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BIRMANIE – Les rebelles promettent d’arrêter leur lucratif trafic de drogue

Les rebelles de la plus importante minorité ethnique du pays, les Shan, ont signé samedi un accord avec le gouvernement pour éradiquer le trafic de drogue. Ces insurgés, dont les opérations sont financées par le commerce de métamphétamines et d'opium d'après les analystes, ont demandé en échange aux autorités d'aider à la reconversion des cultivateurs de pavot

Le gouvernement birman et les rebelles de la minorité ethnique Shan ont signé samedi un accord pour éradiquer la drogue dans l'Etat Shan, principal lieu de production d'opium et d'amphétamines du pays, a indiqué un ministre à l'issue d'une nouvelle séance de négociations de paix samedi. Aung Min, ministre des Chemins de Fer et un des principaux négociateurs du gouvernement birman avec les minorités ethniques, a expliqué qu'un accord avait été signé sur cette question, sans en préciser le contenu. Néanmoins, le Conseil de restauration de l'Etat Shan (RCSS), branche politique des rebelles shans, avait détaillé le plan qu'il proposait pour l'éradication totale des narcotiques, juste avant ces négociations. "Alors que les groupes ethniques armés et le gouvernement ont conclu des cessez-le-feu pour résoudre les problèmes politiques (...) le RCSS va coopérer avec le gouvernement pour un plan d'éradication de la drogue," avait précisé le mouvement dans un document publié conjointement avec l'Armée de l'Etat Shan du Sud, un des principaux groupes armés du pays. Ce texte, évoquant à la fois l'opium et les drogues de synthèse comme les méthamphétamines, plaidait notamment pour une coopération avec les pays voisins Chine, Laos et Thaïlande, pour lutter contre le trafic de stupéfiants. Il constitue l'une des rares reconnaissances par les rebelles de leur implication dans le trafic de drogue. Les analystes estiment que les groupes rebelles ethniques du pays utilisent notamment les bénéfices du trafic de drogue pour financer leurs opérations.

_Obama reconduit les sanctions contre le pays

Le président américain Barack Obama a annoncé jeudi avoir reconduit pour au moins un an le cadre juridique des sanctions contre la Birmanie en soulignant que les réformes engagées étaient encore à l'état "embryonnaire". "Le gouvernement birman a fait des progrès dans de nombreux domaines, dont la libération de centaines de prisonniers politiques, le fait de discuter de cessez-le-feu avec plusieurs groupes ethniques armés ainsi qu'avec le principal groupe d'opposition en faveur de la démocratie", a noté Barack Obama. "Les Etats-Unis s'engagent à soutenir les efforts de réforme entrepris par la Birmanie, mais la situation en Birmanie continue à représenter une menace inhabituelle et extraordinaire à la sécurité nationale et à la politique étrangère des Etats-Unis", a ajouté Barack Obama, employant l'expression consacrée pour justifier la situation "d'urgence nationale", cadre juridique préalable aux sanctions. Un peu plus tard dans la journée, un haut responsable de l'administration américaine avait annoncé que les Etats-Unis aller tout de même lever certaines restrictions aux investissements en Birmanie. Le diplomate Derek Mitchell, jusqu'ici émissaire spécial pour la Birmanie, a été nommé jeudi au poste d'ambassadeur en Birmanie et les États-Unis par Barack Obama. Cette décision doit encore être entérinée par le Sénat américain.

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Le deuxième producteur mondial d'opium
La métamphétamine, appelé "ice" dans sa forme cristalline et "yaba" lorsqu'elle est produite en tablettes, le plus souvent dans des petites usines cachées dans la jungle est une industrie en plein essor dans un pays pauvre. Le plan des rebelles réclame aussi des aides à la reconversion pour les cultivateurs de pavot birmans, par l'offre de cultures ou de bétail ou encore des proposition de formation. Il demande également des sanctions contre les "personnes ou les groupes armés qui protègent, possèdent, échange produisent ou transportent des drogues".
Selon un rapport de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) de 2011, la Birmanie est une source importante de cachets d'amphétamines et d'opiacés en Asie du Sud-Est et la majeure partie d'entre eux sont produits dans l'Etat Shan. Après l'Afghanistan, la Birmanie est le deuxième producteur d'opium dans le monde (23% de la production mondiale vient du pays), et 91% du pavot birman est cultivé dans l'Etat Shan, selon l'ONU. "Ce qui alimente la croissance de la culture du pavot est l'insécurité alimentaire, la pauvreté, le conflit qui fait rage dans cette partie du pays et les prix élevés de l'opium, avait relevé un représentant régional de l'ONUDC, Gary Lewis, en décembre dernier. J'ai rarement vu la pauvreté en milieu rural comme celle que l'on voit en Etat Shan."

Les rebelles demandent une rencontre avec le président Thein Seinn

De nombreux groupes minoritaires, qui représentent un tiers des 60 millions d'habitants, n'ont jamais pacifié leurs relations avec le pouvoir depuis l'indépendance en 1948 et une guerre civile oppose depuis certains d'entre eux à l'armée birmane. Le nouveau gouvernement, qui a succédé à la junte en mars 2011 et a depuis multiplié les réformes, a ouvert des négociations avec les groupes rebelles et conclu des cessez-le-feu avec plusieurs d'entre eux. L'un des premiers à avoir signé cette trêve était l'Armée de l'Etat Shan du Sud, en décembre. Avec 9% de la population, les Shans sont le deuxième groupe ethnique derrière la majorité birmane. Samedi, les représentants shans ont demandé à rencontrer pour la première fois le président Thein Sein et la chef de l'opposition Aung San Suu Kyi, a indiqué Aung Min. "Nous continuerons les discussions à propos de cette visite", a-t-il précisé à l'AFP.
(http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html - AFP) dimanche 20 mai 2012

Crédit photo FlickR/Tanjila

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