L’Institut Technologique du Cambodge a accueilli les 20 et 21 juin la conférence « Laboratoire d’excellence en co-ingénierie des Agrosystèmes Durables (LEAD) ». Pour mettre en discussion la problématique de la culture rizicole cambodgienne et les mécanismes incitatifs qui permettent d’appuyer des pratiques agro-écologiques dans le domaine, Alexia Dayet, dans le cadre de son travail de recherche, a co-construit un théâtre-forum.
Un théâtre-forum permet de mettre en discussion des sujets qui peuvent être compliqués, puis de se détacher de la situation réelle, d’aborder des sujets difficiles comme le harcèlement, le changement climatique ou comme ici, à la situation rizicole cambodgienne, explique Alexia Dayet, doctorante du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).
Malyne Neang, l’animatrice de la pièce, débute son discours d’introduction avec joie et bonne humeur par « Aujourd’hui, nous allons avoir besoin de votre énergie. »
L’ambiance est chaleureuse. « Vous allez passer de spectateurs à spect-acteurs », annonce-t-elle. Les comédiens Alexia Dayet, Raphaëlle Ducrot, Sorith Hou, Jonathan Van Hanja, Jean-Christophe Castella et Nuth Tha, eux, s’installent sur scène.
Un problème, plusieurs solutions
Le travail de recherche d’Alexia Dayet porte sur les mécanismes incitatifs qui permettent d'appuyer des pratiques agro-écologiques plus durables, ici pour le riz, pour faire en sorte que les agriculteurs puissent peut être avoir accès à des pratiques plus vertes.
« Mon travail consiste à questionner ces mécanismes incitatifs », explique-t-elle. « Comment se sont ils mis en place? Qu' impliquent-ils ? Comment les acteurs travaillent-ils ensemble? Quel est leur impact sur le terrain? Permettent-ils aux agriculteurs d'avoir de meilleurs revenus? » développe-t-elle.
1,2,3 clap! La pièce commence. Les acteurs mettent en situation certains protagonistes du secteur rizicole. Deux fermiers, un économiste qui travaille sur le développement du pays, un investisseur, une scientifique et la représentante d’une organisation non-gouvernementale, se retrouvent confrontés au problème qu’est la production du riz sur au Cambodge et cherchent désespérément des solutions. Par quel biais? Les spectateurs.
De spectateurs à spect-acteurs
Membre du gouvernement, représentant des fermiers, investisseur, paysans… nombreux sont les rôles qu’ont pu jouer les membres du public. De facto, le théâtre forum permet de faire interagir le public avec les acteurs, mais pas que, de les faire jouer aussi! Quatre scènes, quatre situations. D’abord une interaction entre deux fermiers, puis une réunion, un tour des terrains rizicoles, et in fine, une autre visite des fermes 3 ans après. Les consignes sont claires : le public, après la première représentation, peut choisir d’incarner un rôle existant, de créer un nouveau rôle, d’inventer une nouvelle situation… tout cela pour rechercher des solutions au problème posé.
« Ici, on propose quand même une situation qui est assez verrouillée et bloquée » ajoute Alexia « Et ce n'est pas toujours le cas dans les pièces de théâtre-forum. On crée aussi de l'espoir. Après, il y a eu certains remplacements qui peuvent être plus porteurs d'espoir. On découvre qu’ il y a quand même des choses à approfondir, à creuser plus. Là sur la scène on voit vraiment plus le décalage entre les agriculteurs et les autres intervenants. Cela pointe la nécessité de plus de dialogue entre les intervenants. »
Après une heure et demie de représentation, vient le débriefing. Les spectateurs ont pu donner leur avis sur la pièce, les acteurs, la situation. Retours parfois positifs, parfois plus réalistes. `
« Au moins, nous avons une lueur d’espoir. Il y a des solutions! » Clôture Malyne Neang.
Une plateforme de partenariat entre différents laboratoires
Alexia et les membres de son équipe font tous partie du Laboratoire Mixte International (LMI), une plateforme de partenariat entre différents instituts de recherche. Ainsi, elle énumère les partenaires, parmi eux, l’ITC, la Royal University of Agriculture (RUA), le CIRAD et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).
Selon elle, l'idée du LMI est de créer des synergies entre les gens, les groupes de recherche sur certaines thématiques. « L'objectif est de sortir les chercheuses et les chercheurs de leur sillon disciplinaire et faire en sorte que sur les thématiques communes, dans un pays commun, ils croisent leurs regards. », complète Jean-Christophe Castella.
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