

Les couples célèbres formés par Catherine Deneuve et Marcello Mastroianni, Monica Belluci et Vincent Cassel, ou plus récemment Laetitia Casta et Stefano Accorsi, n'y sont sans doute pas pour rien, les histoires d'amour franco-italiennes ont toujours eu dans l'imaginaire collectif une connotation glamour et romanesque... Preuve en est le couple Nicolas Sarkozy-Carla Bruni, qui a su déchainer dès sa formation en 2007 les passions journalistiques...
(photo une image du film "la cagna" avec C. Deneuve et M. Mastroianni)
Et que dire de ce couple plus anonyme unissant Sylvie et Giuseppe qui, après 50 ans de concubinage entre Monaco et l'Italie, s'est enfin uni le 25 juin 2008 à Bordighera en Ligurie, aux âges respectifs de 97 et 101 ans? Il faut préciser que, si chaque histoire est en soi particulière, ajouter la mixité de nationalités et de cultures aux relations affectives transforme souvent les vies de ces couples en épopées voyageuses, entre divergences culturelles et séduisant exotisme...
Destins croisés et histoires vagabondes, entre la France et l'Italie, et parfois même plus loin...
-Pauline, 30 ans, née près d'Agen, et Fabio 33 ans, né à Macerata dans Les Marches, se sont rencontrés à Johannesburg en Afrique du Sud en 2008, par l'intermédiaire du voisin italien de Fabio, que Pauline a connu à Helsinki en Finlande en 2002 lors d'un séjour Erasmus... Après quelques mois passés en Afrique du Sud, ils décident de s'installer ensemble à Paris. Les débuts sont difficiles, en raison notamment de la difficulté pour Fabio de parler français: pas évident alors pour lui de trouver du travail, et pour elle de partager avec lui ses amis français. Une situation qui s'est rééquilibrée avec le temps et l'apprentissage de la langue, même si Fabio souffre toujours de manger des pâtes trop cuites ou de boire des cafés trop longs! Sans compter que cette relation n'a évidemment pas que des inconvénients : au delà de nombreux voyages effectués en Italie pour voir famille et amis, le recul créé par cette diversité culturelle leur a permis à tous deux d'avoir un point de vue plus global, plus européen sur leurs propres pays, mais aussi de fréquenter plus d'étrangers en général, créant une sympathique atmosphère d'auberge espagnole chez eux!
-Françoise 36 ans, française d'origine réunionnaise, vit quant à elle en Lorraine avec un compagnon français né de parents italiens. Ils se sont rencontrés il y a 15 ans en 2ème année de fac des Sciences à Nancy, lors d'une manifestation étudiante, et se sont alors mis à étudier ensemble, poursuivant avec brio six années d'études entamées d'abord avec un moindre enthousiasme, motivés par un bonheur qu'a couronné leur mariage dans le courant de la 5ème année, et leur premier bébé la 6ème! Un second enfant est né depuis, faisant de Françoise une maman au foyer comblée. Si elle a beaucoup de mal à gérer sa belle-famille, très envahissante, avec notamment une belle-mère qui voudrait être appelée maman et choisir rideaux et assiettes du jeune couple, elle y trouve tout de même un juste équilibre par rapport à sa propre famille, où les liens familiaux sont nettement moins prononcés. Elle se félicite aussi du mélange franco-italien qui lui a donné "des enfants drôlement beaux", et de la diversité culinaire engendrée par leurs cultures diverses.
-M., 45 ans, après un divorce, un enfant avec un nouveau conjoint et une séparation, vivait en Polynésie depuis de nombreuses années lorsqu'à l'occasion d'un mariage en Italie elle a rencontré Federico, italo-suisse de 41 ans aujourd'hui, lui aussi divorcé avec un enfant. M., aujourd'hui installée à Milan, déplore des difficultés concernant l'éducation des enfants, les divergences culturelles s'ajoutant au fait qu'il s'agisse d'enfants d'unions précédentes, mais aussi le fait d'avoir du faire de nombreuses concessions pour s'adapter en Italie, avec notamment la maîtrise d'une nouvelle langue qui ne lui permet pas encore de travailler aisément, surtout dans une ville comme Milan où les relations ne sont pas faciles. Mais évidemment, les bons cotés existent aussi, comme la découverte de l'Italie avec un guide de premier choix, et l'immersion facilitée par la présence d'un conjoint "du cru"!
-Linda, jeune belge de 33 ans née de parents thaïlando-suédois, est quant à elle mariée à Kevin Enzo, né en France mais élevé dans la plus pure tradition italienne familiale. Une tradition chargée d'histoire italienne, avec des grands-parents arrivés à Lyon dans les années 20 (époque où sur les bus à Lyon il était écrit :"Interdit aux Italiens"), et bien avant cela des racines dans la province de Susa dans le nord d'un coté, et des origines qui remontent à l'époque romaine de l'autre, avec une famille qui était semble t-il le principal fournisseur de blé de l'Empire romain! Linda et Kevin se sont rencontrés il y a 7 ans à Monaco sur leur lieu de travail, lui étant physionomiste la nuit et elle manager le jour... Courtisée pendant plusieurs mois, Linda finira par succomber à son charme et acceptera finalement de l'épouser. Aujourd'hui, ils vivent en Italie, envisagent de faire un bébé et ont ouvert leur société de prestations de services de luxe. Pour eux, le choc des cultures n'a pas vraiment eu lieu, grâce à une grande ouverture d'esprit, de par les origines déjà diverses de Linda et sans doute aussi les nombreux voyages de Kevin, ayant vécu à Londres et New-York. Seul bémol peut-être, une famille italienne un peu trop élargie, entre cousins et frères de lait, dans les ramifications de laquelle Linda avoue se perdre un peu...
