Si la mobilité étudiante internationale est aujourd’hui très valorisée, il n’en reste pas moins qu’un diplôme délivré à l’étranger nécessite parfois une reconnaissance officielle lorsque vous changez de pays. Université ou employeur peuvent en effet exiger une attestation de comparabilité de votre diplôme étranger pour poursuivre votre parcours en France. Vers qui vous tourner dans ces cas-là ?
Entretien avec Redouane El Alami (Responsable de la région Amérique et Europe) et Martin Beyer (Directeur) du Centre ENIC-NARIC France*, rattaché à France Education international.
Oui, un Français titulaire d’un diplôme étranger est aussi concerné par la question
Quel type de public fait le plus souvent appel à vos services ? Un Français possédant un diplôme étranger est-il aussi concerné par la question ?
Nous avons eu en 2023 plus de 60.000 demandes de reconnaissance de diplômes – soit une augmentation de près de 20% par rapport à 2022. Il s’agit de personnes des quatre coins du monde, et tout particulièrement du continent africain.
Ce sont notamment des personnes qui viennent travailler ou poursuivre leurs études en France. Un établissement d’enseignement ou un employeur peut, dans ce cadre, leur demander une attestation lui permettant de comprendre à quel niveau d’études, sur le cadre national des certifications professionnelles, correspond le diplôme dont ces personnes sont titulaires.
Nous avons très souvent affaire à des demandes de reconnaissance de diplômes de fin de secondaire, du secteur professionnel (équivalent du BEP et du CAP français). Nous devons aussi se prononcer sur des équivalences de diplômes étrangers des cycles Licence-Master-Doctorat. Oui, un Français titulaire d’un diplôme étranger est aussi concerné par la question si son employeur en France, par exemple, souhaite une confirmation de comparabilité dans le système français qui lui est plus familier.
Comment se déroule concrètement ce processus de reconnaissance ?
La demande d’une attestation de diplôme est dématérialisée et se fait en ligne. Une fois le dossier jugé recevable (conformité des pièces justificatives), nos évaluateurs procèdent à la phase d’instruction du dossier.
A l’ENIC-NARIC France, il y a trois responsables de zones accompagnés de plusieurs chargés de coopération internationale (pays arabophone ; Afrique subsaharienne, Amérique du nord, Asie-Océanie ; Amérique latine et Europe).
Notre connaissance du système académique de ces différentes régions du monde nous permet d’émettre un avis sur les diplômes délivrés dans ces pays et de fournir une attestation de comparabilité lorsque le diplôme a bien été obtenu et une attestation de reconnaissance d’études et/ou de formation lorsque le diplôme n’a pas été obtenu.
La reconnaissance de diplôme n’est-elle pas facilitée au sein des pays européens ?
Il existe effectivement une procédure en faveur de la reconnaissance mutuelle automatique des diplômes de l’enseignement secondaire et supérieur de deuxième cycle.
Elle est préconisée par le Conseil de l’Union européenne, en particulier pour les pays de l’Espace européen de l’enseignement supérieur (l’EEES), mais elle n’est pas encore effective partout. L’objectif est peu à peu de rendre ce processus plus fluide au sein de l’EEES et on y travaille, notamment avec un tour de France de la reconnaissance automatique (RA). Il s’agit d’un tour des universités françaises dans le but de discuter de la mise en place de cette RA au niveau des procédures d’admission. Cette RA est pour l’instant concentrée sur le domaine académique. De notre côté, on ne devrait intervenir que pour des régions du monde dont le système éducatif nous est moins familier ou pour des cas plus complexes.
Parfois un établissement peut être reconnu mais il peut délivrer un diplôme qui n’est pas accrédité.
Dans quels cas une reconnaissance de diplôme est-elle justement particulièrement complexe ?
Les deux critères les plus importants, c’est d’abord le fait que ce diplôme soit lui-même reconnu dans le système éducatif d’origine et que cela ait été fait par un établissement habilité. Nous nous fions précisément au statut de l’établissement dans le pays d’origine. S’il n’est pas reconnu, nous ne pouvons pas établir de comparabilité. Parfois un établissement peut être reconnu mais il peut délivrer un diplôme qui n’est pas accrédité. Dans ces cas non plus nous ne pouvons pas établir de comparabilité.
Les reconnaissances les plus complexes vont concerner les diplômes très anciens pour lesquels il est difficile de trouver des informations. Cela peut aussi poser problème quand les diplômes sont délivrés dans des régions «disputées» ou dans des pays qui ne sont pas reconnus par la France.
Il est à noter qu’on ne peut pas effectuer la reconnaissance de diplômes de professions réglementées (par exemple du domaine médical). Les personnes concernées doivent plutôt se tourner vers le guichet des qualifications qui s’occupe de ces aspects professionnels.
Les reconnaissances les plus complexes vont concerner les diplômes très anciens pour lesquels il est difficile de trouver des informations.
Comment fonctionnent les autres centres ENIC-NARIC dans le monde ?
Exactement de la même manière que nous. Un Français titulaire d’un diplôme en France et souhaitant travailler en Allemagne pourra s’adresser à nos collègues du pays afin que ces derniers lui fournissent une reconnaissance de diplôme si son employeur allemand, par exemple, lui en demande une.
Nous travaillons en étroite collaboration avec les différents Centres ENIC-NARIC dans le monde. En cas de doute sur un diplôme, on peut toujours se tourner vers nos collègues des pays concernés et leur demander leur avis, de la même manière qu’ils peuvent s’adresser à nous s’ils ont du mal à évaluer un diplôme français !
Le Centre ENIC-NARIC de France Education International attire donc votre attention sur l’importance de la vérification préalable du statut du diplôme envisagé, avant de vous inscrire dans un établissement du supérieur. Il convient de s’assurer que l’établissement et le diplôme concerné sont officiellement accrédités dans le pays. Ceci facilitera la reconnaissance ultérieure du diplôme au niveau international, en cas d’un projet de mobilité d’études ou de recherche d’emploi à l’étranger, et évitera ainsi toute mauvaise surprise plus tard !
*ENIC-NARIC est l’acronyme pour « European Network of Information Centres – National Academic Recognition Information Centres », un réseau international constitué de 57 centres à travers le monde. Leur mission ? Aider à la compréhension des parcours académiques et fournir, après examen, une attestation de reconnaissance de diplômes étrangers.