Face aux fontaines restaurées en vue du Jubilée, le célèbre palais de la Renaissance que les Romains surnomment le ‘’Dé Farnèse’’, a retrouvé toute sa splendeur. Une renaissance au nom des grands architectes Sangallo, Michel-Ange, Vignole et Della Porta pour célébrer, en 2025, les 150 ans de présence française au Palais Farnèse.
Ce lundi 9 décembre, à 15h00, le public présent sur la Place Farnèse, en plein cœur de Rome, a pu redécouvrir la façade principale du célèbre Palais Farnèse sans échafaudages, à l’instar, avant elle, des façades latérales de via dei Farnesi et via del Mascherone. A l’occasion d’une cérémonie conjointe, Martin Briens, Ambassadeur de France en Italie, et Roberto Gualtieri, le maire de Rome, se sont donnés rendez-vous sur la place Farnèse : face aux fontaines restaurées en vue du Jubilée, le célèbre palais de la Renaissance que les Romains surnomment le ‘’Dé Farnèse’’, a retrouvé toute sa splendeur, avec ses couleurs chaudes et sa corniche ornée de têtes de lions réalisée par Michel-Ange.
L’Ambassade de France en Italie, l’École française de Rome et la Surintendance italienne pour l’archéologie, les beaux-arts et les paysages de Rome, ont lancé en 2021 une nouvelle campagne de restauration des façades et de la toiture du Palais Farnèse, siège de l’Ambassade de France en Italie et de l’École française de Rome. Les matériaux utilisés par les quatre illustres architectes du palais : Sangallo, Michel-Ange, Vignole et Della Porta, reviendront ainsi à leur beauté originelle. En février 2024, les travaux de restauration sont entrés dans leur troisième phase qui, comme prévu, portait sur la manutention de la façade principale qui donne sur Place Farnèse, sur la révision de ses menuiseries et sur la restauration de la toiture.
Martin Briens, Ambassadeur de France en Italie, a souligné que cette ‘’troisième phase de restauration s’achève à l’occasion des 150 ans de l’installation de l’Ambassade et de l’École française de Rome au Palais Farnèse, alors que le reste des travaux sera achevé entre 2025 et 2026’’, tout en rappelant ‘’l’investissement et l’implication de la France pour la préservation du patrimoine culturel’’.
La dernière phase de la campagne de restauration, la phase 4, portera sur le mur d’enceinte du jardin ainsi que sur les versants des toitures donnant sur la via Giulia, à l’arrière du Palais.
Le montant total des travaux est de 5,6 millions d’euros, co-financés par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
Un chantier respectant les théories de la restauration
Depuis le XVIIe siècle, plusieurs campagnes de restauration ont eu lieu au Palais Farnèse. Celle-ci se situe dans la continuité de ces opérations antérieures et notamment de l’an 2000.
Le parti pris retenu respecte les principes de restauration des monuments historiques en Italie, considérant le matériau comme une information primordiale à conserver.
Les travaux s’appliqueront au nettoyage des enduits, à la consolidation des pierres, et à la révision de la couverture en tuiles anciennes.
Un travail important est également conduit sur les menuiseries, qui seront remplacées pour retrouver, comme cela a déjà été fait sur les deux façades de la Piazza Farnese et de la via Giulia, les dessins originaux des menuiseries du XVIe siècle. La restauration du travertin et des parements en briques est prévu en parallèle de la reprise des couvertures en tuiles « à la romaine ». Quant à la couleur des façades, elle est retrouvée avec une patine d’harmonisation qui permet d’éliminer les déséquilibres excessifs entre la façade restaurée sur la Piazza Farnese et les façades latérales. Des sondages et des prélèvements seront réalisés pour déterminer scientifiquement la composition des mortiers et enduits originaux, ceci afin de s’approcher au mieux de la création originelle.
De la restauration à la valorisation
Ces grands travaux de restauration sont l’occasion pour l’Ambassade de France en Italie et l’École française de Rome de mettre en valeur le patrimoine historique et artistique du palais Farnèse. Des artistes et des chercheurs sont invités à contribuer à la connaissance et à l’appropriation de ce patrimoine unique. En ligne ou in situ, ils éclairent l’édifice sous un nouveau jour, participent à la diffusion des savoirs sur ce monument exceptionnel, et présentent les découvertes faites pendant les travaux. Pendant le projet de restauration, des artistes ont régulièrement été invités à intervenir sur les palissades du chantier, proposant au public une relecture contemporaine du Palais Farnèse et des œuvres qui ont traversé son histoire.
Street Art: un regard contemporain sur le Farnèse
L’histoire du Palais Farnèse
Les façades de pierre et de brique du Palais Farnèse portent la marque de quatre architectes qui se sont distingués à Rome : Antonio da Sangallo, Michel-Ange, Vignole et Giacomo Della Porta. Dès 1513, Antonio da Sangallo lance le chantier des maçonneries de la façade principale, alors que le palais est déjà occupé par son propriétaire, le cardinal Alexandre Farnèse. En 1546, à la mort du premier architecte, Michel-Ange reprend le chantier ; il exécute la corniche du palais, modifie la grande fenêtre de la façade principale et réalise le deuxième étage de la cour intérieure. Vignole participe à l’édification, à partir de 1550, d’une partie de la façade de la via del Mascherone. Enfin, en 1573, Giacomo Della Porta entreprend la construction de l’aile arrière et achève en 1589 la façade donnant sur le Tibre.
L’élévation des façades du palais Farnèse se déploie ainsi tout au long du XVIe siècle. À ces noms fameux, il convient d’ajouter ceux des occupants du Palais, représentés sur la façade par des symboles précis : les festons, palmes et chêne du pape Alexandre VII Chigi, les épis de blé de la dynastie des Vasa à laquelle appartient Christine de Suède, qui y a un temps séjourné, ou les lys des Farnèse. Des témoignages éclatants de la Renaissance romaine.