Encore plus de 50.000 Français sont bloqués à l’étranger dans l’attente d’un vol pour rentrer en France. Mais la situation est parfois compliquée pour ces touristes qui sont mal vus par la population locale et qui se retrouvent à la rue.
Dans une interview exclusive, le secrétaire d’Etat au ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne nous avait expliqué : « Nous prévoyons encore 6 à 7 jours pour convoyer les 70.000 touristes français restants. C’est une situation complexe, parfois dans des zones isolées. Il faut saluer la mobilisation des équipes du Quai d’Orsay et des postes, qui ont ouvert leurs propres centres locaux de crise. Ils ont dû gérer des milliers d’appels téléphoniques notamment et mettre en place une communication régulière sur les réseaux sociaux. » Aujourd’hui encore 50.000 touristes français seraient encore bloqués à l’étranger et ce parfois dans des situations difficiles.
Des touristes français à la rue
Les touristes français, tout comme les Italiens ou encore Espagnols, se retrouvent dans une situation encore inédite : être mal perçus par leurs hôtes à l’étranger, au point de subir des discriminations. Et cette fois-ci ce n’est pas à cause de leur réputation de voyageurs parfois arrogants voire malpolis mais bien à cause des craintes pour la contamination au Covid-19.
Alexandra, expatriée dans le Sud de la Thaïlande, nous avait interpelés sur le sujet il y a quelques jours : « Vous avez peut-être entendu parler du ministre de la santé thaï qui se ridiculise sur les réseaux avec des déclarations discriminatoires qui ne nous sont d'aucune utilité ». Le ministre aurait ainsi expliqué dans plusieurs tweets, depuis supprimés, que les étrangers « ne se douchent jamais » et « représentent un danger pour la population thaïlandaise ».
Anaelle, bloquée au Pérou et dans l’attente d’un vol retour, explique également : « Certains Péruviens sont très aidants, mais d’autres commencent à se méfier, à nous demander d’où nous venons et combien de temps nous allons rester. Certains du groupe de Français que nous suivons se sont vus refuser un hébergement par peur de contamination. L’ambassade commence à nous donner de plus en plus de nouvelles et nous espérons que cela suivra pour tous ».
Des témoignages de ce genre se multiplient sur les réseaux sociaux, que ces touristes soient bloqués en Amérique du Sud, au Maroc, aux Philippines ou encore en Nouvelle-Zélande. Alors que le confinement se préparait au pays des Kiwis, notre édition d’Auckland relatait les difficultés pour de nombreux touristes pour trouver un lieu où dormir et être confiné : « Le 25 on sera à la rue avec un bébé... Ne me parlez plus de rapatriement... Je suis dégoûtée... On cherche des solutions depuis plus de 10 jours » a relayé cette jeune maman sur Instagram.
Les Français indisciplinés ?
Cette mauvaise réputation des Français dans de nombreux pays n’est pas complètement infondée. Le mauvais suivi des consignes de prévention imposées par le gouvernement le premier weekend avant le confinement a été relevé par la presse internationale, qui qualifiait les Français d’indisciplinés. Ces comportements irresponsables inquiètent les pays qui accueillent les touristes français et qui craignent une propagation de l’épidémie à cause des voyageurs étrangers. En Colombie, deux Français ont ainsi été expulsés car ils ne respectaient pas la quarantaine imposée aux touristes.
La solidarité entre compatriotes
De nombreux groupes Facebook ou Whatsapp ont été créés pour aider les touristes français bloqués à l’étranger et parfois en situation très précaire. Le groupe « Entraide & Solidarité Auckland » a ainsi vu le jour à l'initiative de notre édition d’Auckland. Aux Philippines, des mouvements de solidarité ont été initiés mais beaucoup cherchent encore un vol retour ou au pire un endroit où rester.
La plateforme SOS un toit a été mise en place vendredi dernier par le gouvernement pour mettre en relation des touristes en difficulté avec des expatriés pouvant les héberger. « Avec l’engagement des Accueils francophones (la FIAFE), un vrai élan de solidarité, d’entraide, joue à plein, avec déjà plus de 82.000 visites pour un résultat de 5.000 lits proposés en 4 jours dans de nombreux pays ! J’appelle les Français expatriés à étoffer encore cette offre, car avec un maillage plus fin, la réponse sera plus fine. », nous a souligné Jean-Baptiste Lemoyne.
Cette peur de la contamination au coronavirus pourrait malheureusement entraîner une recrudescence des agressions envers les touristes et résidents étrangers. Il est donc fortement recommandé aux touristes de s’inscrire sur la plateforme Ariane et de connaître les numéros d’urgence locaux. La France n’est pas épargnée par le phénomène. Les premiers touchés ont été les personnes d’origine asiatique. Dans l’Hexagone, le hashtag #JeNeSuisPasUnVirus a d’ailleurs été lancé sur les réseaux sociaux pour dénoncer les agressions et les insultes dont les Français d'origine asiatique sont victimes depuis le début de l’épidémie.