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MIGRATIONS – Un regard nouveau sur les relations internationales

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 17 novembre 2011, mis à jour le 6 décembre 2015

En octobre dernier, la célèbre politologue française Catherine Wihtol de Wenden, invitée par l'Alliance française de Turin, tenait une conférence sur l'impact des migrations sur les relations internationales. Un sujet brûlant abordé par une spécialiste qui a également proposé quelques solutions concrètes pour sortir de l'impasse

Politologue, consultante pour l'OCDE et le Haut-Commissariat aux Réfugiés, directrice de recherche au CNRS : les centres d'intérêt de Catherine Wihtol de Wenden tournent depuis des années autour du thème des migrations et des relations internationales. Au cours de la conférence qu'elle a tenue à l'Alliance française de Turin le 27 octobre dernier, elle a invité ses auditeurs à effectuer un voyage dans le temps pour comprendre l'évolution extraordinaire subie par les migrations au cours des vingt dernières années.

Détail de la couverture du livre La globalisation humaine, de Catherine Withol de Wenden, aux éditions PUF

En vingt ans, des transformations profondes
Sans s'attarder sur les catégories de migrants aujourd'hui radicalement différentes (on est loin par exemple de la figure essentiellement masculine du dissident communiste), la conférencière a souligné deux aspects fondamentaux du phénomène. Tout d'abord, "alors qu'autrefois il était difficile de sortir de chez soi et qu'il était relativement facile d'entrer dans le pays d'accueil, aujourd'hui le système s'est inversé (pensons aux anciens pays communistes ou aux pays d'Afrique)". En second lieu, "les migrations sont aujourd'hui un phénomène global : alors qu'il y a vingt ans, le phénomène concernait essentiellement une vingtaine de pays de départ et une vingtaine de pays d'arrivée, à l'heure actuelle presque tous les pays sont concernés. Beaucoup de pays de départ, tels que l'Italie pour n'en citer qu'un, sont devenus des pays d'accueil ; un certain nombre d'entre eux sont désormais des pays de transit (il suffit de penser à la Libye ou au Maroc, par exemple)". Ces phénomènes de masse introduisent un élément de désordre dans l'ordre international.

Les migrants : un défi pour les Etats souverains
"Une des plus grandes inégalités aujourd'hui, c'est le pays où on est né. Pour échapper à la fatalité, les hommes ont conscience que la solution, c'est de migrer, qu'il faut partir pour changer de vie". Les projets individuels qui sous-tendent ces départs mettent les Etats souverains au défi. Les difficultés sont de deux ordres. "Par définition, le migrant est celui qui se joue des frontières. Il introduit la notion de transnationalisme en créant des réseaux (d'immigration clandestine, de commerce, de solidarité). Or, le contrôle des frontières est une prérogative de l'Etat". Autre problème, et de taille, celui de la définition d'une identité culturelle. "Aujourd'hui, de plus en plus, la citoyenneté devient plurielle, elle se détache de la notion de nationalité. C'est une conséquence des migrations. Mais les Etats ont souvent des réflexes sécuritaires".

Vers une gouvernance mondiale des migrations ?
Bref : d'un côté, on affirme que la libre circulation des personnes est un droit. De l'autre, on lui oppose la fermeture des frontières. En matière de migrations internationales, "nous en sommes encore au Far West. La prise de conscience des dysfonctionnements a permis depuis les années 2000 d'affirmer la nécessité de mettre en place une gouvernance mondiale des migrations pour avoir un système plus rationnel et pouvoir faire des ajustements à l'échelle mondiale". Accompagner la mobilité mondiale au lieu de l'interdire : tel est le souhait de Catherine Wihtol de Wenden qui propose des mesures concrètes, telles que l'inscription de la question des migrations à l'ordre du jour dans les G20 ou encore la construction d'espaces régionaux de libre circulation (par exemple entre les rives sud et nord de la Méditerranée) qui permettrait une diminution de l'écart de développement entre les régions concernées.


Christine Correale (www.lepetitjournal.com/Turin) lundi 31 octobre 2011

 

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Publié le 17 novembre 2011, mis à jour le 6 décembre 2015

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