Édition internationale

Triangle de Weimar à Varsovie : déclaration Allemagne-France-Pologne sur l’Ukraine

Le 29 septembre dernier, les ministres des Affaires étrangères du Triangle de Weimar – Johann Wadephul pour l’Allemagne, Jean-Noël Barrot pour la France et Radosław Sikorski pour la Pologne, se sont réunis à Varsovie, en marge du Warsaw Security Forum – conférence européenne sur la sécurité transatlantique et celle de l'Europe centrale et orientale, pour parler de la guerre en Ukraine, de l’élargissement de l’Union européenne et du conflit actuel au Moyen-Orient. Voici ce qu’il fallait en retenir.

Photo de la conférence de presse conjointe avec les ministres des Affaires étrangères de l'Allemagne, de la Pologne, de la France et de l'UkrainePhoto de la conférence de presse conjointe avec les ministres des Affaires étrangères de l'Allemagne, de la Pologne, de la France et de l'Ukraine
Capture © phoenix youtube.com/@phoenix
Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 13 octobre 2025, mis à jour le 2 décembre 2025

 

Le Triangle de Weimar réaffirme son soutien à l’Ukraine et son attachement à mettre fin à l’agression russe

Les ministres des Affaires étrangères, Johann Wadephul pour l’Allemagne, Jean-Noël Barrot pour la France et Radosław Sikorski pour la Pologne, ont réaffirmé, à Varsovie le 29 septembre 2025, leur unité et leur détermination inébranlable à défendre la paix, la sécurité et les valeurs fondamentales communes de l’Europe face à la guerre d’agression de la Russie en Ukraine

 

Aujourd'hui, nous avons plus que jamais besoin de l'unité européenne. Les récentes provocations russes en témoignent. La Russie veut mettre notre détermination à l'épreuve, provoquer des troubles, ce qui est dangereux. Il faut y répondre clairement et de manière unie. Johann Wadephul, ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne

 

Face aux violations récentes de l’espace aérien polonais, roumain et estonien, les ministres ont dénoncé des actes hostiles dangereux et une escalade inacceptable qui menace la stabilité régionale et européenne. Les ministres des trois pays ont condamné ces provocations et ont appelé la Fédération de Russie à mettre fin à ces actions en cessant immédiatement sa guerre d’agression contre l’Ukraine et en ouvrant des négociations de paix, selon des modalités définies avec Kiev.

 

 

💡  Co to jest le Triangle de Weimar ?

Depuis 1991, le Triangle de Weimar est une plateforme de dialogues politiques et de coopérations entre la Pologne, la France et l’Allemagne. Le Triangle a été un outil important de la réconciliation germano-polonaise après la période communiste et a permis une intégration plus rapide de la Pologne dans l’Union européenne.

Sur le plan du dialogue politique, le Triangle sert à développer des convergences et à contribuer au débat européen, à se concerter avant les échéances européennes, et à approfondir la coopération trilatérale en permettant des rencontres entre les chefs d’État, les ministres et les parlementaires des trois pays.

Sur le plan de la coopération, le Triangle permet une coopération entre les services diplomatiques, une coopération universitaire, une coopération sur la recherche, ou encore une coopération décentralisée avec l’exemple du Sommet des Jeunes du Triangle Régional de Weimar organisé par les régions des Hauts-de-France, du Land Rhénanie du Nord-Westphalie, et la voïvodie de Silésie.

 

 

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« Sentinelle orientale » et « Sentinelle baltique » : la menace russe ressoude les partenaires du Triangle de Weimar

La Pologne, l’Estonie, la Roumanie et l’ensemble des pays concernés peuvent compter sur le soutien résolu de la France et de l’Allemagne. Conformément aux conclusions du Conseil européen du 6 mars 2025, les trois ministres ont rappelé la détermination de leurs pays à renforcer la sécurité européenne et euro-atlantique en endossant une responsabilité accrue dans la sécurité globale. Les premières contributions française et allemande aux opérations « Sentinelle orientale » et « Sentinelle baltique » de l’OTAN en sont l’illustration. 

