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Rym Rachdi: à Rome pour« faire partie de l’histoire »

Rym Rachdi Rome expatriéeRym Rachdi Rome expatriée
Écrit par Morgane Rubetti
Publié le 14 avril 2019, mis à jour le 15 avril 2019

Diplômée en architecture, cette Tunisienne qui se définit comme « nomade » a choisi de poser ses valises à Rome pour se spécialiser en conservation du patrimoine à l’université de la Sapienza. Un métier à responsabilité. 

Rym admire le bâtiment face à elle. Près du Tevere, le musée de l’Ara Pacis se dresse à côté de l'église San Rocco all’Augusteo. « Pour moi, la conservation de ce musée a parfaitement été faite car elle mélange le moderne et l’ancien », estime la jeune femme. 

L’étudiante en première année de Master en restauration du patrimoine à l'université de la Sapienza détaille : « Le bloc blanc met totalement en valeur l'hôtel de la paix. À travers les vitres, on peut contempler le mur. C'est superbe de voir une architecture du 21ème siècle dans un tissu urbain très ancien.»

Rome sur le tard 

La Tunisienne de 27 ans n’a pas toujours ressenti cette admiration pour les œuvres romaines. Assise sur les marches du musée, elle admet, avec un rictus quelque peu gêné, apprécier les charmes de la ville éternelle depuis peu. « J’ai visité la ville deux fois en voyage organisé. Nous étions dans un bus, nous ne parlions pas aux Italiens...» 

Depuis qu'elle a commencé ses études à la Sapienza en septembre dernier, Rym a découvert une autre ville. « Au début, je prenais beaucoup de photos. Et puis un jour, quelqu'un m'a dit que Rome n'était pas une ville qui se photographie. » Désormais, chaque fois que la diplômée en architecture flâne dans les rues de Rome, elle est “émerveillée”. « J’ai appris à la regarder autrement », avec les yeux d’une architecte passionnée par l’histoire des bâtiments.

Études à Tunis

Originaire de Sousse, Rym ne savait pas en quoi consistait réellement l’architecture avant de débuter ses études à Tunis. « J’étais dans un lycée réputé, mes camarades se destinaient à faire médecine ou ingénierie. Moi je ne savais pas vers quoi me tourner. Tout ce que je savais, c’est que je possédais un côté artistique que je ne voulais surtout pas laisser de côté. » Elle sourit en n’y repensant tout en plaçant ses lunettes de soleil en serre-tête. Un jour, alors qu’elle se trouvait en pleine hésitation, un ami apprenti architecte l’a convaincue d’emprunter cette voie. « Il m’a décrit ses cours. Il m’a parlé de maths et de sciences. Lorsqu’il a évoqué les leçons d’art plastique, j’ai été conquise», raconte-t-elle. 

L’humilité 

Ces six années d’études l’emmènent notamment à Nantes et Istanbul mais c’est son stage en sauvegarde du patrimoine à la Médina de Tunis qui lui fait découvrir une autre facette de l’architecture. « C’était un vrai challenge. La sauvegarde du patrimoine demande beaucoup d’investigation sur l’histoire de l’édifice et de la ville, sur la société et la politique de l’époque. Il faut apprendre à lire la ville, être à l’écoute de chaque bâtisse et la respecter. » C’est dans le coeur historique de Tunis que la jeune femme prend conscience de la responsabilité d’un conservateur de bâtiment.

« On nous met un bâtiment entre les mains, on doit s’en occuper puis le léguer aux générations suivantes. C’est une tâche importante », admet-elle. Elle y apprend également la première valeur du métier : « l’humilité» . Rym hausse légèrement les épaules et confie modestement : « J’ai l’impression de faire partie de l’histoire. » 

Relation particulière

Pour Rym, les restaurateurs ont une « relation presque intime» avec les monuments qu’ils préservent. « Chaque intervention est un cas spécial. L’architecture et la restauration permettent de développer une ville mais doit aussi bousculer les traditions et amener les gens à réfléchir », explique-t-elle. 

De son côté, Rym aime les décors hétéroclytes, les mélanges d’époque. « En sauvegarde, on peut réparer un monument ou bien amener une nouvelle touche. Dans ce cas, c’est plus compliqué, il faut prendre du recul et assumer nos décisions. » 

Désormais, l’étudiante à la Sapienza rêve de pouvoir exercer son métier chez elle, en Tunisie et, pourquoi pas, participer à la sauvegarde du théâtre municipal de Tunis inauguré en 1902. « Il m’a toujours intrigué. Il se démarque au milieu de l’avenue Habib Bourguiba. Plus jeune, je faisais de la danse et je souhaitais me produire sur cette scène. J’y suis retournée lors d’un stage. J’adorais marcher seule dans les couloirs. J’ai été chargée de refaire l’encadrement de l’ascenseur. Ce n’était pas grand chose mais j’ai pu apporter ma pierre à l’édifice », raconte l’architecte. 

Toutefois, la sauvegarde du patrimoine n’est, pour l’instant,  « pas la priorité du gouvernement » au vu de la situation du pays. « Seules les associations tentent de préserver nos monuments », déplore Rym. Si elle n’a pas encore de projets définis, la jeune femme décide de saisir les opportunités qui se présentent à elle au jour le jour. Pourquoi pas l’Espagne ?  

« Je suis une nomade. »

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Publié le 14 avril 2019, mis à jour le 15 avril 2019

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