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ART - Les radieux graffitis de Keith Haring

Les années 80 nous rattrapent au Musée d'Art Contemporain de Lyon avec la plus grande rétrospective jamais consacrée en Europe à Keith Haring. En une décennie l'artiste américain a engendré une oeuvre foisonnante et créé un style identifiable entre tous

Graphisme redoutablement efficace, supports variés et produits dérivés composent l'oeuvre de Keith Haring (photo estate New-York)

Même si la mode est au revival des années 80, l'oeuvre de Keith Haring ne saurait être réduite à deux mugs et trois tee-shirts siglés.
En dix petites années, l'artiste new-yorkais, mort en 90, a magistralement relié l'art à la rue, le goût populaire aux institutions. Issu des cultures urbaines, des clubs et du métro, son trait caractéristique a envahi le monde. Il est aujourd'hui le signe d'une époque, comme la Marylin de Warhol d'une autre.
Preuve de l'enracinement dans l'inconscient collectif de ces images flashy, la rétrospective que propose le Musée d'art contemporain de Lyon a déjà séduit prêt de 45.000 visiteurs. C'est plus qu'un effet de mode !
Sur les trois niveaux du bâtiment, la promenade est tonique, surprenante. Celui qui croit connaître sera bluffé par l'ampleur de beaucoup d'oeuvres, par le charme de leur matérialité. Les autres découvriront un univers immédiatement séduisant, à la fois répétitif et varié.

La ligne sûre
Keith Haring s'est appliqué, tout au long de sa brève carrière, à multiplier les supports. Des emplacements publicitaires vacants aux palissades de chantier, il a investi l'espace de la ville. Parmi les objets, les murs, les vêtements qu'il a peints, il a privilégié ses célèbres bâches vinyliques colorées. Brutes, solides, roulables, elles ont été le réceptacle idéal de ses scènes cocasses ou dramatiques, toujours tracées d'une main sûre, d'un trait continu et égal qui ne connaît ni l'hésitation ni le repentir.
La ligne reine de Haring organise par prolifération libre une iconographie faite de chiens, d'ordinateurs, de télés, de bébés à quatre pattes et de personnages synthétiques toujours étrangement anonymes. Derrière l'apparente bonhomie de l'oeuvre, rodent quelques ombres, quelques monstres : la menace nucléaire, le racisme ou le virus du sida qui l'a d'ailleurs emporté à 31 ans.
Au premier étage, une reconstitution judicieuse d'un des Pop Shop de l'artiste rappelle que Keith Haring, dans un souci très Warholien de diffusion, a été le propre artisan de sa promotion et de ses produits dérivés. Il le faisait sans doute sans cynisme. C'est en tout cas le sentiment que donne l'ensemble du parcours lyonnais, à explorer jusqu'au 29 juin.
Jean-Marc JACOB. (www.lepetitjournal.com) lundi 28 avril 2008

Keith Haring, Musée d'art contemporain de Lyon, Cité Internationale - Lyon 6.
Jusqu'au 29 juin.