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Films d’animation français : les recettes d’un succès planétaire

Image tirée du film d'animation: Le Petit PrinceImage tirée du film d'animation: Le Petit Prince
Le Petit Prince de Mark Osborne
Écrit par Thibault Segalard
Publié le 15 août 2021, mis à jour le 16 août 2021

La France fait figure de modèle dans le secteur des films d’animation. Entre écoles renommées, succès au box-office et exportation dans le monde entier, les studios et les talents français ont plus que jamais le vent en poupe.

 

Le secteur de l'animation française ne s’est jamais aussi bien porté. Au gré des années les cartons tricolores au box-office se sont enchainés, avec notamment : Le roi et l’Oiseau (1980), Kirikou et la Sorcière (1998), Les triplettes de Belleville (2003), Arthur et les minimoys (2006), Persepolis (2007), Le chat du Rabbin (2011), Ma Vie de Courgette (2016) et bien d'autres. Autant de succès qui ont forgé la réputation de la France dans le monde des films animés.

 

Persepolis
Persepolis de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi

 

La France est le troisième pays au monde le plus influent dans cette industrie juste derrière les Etats-Unis et le Japon et occupe la première place européenne (40% de la production en Europe). L’animation est donc devenue un genre qui compte et les studios français savent comment le sublimer. Grâce à notre savoir-faire, notre expérience et la qualité de notre formation, la France est plus que jamais sur le devant de la scène dans ce secteur.

 

«Notre culture fait notre réussite»

Qu’est-ce qui explique le succès de l’animation à la française ? «Ce qui fait le succès d’un film, c’est avant tout la qualité de son scénario. En France, avec notre ouverture culturelle et tout ce qui a fait notre histoire, nous avons l’imagination pour inventer des films toujours plus originaux», nous explique Stephane André, directeur de l’école Rubika, «de plus, nous étions dans les premiers à nous lancer dans ce secteur, donc naturellement, nous avons plus d’expérience».

 

Outre notre culture et notre savoir-faire, c’est notre modèle de financement qui nous démarque des autres pays dans ce secteur. Aux États-Unis, les films sont financés par de grandes sociétés de production qui ne s'intéressent que par les profits engendrés. Les films sont ainsi réalisés tous avec la même recette et ont pour objectif de rapporter le plus d'argent possible. En France, grâce aux aides du compte de soutien à l’industrie des programmes audiovisuels (COSIP), les studios, même les plus modestes, ont la possibilité de produire des films. Ils sont donc moins orientés vers le marketing et peuvent créer des oeuvres plus artistiques et moins conventionnelles.

 

Des films d’animation français qui s’exportent à l’international

Cette année encore, l’animation française a cartonné dans les festivals étrangers. L’extraordinaire voyage de Marona d’Anca Damian a été élu par l'Européan Children Films Association, Navozande, le musicien de Réza Riàhi a remporté le prix du meilleur court-métrage au festival du film Tribecca ou encore Même les souris vont au paradis de Denisa Grimmovà & Jan Bubenicek s’est offert prix du meilleur long-métrage d’animation du Festival international du film de Shanghai. En 2020, 59 films ont reçu un prix ou une mention spéciale, preuve de l’engouement étranger pour les productions françaises.

 

 

Les recettes des films d’animation français sont en constante progression et cette industrie emploie plus de 6.000 personnes en France d’après le Centre National du Cinéma (CNC). Selon les derniers chiffres d’UniFrance, en 2020, la part de l’animation dans le pourcentage des entrées des films français à l’étranger est passée de 10% en 2011 à 16% en 2020. Malgré la pandémie de Covid-19 qui a ravagé le monde de la culture, le secteur de l’animation française, lui, semble être imperturbable et a encore augmenté de 12% par rapport à 2020. À tel point que les plus grandes plateformes de streaming comme Netflix, Amazon et Disney+, commencent à lorgner sur nos studios.

 

La presque totalité des films animés sont exploités à l’international, en moyenne 16 productions sont distribuées à l’étranger par an. Sur la période de 1995 à 2019, l’animation française représentait 95 films exportés et plus de 74,4 millions d’entrées. Les studios, malgré leurs succès, ne s’occupent pas de la distribution de leurs films, comme nous l’explique Blue Spirit, les créateurs de Ma vie de Courgette en 2016, «en tant que studio, nous nous occupons uniquement de la partie film. Ce sont les sociétés de productions qui s’occupent d’exporter les films dans chaque pays en corrélation avec des distributeurs. Bien entendu, nous sommes heureux de voir que nos films marchent dans le monde entier, comme Ma vie de Courgette qui a fait 230.000 entrées à l’international et quasiment 5 millions d’euros de recettes».

 

Le succès de la formation française dans l’animation

Les talents français s’exportent également à l’international… et ils s’exportent bien. La «French Touch» s’arrache à tel point qu’il est presque impossible de trouver un studio d’animation étranger sans talent français. Chez les plus gros producteurs comme DreamWorks ou Pixar par exemple, les anciens des Gobelins ou de Rubika sont légion. Mais comment expliquer cet engouement pour les talents tricolores ? Pour Stéphane André, président de l’école Rubika Valenciennes, le succès de la formation française se détermine en deux points : «Nous formons les étudiants sur quasiment tous les métiers de l’animation, il y en a 40. Par exemple, en Chine, les étudiants sont formés pour un métier spécifique, donc ce sont des formations courtes de 5 à 6 mois. Nos cursus durent 5 ans et même si chaque élève a une spécialité et une appétence particulière, ils connaissent tous les rouages du milieu, c’est ça notre principal atout». Le directeur valenciennois poursuit en affirmant que les écoles ont des accords avec beaucoup de studios étrangers comme Dreamworks ou Framestore, et que «plus de 50% des étudiants vont effectuer leurs stages à l’international».

 

Stephane André debout devant ses étudiants
Stéphane André, président de l’école Rubika Valencienne avec des élèves

 

Cependant, malgré le vivier de talents que possède la France, la production nationale, certes de qualité, peine à suivre la cadence imposée par les Netflix et autres Disney+. Depuis 2011, Illumination MacGuff, le plus important studio français, est même devenu une filiale d’Universal Pictures. La France aura-t-elle la capacité à perpétuer sa production au niveau national et conserver son indépendance et sa patte si singulière ? Rien n’est moins sûr, puisqu’entre la fuite de nos talents vers les gros studios à l’international, le coût de réalisation des films en constante augmentation et le rachat des studios français par des sociétés de production étrangères, les films d’auteur qui sont produits dans l’Hexagone pourraient bien être en danger.

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