culturelle à distance. Comment envisagez-vous l’avenir de la culture au sein des Instituts français ?
Dès le premier confinement, les Instituts français et les Alliances françaises ont fait évoluer leurs offres culturelle et linguistique. Nous nous sommes mobilisés à leurs côtés, et en lien étroit avec le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, pour faire vivre la culture et les cours via le numérique. Nous avions déjà des ressources culturelles en ligne, des plateformes de cinéma, des médiathèques… Nous avons continué à les alimenter. Nous avons aussi renforcé les formations dispensées dans le réseau en matière d’enseignement à distance et d’animation culturelle en ligne. L’idée était d’aider autant que possible nos lieux français de culture dans le monde à conserver un lien fort avec leurs publics, malgré la situation très difficile.
Dans de très nombreux cas, l’accent mis sur les cours en ligne et l’offre culturelle dématérialisée ont permis de conserver ces publics et même d’en toucher d’autres.
Notre réflexion, tout comme celle de nos collègues du réseau diplomatique culturel, se porte aujourd’hui sur l’après-crise et les modalités pour conjuguer événéments physiques et en ligne.