Les femmes espagnoles consacrent près de deux heures de plus par jour au foyer et à la famille que les hommes, selon l’étude "Coût d’opportunités de l’écart entre les sexes" réalisée par ClosinGap. Ce rapport indique que cette "inégalité" a un coût économique supérieur à 100 milliards d'euros, soit 8,9% du PIB.
Les Espagnols continuent à porter le fardeau de la famille et du foyer derrière eux, ce qui a eu des conséquences néfastes sur leur vie professionnelle et a eu un coût très élevé pour l'économie espagnole : plus de 100 milliards d'euros, soit 8,9% du PIB. C’est l’impact économique de l’écart entre les sexes en matière de conciliation et le manque de coresponsabilité dans les ménages espagnols, selon le rapport ClosinGap promu par Repsol.
Les inégalités au sein du foyer espagnol persistent
Les femmes consacrent à la maison et à la famille au moins deux heures de plus par jour que les hommes. "L'intégration des femmes dans le travail n'a pas corrigé les inégalités dans les tâches ménagères, ce sont elles qui gèrent les conflits entre le travail et la vie de famille, généralement sous forme de démission", a dénoncé Begoña Elices, directrice générale de la communication et de la présidence de Repsol.
Après la maternité, près de 8% des femmes (environ 7.000 par trimestre) choisissent de quitter, totalement ou partiellement, le marché du travail pour s’occuper de leurs enfants, ce qui entraîne une perte de talents féminins de 1,28 milliards d’euros, selon ce rapport. En 2017, 24,2% des femmes actives travaillaient à temps partiel (contre 7,3% des hommes) ; la prolongation de leur journée pourrait augmenter le PIB jusqu'à 1,1%.
Le rapport montre que ce sont généralement les femmes qui choisissent de prendre un congé pour des "problèmes" de conciliation de la vie personnelle et professionnelle. Les longues journées de travail avec une pause pour le déjeuner, sont l'un des principaux obstacles à la conciliation, selon ce rapport, qui a quantifié à 1.706 heures "perdues" de temps libre par an à cause de ces horaires de travail.
« Ne pas tirer parti des talents féminins a un impact économique négatif brutal en Espagne »
"Le coût d'opportunité de l'écart entre les hommes et les femmes en matière de conciliation" est le deuxième rapport préparé par la plateforme ClosinGap, composée d'une douzaine de grandes entreprises ayant pour objectif de quantifier l'impact économique de l'inégalité entre les sexes. Auparavant, l'écart dans le domaine de la santé avait été mesuré. "Ne pas tirer parti des talents féminins a un impact économique négatif brutal sur notre pays", a déclaré Marieta Jiménez, directrice générale de Merck Espagne, une autre des sociétés qui composent ClosinGap.
La plate-forme ClosingGap a été créée dans le but d'analyser l'impact économique sur la société du fait que les femmes n'ont pas les mêmes opportunités que les hommes. À cette fin, les sociétés promeuvent des rapports bimensuels dans lesquels les lacunes existantes sont analysées dans les domaines de la santé, des retraites, de l'environnement numérique, de la conciliation et de la coresponsabilité, des loisirs, du tourisme, de la consommation ou de la mobilité.
ClosinGap tire son origine de l'initiative "Femmes en santé, économies saines", lancée à l'échelle mondiale en 2014 par Merck, société de premier plan dans le domaine de la science et de la technologie, dans le cadre du Forum de coopération économique Asie-Pacifique, dans le but d'identifier et d'éliminer les obstacles empêchant aux femmes de développer leur plein potentiel dans la société. L'Espagne est le premier pays à l'adapter pour étendre l'expérience à la situation qui prévaut dans l'Union européenne.
Une organisation familiale inégale en France
En France aussi l’organisation familiale est inégale. En effet, selon une étude réalisée par l’Insee sur les tâches ménagères, en 2017, de fortes disparités persistent aussi au sein des couples, à tout âge de la vie. Cette étude révèle que les femmes subissent davantage les contraintes des enfants au niveau professionnel : seules 72 % des mères de famille ont un travail, contre 85 % des pères, et parmi ces dernières, un tiers (33 %) travaille à temps partiel, contre seulement 4 % des pères en moyenne.
Les femmes en France consacrent chaque jour un peu plus de 4h30 aux tâches domestiques et aux enfants soit deux fois plus que leurs conjoints avec 2h30 en moyenne. Et lorsqu’on regarde en détail, les hommes choisissent en priorité les tâches les plus valorisantes comme le bricolage, le jardinage ou le jeu avec les enfants, reléguant les femmes au ménage et à la cuisine.