-Florence a, quant à elle, rencontré Domenico, né en Calabre, en 2001 à l'université d'Angers où celui-ci était venu étudier grâce au programme Erasmus. Quelques fêtes et un voyage en Bretagne plus tard, ils décident l'été suivant de partir ensemble à Dublin en Irlande, alors en plein boom économique, où ils enchaînent les jobs avant de partir découvrir le Connemara. L'année suivante, tandis que Domenico rejoint l'Italie, Florence part étudier en Belgique. Elle y restera 4 ans, jusqu'à ce que, lasse des allers-retours Belgique-Italie, elle vienne s'installer à Milan où elle vit et travaille depuis 4 ans. Des aspects négatifs de cette mixité culturelle, elle se souvient de quelques qui-proquo langagiers grotesques au début, d'une famille italienne un peu envahissante, mais aussi d'une difficulté à faire accepter à son compagnon qu'elle puisse avoir des rapports amicaux sans sous-entendus avec d'autres garçons... Ceci dit, tout comme Françoise, elle n'a pas vu que des inconvénients aux forts liens familiaux italiens: elle s'est sentie acceptée très vite, et a apprécié cette chaleur humaine qu'elle dit ne pas avoir souvent ressenti "même au sein de sa propre famille". A cela s'ajoutent de nombreuses découvertes, culinaires, culturelles et linguistiques, qui ont contribué à une ouverture d'esprit plus grande et à des points de vue élargis.
-Lisa, elle, est plutôt revenue aux sources... née en France d'un père du Frioul et d'une mère des Abruzzes, elle a grandi dans une banlieue française "mais avec dans le c?ur les saveurs italiennes"... Aussi, lors d'un séjour Erasmus à Parme, c'est tout naturellement qu'elle s'éprend d'Andrea, originaire de la Basilicata, lors d'une soirée arrosée où il officie comme barman... Au début de leur relation, Lisa a dû prouver qu'elle n'était pas seulement en quête d'exotisme et d'amusement à court terme, et aujourd'hui le couple vit ensemble à Milan; Andrea a changé de métier et Lisa travaille comme enseignante au Centre culturel français. Ils ne songent pas encore à faire des enfants, mais une foule de projets professionnels et personnels les attendent. Et si elle se plaint de devoir utiliser une langue qui n'est pas sa langue maternelle, et donc de ne pas toujours trouver les mots pour exprimer ce qu'elle ressent, lui plus basiquement se lamente de son manque de talent en matière de cuisine italienne! Heureusement, d'autres terrains les rapprochent, de la découverte de la langue et de la culture de l'autre à un humour certain, ainsi que la perspective de faire, un jour, des enfants bilingues!
Françoise quant à elle, annonce avec fierté que son compagnon, loin des clichés du macho italien, "ne crie pas, se désintéresse du foot, ne met pas trop de gel dans ses cheveux et ne bronze pas"; mais on sent une pointe d'amertume tout de même quand elle déclare qu'il s'agit donc d'"un faux"!
(dessin M.F.)
M. se plaint quant à elle d'une famille italienne trop présente et de diners quasi-obligatoires chez la mamma le week-end, difficiles à accepter pour une Française indépendante... (elle a d'ailleurs réussi à en diminuer la fréquence, concédant une visite par mois seulement!).
Même thème pour Linda, qui après sa rencontre avec Kevin a du subir l'examen d'une mamma et d'une tante très présentes (et vraisemblablement très difficiles!), examen durant lequel elle avoue avoir "triché" en demandant à voir des photos de son compagnon enfant, s'attirant tout de suite une amicale bienveillance! Un "poids" familial qui s'étend bien évidemment jusqu'à la cuisson des pâtes, qui n'égaleront jamais celles de la mamma ni de la nonna!
Mêmes constatations culinaro-familiales pour Florence, qui a vu un jour arriver les parents de Domenico avec quatre énormes valises remplies de victuailles pour remplir frigo et placards, avant de se mettre à cuisiner et à nettoyer l'appartement de fond en combles, la mamma allant même jusqu'à vouloir s'occuper de son linge!
Pour Lisa et Andrea, c'est encore une fois de culture culinaire dont il est question! Si Andrea était de prime abord horrifié à l'idée de tartiner du beurre, qui plus est salé, sur du pain à l'heure du petit déjeuner, il s'est vite laissé convaincre par l'inimitable saveur bien française du matin, et Lisa peut à nouveau manger tranquillement, sans regard inquisiteur, sa tartine beurrée!
Fleur LOUIS (www.lepetitjournal.com / milan) mardi 18 janvier 2011

































