Le secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères appelle les expatriés à la solidarité avec les touristes en difficulté. 70.000 d’entre eux doivent être rapatriés en 6 ou 7 jours
Quelles sont vos recommandations pour les Français vivant à l’étranger et souhaitant rentrer en France ?
Jean-Baptiste Lemoyne - Notre recommandation pour les Français résidant hors de France est d’éviter les déplacements internationaux et de demeurer là où ils résident. Le mieux pour nos compatriotes expatriés est de se conformer aux directives des autorités de santé locales des pays où ils vivent. Il n’est pas souhaitable de se déplacer, ce qui est de plus en plus difficile de toute façon, sauf pour des raisons sanitaires sérieuses. Avec Jean-Yves Le Drian, nous sommes en contact étroit avec nos communautés françaises à l’étranger. Certains, en Afrique du Nord ou en Afrique subsaharienne par exemple, réfléchissent à un retour. Avec le gouvernement et au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, nous suivons avec beaucoup d’attention l’évolution de l’épidémie selon les pays. Ce qui est sûr, c’est que la France a toujours été aux côtés de ses communautés partout dans le monde et continuera à l’être.
Nous prévoyons encore 6 à 7 jours pour convoyer les 70.000 touristes français restants.
Qu’en est-il du rapatriement des touristes et voyageurs d’affaires français coincés à l’étranger ?
Sur les 130.000 touristes français encore bloqués à l’étranger vendredi dernier, 60.000 ont pu regagner lundi soir le territoire national. Un travail considérable a été accompli en coordination avec le Centre de Crise et de Soutien (CDCS) du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, le ministère des Transports, les compagnies aériennes pour établir des plans de vols et proposer des retours. Ainsi, une immense majorité des 20.000 touristes présents au Maghreb ont pu revenir grâce à l’effort d’Air France et sa filiale Transavia qui ont affrété 140 vols en quelques jours ! Nous avons demandé aux compagnies de pratiquer des prix modérés, car nos compatriotes ont dû faire face à des dépenses exceptionnelles, et la plupart d’entre elles ont joué le jeu.
Nous prévoyons encore 6 à 7 jours pour convoyer les 70.000 touristes français restants. C’est une situation complexe, parfois dans des zones isolées. Il faut saluer la mobilisation des équipes du Quai d’Orsay et des postes, qui ont ouvert leurs propres centres locaux de crise. Ils ont dû gérer des milliers d’appels téléphoniques notamment et mettre en place une communication régulière sur les réseaux sociaux.
La plateforme SOS UN TOIT a été mise en place vendredi pour aider les Français bloqués à l’étranger à trouver un logement grâce à la solidarité des expatriés. Quels sont les premiers retours ?
Nous avons créé en 24 h cette plateforme www.SOSuntoit.fr pour permettre aux Français résidant à l’étranger de venir en aide à des voyageurs français en situation difficile, quand les hôtels ont été fermés par exemple. Avec l’engagement des Accueils francophones (la FIAFE), un vrai élan de solidarité, d’entraide, joue à plein, avec déjà plus de 82.000 visites pour un résultat de 5.000 lits proposés en 4 jours dans de nombreux pays ! J’appelle les Français expatriés à étoffer encore cette offre, car avec un maillage plus fin, la réponse sera plus fine.
Les élections consulaires ont été reportées. Pensez-vous qu’elles pourront avoir lieu en juin et si non quelles seront les conséquences pour les sénatoriales ?
Il est apparu qu’il n’était pas possible, au regard de la situation sanitaire mondiale, de maintenir le scrutin des élections consulaires les 16 et 17 mai prochains. Cela correspondait d’ailleurs à la demande de nombreux conseillers et candidats qui ne pouvaient plus faire campagne. La loi d’urgence prévoit donc maintenant un report de l’élection à la même date que le second tour des municipales, le 21 juin prochain si la situation sanitaire le permet. Un rapport sera rendu en mai pour évaluer cette situation, mais d’ici là, ne faisons pas de politique fiction.
Chaque compatriote expatrié revenu en France pourra avoir immédiatement accès aux soins comme tout Français résidant en France
L’Assemblée nationale a voté la suppression du délai de carence pour l’accès à la sécurité sociale en cas de retour en France pour les expatriés. Quelles en sont les modalités ?
Il s’agit d’un amendement du gouvernement que j’ai souhaité afin que chaque compatriote expatrié revenu en France puisse avoir immédiatement accès aux soins comme tout Français résidant en France. Par dérogation, le délai de carence de trois mois pour l’affiliation aux caisses d’assurance maladie et maternité est donc supprimé pour tout personne rentrée entre le 1er mars 2020 et le 31 mai 2020. C’est une mesure indispensable au vu de la situation.
De nombreux expatriés craignent pour les conséquences économiques de cette crise mondiale. Des aides seront-elles prévues pour soutenir les entreprises françaises présentes à l’étranger ?
Le gouvernement a adopté des mesures exceptionnelles en matière économique avec un programme d’aides directes aux entreprises de 45 milliards d’euros, notamment via l’activité partielle et le report, voire l’annulation, de créances fiscales et sociales. 300 milliards d’euros de garantie sur les crédits aux entreprises seront par ailleurs apportés par l’Etat. Notre souhait est de préserver les emplois, les compétences, les savoir-faire et nos entreprises. Lors de la crise de 2008, nous n’avions pas ces outils à disposition et la France a tardé à rebondir. On a su en tirer les leçons. Pour le Commerce extérieur, j’ai réuni la semaine dernière la Team France Export pour apporter des réponses concrètes. Nous sommes mobilisés avec les ambassades, Business France et les entreprises membres de l’OSCI pour rester présents à l’export malgré le contexte difficile. Ainsi, les entreprises du secteur cosmétique seront représentées à la prochaine Foire mondiale du secteur qui se tiendra en mai en Chine.