FEMMES – Elles sont au pouvoir à Barcelone et dans la région

Depuis quelques années, le paysage politique se modifie en Espagne, et avec lui la manière de gouverner et surtout ses protagonistes : la présence féminine s'est multipliée et les femmes élues ne sont plus des cas isolés. Sept communes de la zone du grand Barcelone sont gouvernées par des femmes. Le journal ElPais les a réunies afin de récupérer leurs témoignages et leurs commentaires sur le rôle des femmes en politique et dans la société.

(Image tirée du domaine public) Elles sont femmes, mères, épouses, et politiciennes au pouvoir. A elles sept, elles ont la responsabilité municipale du quotidien de 2,4 millions d'habitants. Pour elles, les femmes ne remplissent pas mieux ni moins bien la fonction de maire, mais elles reconnaissent en revanche leurs qualités intrinsèques pour gouverner et gérer le bien commun. Toutes se réjouissent du développement de la présence féminine à la tête des communes, et espèrent que cette parité sera bénéfique pour tous à l'avenir. Elles avouent aussi que cette montée en responsabilité se fait au prix de sacrifices personnels et familiaux.

Ada Colau, Barcelone : les femmes sont l'alternative
La femme maire la plus connue de la région est sans conteste Ada Colau, maire de la ville de Barcelone depuis les élections municipales de mai dernier. Ancienne activiste pour le droit au logement et la défense des droits sociaux, Colau a toujours défendu la parité et constate que le moment de la mettre en place est arrivé. Elle explique au journal que "ce n'est pas un hasard s'il y a davantage de leadership féminin aujourd'hui. La crise économique et politique a désigné les femmes comme alternative à l'échec d'un modèle précédent". Elle est convaincue que la féminisation de la politique doit s'opérer maintenant, et que cela sera bénéfique pour les femmes comme pour les hommes à court comme à long terme.

Mercè Conesa, San Cugat del Vallès : savoir concilier la vie familiale
"Il était temps !". Voici la réaction de Mercè Conesa i Pagès, maire de San Cugat del Vallès depuis 2010, lorsqu'elle constate la multiplication des femmes à ce poste. Elle souligne aussi la difficulté pour une femme de concilier sa vie de famille et ses responsabilités. En poste depuis six ans déjà, Mercè Conesa reconnaît consacrer un après-midi par semaine pour être avec ses enfants, qu'elle s'impose de respecter scrupuleusement. "Lorsqu'il y a un match du Barça, les agendas des politiques (locaux) se libèrent, mais aller au carnaval de l'école de son fils est mal vu" déplore-t-elle.

Laura Campos Ferrer, Montcada i Reixac : l'intelligence émotionnelle
Fille de l'historique maire Josep Maria Campos, elle a accédé à ses fonctions en 2015 et a dû relever le défi qui lui était imposé, en arrivant à la tête d'une mairie à la situation économique très difficile. Pour elle, les femmes ont des qualités propres qui leur procurent un avantage pour gouverner et comprendre les besoins des habitants. "Nous sommes davantage habituées à travailler en réseau et à chercher des compromis. Nous avons plus d'empathie et utilisons davantage notre intelligence émotionnelle" précise-t-elle à El Pais.

Núria Marín, L'Hospitalet de Llobregat : grâce aux hommes qui y ont cru
Comme ses cons?urs, Núria Marín Martínez pense que c'est l'empathie et la capacité à réaliser plusieurs tâches à la fois qui rendent les femmes efficaces en politique et en entreprise. Celle qui occupe la fonction de maire de la ville de l'Hospitalet de Llobregat depuis 2008 tient à souligner que "l'arrivée des femmes au pouvoir a pu se produire grâce aux hommes qui y ont cru". Marín prévient : "Dans le futur, il faudra être vigilants à ne pas discriminer les hommes. Je vois les femmes très bien préparées et sans complexe".

Núria Parlon, Santa Coloma : savoir gérer les priorités
Núria Parlón Gil est la maire de la commune de Santa Coloma depuis 2009. En 2015, elle a refusé de prendre la tête de la liste de son parti en Catalogne (PSC) pour se consacrer à ses responsabilités de maire. Particulièrement sensible à la lutte pour l'égalité entre hommes et femmes, elle a organisé des congrès pour les femmes sur sa commune, et dénonce régulièrement sur son blog les inégalités entre les deux genres dans la société espagnole, pour l'emploi par exemple ou face aux difficultés rencontrées pour concilier vie familiale et professionnelle. Pour Núria Parlón, la force des femmes en politique vient de leur capacité à savoir organiser les priorités : "Nous nous préoccupons davantage des petites choses du quotidien, alors qu'en temps de crise nous avons priorisé les grands investissements ; nous sommes plus prédictives au moment de les définir".

Dolors Sabater, Badalone : les femmes amènent le changement
Maria Dolors Sabater Puig est devenue la nouvelle maire de Badalone, la troisième ville de Catalogne par nombre d'habitants, lors des élections municipales de mai 2015. Sabater s'est faite remarquée depuis sa nomination grâce à son franc parler. Au mois de novembre dernier, après avoir été sifflée par un auditoire pour s'exprimer en catalan dans un discours, elle n'avait pas hésité à calmer l'assemblée en leur rappelant que "Francisco Franco est mort il y quarante ans et le catalan vous appartient à vous aussi". Le mois précédent, c'est sur les réseaux sociaux qu'elle conseillait au président en fonction Mariano Rajoy "de prendre de la vitamine B pour son cerveau". Pour la maire de Badalone, "l'émergence de mouvements populaires dans les institutions amène une hausse des femmes maires". Elle explique que "plus de femmes en politique provoqueront un changement dans la manière de faire de la politique".

Pilar Díaz, Esplugues de Llogbregat : l'intérêt commun avant tout
La plus ancienne maire de ce groupe de femmes, Pilar Díaz Romero, est convaincue que c'est la parité des équipes qui en fait la force. "C'est l'union qui nous rend plus transversaux et plus puissants" assure la maire d'Esplugues de Llogbregat depuis dix ans maintenant. En 2000 elle a été la première femme à entrer au parlement avec un bébé à allaiter. "Je n'ai jamais voulu renoncer à mon rôle de mère" assure-t-elle. Pilar Díaz Romero reconnaît que les femmes en politique sont "moins ambitieuses car elle pensent avant tout à l'intérêt commun".

Perrine LAFFON (lepetitjournal.com ? Espagne) Mardi 8 mars 2016
Inscrivez-vous à notre newsletter gratuite !
Suivez nous sur Facebook et sur Twitter
Téléchargez notre application pour téléphone mobile viaItunes ou via Google Play

Retrouver l'article d'El Pais ici