 

Dans ce même esprit de renforcement sécuritaire, le Triangle de Weimar a accordé une importance particulière à la protection de leur espace aérien et au renforcement de leurs capacités de défense aérienne et antimissile, des capacités essentielles dont l’investissement doit se faire en Europe. Parallèlement, les partenaires du Triangle de Weimar ont souligné l’importance de la mobilité militaire pour la sécurité de l’Europe et pour la capacité collective de réagir rapidement et de manière décisive face aux enjeux et menaces immédiats et futurs

 

L’aide et le soutien militaire à l’Ukraine toujours d’actualité

La Pologne, la France et l’Allemagne refusent de se laisser intimider par la Russie et ses incursions hostiles, qui, au contraire, renforcent leur détermination. La défense collective de l’OTAN, la sécurité de leurs concitoyens et l’inviolabilité de leurs frontières sont immuables. L’objectif ultime du Triangle de Weimar est une paix juste et durable en Europe

Le soutien militaire, humanitaire et financier à l’Ukraine, membre de la famille européenne et victime des ambitions impérialistes de Moscou, est conditionné à l’atteinte de cet objectif. Afin de lutter contre les frappes aériennes massives de la Russie, l’Allemagne, la France et la Pologne ont annoncé qu'elles continueraient de fournir des moyens de défense aérienne à l’Ukraine. Les partenaires de Weimar ont reconnu la nécessité d’augmenter considérablement les financements destinés au soutien militaire à court et à long terme. Dans ce contexte, les pays sont favorables à intégrer rapidement l’Ukraine dans la base industrielle et technologique de défense européenne.

 

Des sanctions croissantes comme moyens de pression sur la Russie

Dans le but de faire cesser l'agression russe, le Triangle de Weimar adoptera de nouvelles sanctions et mesures pour exercer collectivement des pressions croissantes. Réduire les recettes de la Russie est essentiel pour affaiblir sa machine de guerre. Pour cela, il faut intensifier le démantèlement de la flotte fantôme qui affaiblit les sanctions, qui finance la guerre de Moscou et qui fait peser des risques graves sur le plan maritime et environnemental, notamment en mer Baltique. Les ministres des trois pays ont appelé leurs partenaires à se joindre aux efforts afin d’assurer l’application totale des sanctions et l'adoption rapide du dix-neuvième paquet de sanctions. Le Triangle de Weimar s’est également félicité des discussions en cours pour mettre davantage à profit les avoirs souverains immobilisés de la Russie. Ces avoirs serviraient au soutien à l’Ukraine, notamment à ses besoins militaires, conformément au droit international et dans le cadre d’une approche de partage du risque. Les ministres ont souligné qu’ils attendaient avec intérêt des informations détaillées sur l’initiative de la Commission européenne pour un prêt de réparation.

 

La priorité est, bien sûr, de sécuriser le flanc oriental de l'OTAN. Nous avons convenu que le renforcement des sanctions est essentiel pour limiter le potentiel militaire de la Russie, au moins jusqu'à son retrait du territoire ukrainien. Radosław Sikorski, ministre des Affaires étrangères de la Pologne

 

Réaffirmation du « droit inhérent de l’Ukraine à choisir son propre destin »

Pour le Triangle de Weimar, l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne revêt une importance stratégique pour ses habitants et pour la sécurité de notre continent. Les trois pays ont également réaffirmé le droit inhérent de l’Ukraine à choisir son propre destin, droit se reposant sur la Charte des Nations Unies et le droit international. Ainsi, ils apportent leur soutien inébranlable à la trajectoire d’adhésion de ce pays à l’Union européenne et souhaitent intensifier leurs efforts afin d’accélérer les prochaines étapes du processus d’adhésion de l’Ukraine, à commencer par l’ouverture rapide du volet « fondamentaux ».

