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VIOLENCE FAITE AUX FEMMES - Un fléau toujours d'actualité

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 15 janvier 2017, mis à jour le 16 janvier 2017

 

Un triste fait divers la semaine dernière a malheureusement remis à la une en Italie la violence faite aux femmes. Lepetitjournal.com de Rome revient sur ce tragique fait divers, et fait le point sur les chiffres de l'année 2016, l'historique des mentalités et les perspectives pour lutter contre ce fléau. 

Un fait divers terrible, une attaque à l'acide ? On a déjà entendu parler bien sûr de ce type d'agression sur les femmes, mais on les attribue à d'autres cultures, d'autres moeurs, en Inde ou au Cambodge par exemple, mais pas à côté de chez nous, à Rimini, sur la côte est de l'Italie ?

La semaine dernière, Gessica Notaro, une célèbre animatrice de télévision, a été agressée à l'acide alors qu'elle rentrait chez elle. Touchée à de nombreuses parties du corps (au visage, à la hanche, aux yeux et à la jambe), elle est actuellement à l'hôpital. Ses jours ne sont pas en danger, mais elle risque de ne jamais retrouver la vue. Elle devra notamment subir une intervention de chirurgie reconstructive. Tous les soupçons se dirigent vers son ex-compagnon, qui aurait eu du mal à digérer leur rupture. L'homme qui serait à l'origine de l'agression la harcelait depuis la séparation, et une décision de justice lui avait déjà interdit de s'approcher de la jeune femme ?

Gessica Notaro @Facebook

Gessica Notaro est une très belle jeune femme de 28 ans, en 2007, elle avait été couronnée Miss Romagne, la région où elle vit. Une victoire qui lui avait ouvert les portes de la finale du concours de Miss Italie. Elle avait ensuite décroché un travail à la télévision et oeuvrait en tant que chanteuse, danseuse et présentatrice.

L'Italie entière a été choquée par ce drame. Patrizia Mirigliani, l'une des organisatrices du concours de Miss, a déclaré dans le journal La Repubblica: « Il n'y a pas de crime pire que de détruire le visage d'une personne, pour effacer son identité, sa beauté, son sourire. Ce sont des attaques violentes qui se répètent sans cesse. » Elle faisait probablement référence à une attaque du même type, subie 3 ans plus tôt par Rosaria Aprea, une autre Miss, battue par son ex-compagnon. 

 

De même, en 2013, l'avocate Lucia Annibali a été attaquée à l'acide par deux hommes envoyés par son ancien petit ami Luca Varani, un avocat comme elle, condamné depuis à 20 ans de prison. De cette épreuve, Lucia Annibali en a tiré un livre, son autobiographie, « Io ci sono », une histoire de non-amour », portée à l'écran récemment sur la Rai. Ainsi Lucia Annibali n'est plus seulement à 39 ans la victime marquée par l'acide, mais elle est devenue une icône de courage en Italie, un symbole du combat du pays contre la violence faite aux femmes..

 

Lucia Annibali

Les chiffres de 2016 montrent qu'une femme italienne sur 3 subit des violences domestiques, à un moment de sa vie. Par ailleurs, ces violences faites aux femmes entrainent plus d'une centaine de décès chaque année - la majorité par les compagnons ou les ex-compagnons de ces femmes.

Selon l'agence de données Istat, sur une année, 3,5 millions de femmes sont victimes de harcèlement, mais seulement 22% déposent plainte ou demandent de l'aide.

Les mentalités sont dures à changer : fin 2016, un policier et un ancien boxeur célèbre ont tous deux déclaré en direct à la télévision qu'un mari pouvait tuer sa femme si elle lui était infidèle ? le public a réagi, en colère mais pas surpris : en Italie, jusqu'en 1981, le code pénal attribuait un statut spécial au crime d'honneur, et donc une certaine indulgence était l'usage dans le jugement d'homicide de femmes, filles et soeurs coupables de rapports sexuels illicites. En 2007, la Cour Supreme a statué que l'honneur était un concept obsolète. 

La violence à l'encontre des femmes a été un sujet brulant ces dernières années dans l'actualité italienne. En 2013, une loi a été adoptée par le gouvernement pour mieux protéger les femmes des violences. Elle prévoit des peines plus dures et des circonstances aggravantes, notamment en cas de violences commises devant un enfant ou sur une femme enceinte. Elle prévoit aussi que toute plainte présentée ne pourra plus être retirée et rend les poursuites obligatoires.

L'arrestation d'agresseurs surpris en flagrant délit de harcèlement ou de mauvais traitements est devenue obligatoire. Autre point important, les maris ou compagnons violents seront éloignés du domicile familial. En outre, les victimes de violences, indépendamment de leur nationalité, peuvent à présent bénéficier du soutien gratuit d'avocats.

Mais la prévention doit encore être améliorée. Le 25 novembre dernier était la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes est célébrée le 25 novembre et soutenue par l'Organisation des Nations unies. Pourquoi un 25 novembre ?  D'après l'OMS, cette journée a pour source un événement particulier, l'assassinat le 25 novembre 1960 des s?urs Mirabal en République dominicaine. Elle a aussi son site internet.

Le symbole de cette journée, ce sont les chaussures rouges : Un clin d'?il puissant, le rouge qui symbolise la violence, le sang, et en même temps l'amour, les chaussures pour représenter le chemin pour chaque femme vers la liberté? Ainsi le 25 novembre, ou le 8 mars lors de la journée internationale de la femme, de nombreuses villes italiennes accueillent chaque année des chaussures rouges ? 

        

Comme ce fait divers nous le rappelle aujourd'hui brutalement, la bataille contre ce fléau n'est pas terminée.

 

Anne Debaillon Vesque (Lepetitjournal.com de Rome) - Lundi 16 janvier 2017.

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Publié le 15 janvier 2017, mis à jour le 16 janvier 2017

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