Existe-t-il une problématique de genre pour les carrières internationales ? Ou l'expatriée est-elle un expatrié comme les autres ? UbiFrance organise à Paris le 5 juillet un grand événement sur le thème de "L'International au Féminin".
L'expatriation s'est construite autour des carrières masculines
Pendant de nombreuses années, la mobilité internationale s'est organisée autour de parcours professionnels masculins. La communauté expatriée présente encore au sein de la génération X[1] le visage caricatural d'une société où les hommes font carrière et où les femmes en assurent le support logistique. Les raisons à cela ? On évoque l'inconfort des hommes à assumer socialement le rôle de conjoint suiveur. Selon Alain Verstandig, Directeur de NetExpat, "Les hommes qui suivent leur épouse en expatriation ont une peur panique de ne pas poursuivre leur carrière. C'est pourquoi nous activons la recherche d'emploi plus rapidement au cours du programme dédié aux hommes."[2]. Et pourtant les études montrent très clairement que les frustrations sociales, économiques liées à l'absence d'autonomie et de réalisation de soi sont aussi fortes chez la femme conjointe suiveuse[3]. Le livre Réussir ma première expatriation [4] indique qu'il en est évidemment de même au sein des couples homosexuels expatriés. Le besoin de mener un projet professionnel lorsqu'on vit à l'étranger n'est donc pas un fait féminin.
Comprendre les techniques de conduite de carrière duale
On évoquera la difficulté pour les femmes à travailler dans certaines zones géographiques en raison des différences culturelles. Il suffit d'étudier la situation dans les pays où cette variable culturelle n'existe pas pour réaliser qu'il n'en est rien. La vérité est que l'accompagnement de l'activité professionnelle du conjoint en est encore à ses balbutiements en raison d'un déni partagé. Pour de nombreux acteurs du système, ce déni permet de résoudre un dilemme : l'idée qu'il n'existe pas de solution au problème, et que pourtant la mondialisation agit comme une lame de fond qui impose la mobilité internationale à des cadres de plus en plus nombreux. "Croire que l'on va pouvoir poursuivre sa carrière facilement en accompagnant son conjoint à l'étranger est un leurre, explique Sabine David, fondatrice de FemmeExpat.com. ?Lorsqu'ils ont le droit de travailler, seulement 20 % des conjoints trouvent un poste. Et où que ce soit, on ne peut jamais calquer la vie professionnelle que l'on avait en France"[5].
Mener une carrière nomade
Il existe pourtant une réponse à cette problématique: la carrière nomade[6]. Elle nécessite un accompagnement par un consultant et aboutit à une autonomie dans la conduite de sa carrière de pays en pays, y compris au retour en France. La carrière nomade implique une prise de conscience de son Excellence professionnelle et installe chez vous une sorte de radar pour répérer le poste, le job qui fait sens pour vous à chaque pays. Et surtout elle vous apprend à communiquer sur cette Excellence. L'expatriée meneuse ou la conjointe suiveuse en carrière nomade se responsabilise totalement sur la conduite de sa carrière de pays en pays. C'est aussi ce que les entreprises attendent de vous en interne.
La révolution Y
La génération Y apporte un souffle d'air : les études menées pour la rédaction du livre Réussir ma première expatriation nous ont stupéfaits : les Y ont une vision égalitaire entre hommes et femmes en expatriation. "Je n'ai pas fait 7 ans d'études pour sacrifier mes ambitions professionnelles, nous explique Adèle. Et puis, je dois rembourser un prêt pour mes études. J'ai suivi mon ami à Hanoï et j'y ai cherché du travail. Lorsqu'il a été nommé en Italie, j'ai décidé de rester en Asie : j'étais personnellement frustrée de ne pas voir le projet Asie abouti alors que je l'avais nourri pendant plusieurs mois". Et cette vision, égalitaire se vérifie pour chacun des genres. Il est frappant néanmoins de constater que pour résoudre l'équation, les couples mettent en place une forme de précarité affective : en choisissant la séparation : "Je ne veux pas que tu m'en veuilles à vie de t'avoir empêchée de vivre ça" ; en acceptant de vivre d'un bout à l'autre du monde avec pour objectif de travailler ?dans le même continent ! D'autres inventent des logiques de conduite de carrière duale innovantes : "Dans un couple, c'est celui qui est le plus à l'aise à l'international qui doit suivre l'autre", explique Juliette. Ou Julien : « Il est le conjoint meneur car mon CV est plus vendeur et j'ai moins de mal à trouver une fois sur place ». Les Y imposent une idée majeure : la notion de "carrière au féminin" est un frein au leadership féminin. La réussite n'a pas de genre car les critères de réussite sont propres à chacun.