 

La Moldavie à l’aune des récentes élections parlementaires

En dépit de menaces hybrides constantes et des tentatives russes de déstabilisation, la Moldavie a accompli des progrès remarquables sur la voie de la modernisation et de l’intégration au sein de l’Union européenne. L’adhésion de la Moldavie à l’Union européenne demeure la garantie la plus solide de la stabilité et de la résilience de ce pays. Dans ce contexte, le Triangle de Weimar a réaffirmé son soutien ferme à l’avenir européen de la Moldavie et a suivi de près l’élection parlementaire, qui s’est tenue le 28 septembre et dont le résultat reflète la volonté du peuple moldave à une période charnière de son histoire.

 

Nous nous sommes réjouis ce matin que malgré les tentatives russes d’ingérences d’une ampleur sans précédent, le peuple moldave ait confirmé son aspiration souveraine à la liberté, à la démocratie et à l’Europe. Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères de la France


 

Réaffirmation du soutien du Triangle de Weimar pour l’intégration des pays des Balkans dans leur avenir européen

Dans le même esprit, le Triangle de Weimar a réaffirmé son soutien à l’avenir européen des six pays des Balkans occidentaux et a proposé de les aider sur leur trajectoire d’intégration, trajectoire qui contribuera à garantir la paix, la prospérité et la stabilité de la région. C’est pour cela que les trois pays demeurent engagés au sein des missions UEFOR, KFOR et EULEX pour maintenir un environnement sûr. Le Triangle de Weimar a souligné également l’importance du processus de Berlin pour soutenir la coopération régionale, renforcer les relations de bon voisinage et favoriser un marché commun régional.

 

Attachement à une résolution pacifique du conflit au Moyen-Orient 

Près de deux ans après le début du conflit au Moyen-Orient, le Triangle de Weimar a réaffirmé sa préoccupation par la situation et l’urgente nécessité d’un cessez-le-feu immédiat, de la libération sans condition de tous les otages et de l’accès sans entrave de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, en coordination avec les Nations Unies et les institutions compétentes. Pour cela, la fin immédiate des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza est essentielle pour en finir avec les déplacements massifs de civils, avec les nombreuses pertes humaines et avec la destruction des infrastructures. Les trois ministres restent fermement attachés à la solution négociée des deux États. Dans ce contexte, ils ont demandé instamment au gouvernement israélien de cesser l’ensemble de ses activités de colonisation, afin de ne pas compromettre la viabilité de cette solution.  

 

💡 L'évolution du Triangle de Weimar depuis 1991 : 

En 1991, le Triangle de Weimar est créé sous l’impulsion des trois ministres des Affaires étrangères de Pologne, d’Allemagne et de France, afin de développer une vision européenne commune et de rapprocher les sociétés des trois pays. Le Triangle doit servir de base pour la réconciliation germano-polonaise, sur le modèle de la réconciliation franco-allemande. 


En 2004, la Pologne rejoint l’Union européenne et le Triangle évolue en devenant une enceinte de concertation en amont des négociations européennes.

En 2014, les ministres des Affaires étrangères du Triangle de Weimar ont permis la négociation d’un accord avec l’ancien président ukrainien, Viktor Ianoukovytch, afin de faire cesser la répression contre les manifestants de la place Maïdan. Malheureusement, l’invasion de la Crimée et le début du conflit armé dans le Donbass occultent cette réalisation du Triangle. 

En 2015, suite à l’échec en Ukraine, le PiS arrive au pouvoir, marquant une période de moindre coopération au sein du Triangle de Weimar, notamment à cause des positions anti-Union européenne du gouvernement polonais.

• Ce n’est qu’en 2022, lors du déclenchement de l’invasion russe de l’Ukraine, que le Triangle de Weimar reprend de l’importance en Europe. Les trois pays deviennent des acteurs majeurs du soutien à l’Ukraine, en particulier la Pologne qui accueille la majorité des réfugiés ukrainiens fuyant le conflit.  

Le 27 août 2025, les chefs d’État et de gouvernement du Triangle de Weimar se sont réunis en Moldavie afin d’échanger principalement sur l'adhésion de la Moldavie dans l'Union européenne et sur le soutien à l’Ukraine contre l’invasion russe

 

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