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La cathédrale de Phnom Penh se relève 50 ans après sa destruction

La future cathédrale Saint-Joseph de Phnom Penh, en construction depuis 2021, sera consacrée en novembre, près de 50 ans après la démolition de Notre-Dame par les Khmers rouges.

Photos Cathédrale Saint JosephPhotos Cathédrale Saint Joseph
Photo Manon Barbaste
Écrit par Lepetitjournal Cambodge
Publié le 4 avril 2025, mis à jour le 7 avril 2025

Une cathédrale pour tourner la page de l’histoire

Aux abords nord de Phnom Penh, les ouvriers s’affairent aux derniers travaux de la cathédrale Saint-Joseph, première église édifiée au Cambodge depuis la guerre civile déclenchée en 1967. Sa consécration est prévue en novembre 2025.

Le nouvel édifice, estimé à 3 millions de dollars, viendra remplacer l’ancienne cathédrale du Christ Roi, détruite brique par brique par les Khmers rouges il y a près d’un demi-siècle. Avec une capacité d’accueil de 700 fidèles, elle allie architecture khmère et style catholique traditionnel.

Héritage d’un passé violent

La destruction de l'ancienne cathédrale de Phnom Penh en 1975 s’inscrivait dans la politique de l’Année Zéro imposée par Pol Pot. Ce régime ultra-maoïste a causé la mort de près de 2,3 millions de Cambodgiens par la famine, les massacres et le génocide.

« La cathédrale était le plus beau bâtiment de Phnom Penh », rappelle l’historien Thierry de Roland Peel. « Elle a été rasée jusqu’aux fondations. Un acte de haine incompréhensible. »

Avant 1975, le Cambodge comptait environ 100 000 catholiques. Près de 40 000 auraient péri sous le régime khmer rouge. Au total, 73 églises ont été abandonnées et les terres de l’Église confisquées.

Une Église en reconstruction

Le retour des catholiques au Cambodge s’amorce en 1992 avec l’arrivée des Casques bleus de l’ONU. En 1993, l’ancien terrain du séminaire est restitué à l’Église, devenant le site de l’actuelle paroisse Saint-Joseph.

« Nous avons tout perdu : la terre, l’Église, le séminaire », explique le père Paul Chatsirey, curé de la paroisse. Depuis, les offices se tiennent dans l’ancienne école coloniale française du séminaire.

La réflexion autour d’un nouveau lieu de culte débute en 2019. Le chantier démarre en 2021, financé par les catholiques du Cambodge, de Thaïlande, du Vietnam et le soutien de la Société des Missions Étrangères de Paris (MEP).

Une cathédrale plus modeste, mais symbolique

La future cathédrale Saint-Joseph, bien que de capacité réduite comparée à l’ancien Christ Roi — qui pouvait accueillir jusqu’à 10 000 personnes —, est jugée suffisante pour répondre aux besoins actuels des fidèles.

Le bâtiment pourra accueillir 700 paroissiens, installés sur des bancs en bois et non des chaises en plastique, précise le père Chatsirey. La communauté catholique cambodgienne compte aujourd’hui environ 25 000 membres répartis sur 107 paroisses.

Mémoire et transmission

La consécration de la cathédrale interviendra alors que le Cambodge commémorera les 50 ans de la chute de Phnom Penh aux mains des Khmers rouges. D’autres cérémonies se tiendront au Vietnam et au Laos, marquant un demi-siècle d’annexion communiste en Indochine.

Le gouvernement cambodgien réaffirme sa volonté de promouvoir la liberté religieuse. En janvier dernier, l’ancien ministre de l’Information Khieu Kanharith a salué la mémoire du père François Ponchaud, décédé cette année. Premier à alerter sur les crimes des Khmers rouges, son ouvrage Cambodge : Année Zéro fut publié en 1977 et traduit en huit langues.

Aujourd’hui, les paroissiens, dont beaucoup viennent d’Afrique, d’Inde, des Philippines, du Vietnam ou d’Occident, espèrent que cette nouvelle cathédrale permettra à l’Église cambodgienne d’avancer.

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