Maîtriser sa carrière, maîtriser son équilibre perso-pro
Les Y donnent un grand coup de balai dans le monde de l'expatriation mais peinent à maîtriser l'équilibre perso-pro qui est pourtant le signe de réussite d'une carrière à l'étranger. Cet équilibre est aussi indispensable pour conserver son leadership professionnel. Vivre heureux à l'étranger et pouvoir y exprimer ses talents pleinement : c'est le v?u de toute femme et de tout homme. Le livre Réussir ma première expatriation a panaché les comportements les plus efficients des X et des Y et propose un modèle d'intégration perso-pro à l'étranger optimisé.
Professionnaliser sa gestion de l'expatriation
Il est difficile d'avoir une vision objective de ses besoins personnels et professionnels ; il est difficile également de transcrire ces besoins dans un pays étranger, de les négocier entre époux et de savoir les exprimer auprès de l'entreprise. "L'expatriation était une très belle opportunité professionnelle pour mon mari, explique Sylvie. Il avait une ambition professionnelle très claire et l'étranger servait parfaitement cette ambition. De mon côté, j'avais une carrière en France et je l'ai laissée tomber. Je suis un oiseau à qui on a coupé les ailes. Ici, il m'est difficile de conserver l'équilibre familial tout en réussissant sur le plan professionnel. Les contraintes pour maintenir l'équilibre familial sont trop fortes".
Etre épanouie sur le plan personnel et se réaliser professionnellement à l'étranger est un vrai challenge. Les femmes qui y sont parvenues ont souvent agi de manière empirique ; les qualités nécessaires à un tel accomplissement ne sont pas données à tout le monde. Celles pour qui les compétences de conduite de carrière nomade et de carrières duales ne sont pas innées, doivent comprendre que cela s'acquiert. Il s'agit ensuite d'apprendre à communiquer sur son parcours auprès de ses cibles et d'intégrer des réseaux qui vous aideront à maintenir la dynamique de conduite de carrière acquise.
L'événement L'International au Féminin organisé par UbiFrance constitue une première marche pour chacune d'entre nous, pour se poser les bonnes questions, se ressourcer auprès de rôles modèles inspirants, et reprendre les rennes d'un projet nomade réaliste et enthousiasmant[7].
Stéphanie Talleux, Conseil, formation & coaching Expatriation et gestion des carrières nomades (pour www.lepetitjournal.com) jeudi 27 juin 2013
Atelier d'information : L'international au féminin - UBIFRANCE
- Contact : Olivier DELBECQ
- Téléphone : +33 (0)1 40 73 37 95
- Adresse : 77 Boulevard Saint Jacques 75998 Cedex 14 PARIS
[1] La génération X regroupe les personnes nées entre 1965 et 1980.
[2] Propos recueillis lors de la conférence menée en mars 2012 au Salon Mondissimo.
[3] Voir le livre Conjoint d'expatrié, votre carrière continue ! de Stéphanie Talleux paru en juin 2012 chez StudyramaPro.
[4] Réussir ma première expatriation de Stéphanie Talleux et Bertrand Fouquoire paraitra en septembre 2013 aux Editions StudyramaPro.
[5] Article Arrêter de travailler pour suivre son conjoint à l'étranger.
[6] La carrière nomade fera l'objet d'un article ultérieur au petit journal.com
[7] Stéphanie Talleux interviendra lors de cette conférence en tant que consultante coach, experte des carrières de conjoints d'expatrié.
Nos services s'adressent aux entreprises qui expatrient et aux porteurs d'un projet à l'étranger. Nous vous proposons de l'accompagnement individuel, de la formation et des conférences pour toutes les étapes de l ?expatriation : préparation au départ, gestion de l'expatriation, gestion du retour.
Stéphanie Talleux est l'auteure de « Conjoint d'expatrié, votre carrière continue ! » et « Réussir ma première expatriation » aux Editions StudyramaPro. Retrouvez nos offres sur www.stephanietalleux.com et suivez les résultats de nos recherches sur les sujets de mobilité internationale en vous inscrivant à notre Newsletter.
