Après « Passerelle », un recueil de nouvelles paru en Italie en 2019, Muriel Peretti, française installée à Rome depuis vingt-cinq ans, publie son premier roman. Ecrit en italien puis traduit en français, le texte entrelace petite et grande histoire. Un vibrant hommage à la Résistance, celle du quotidien aussi.
Après des années d’écriture, en français d’abord, puis en italien ; de poésies en nouvelles [Passerelle, publié en 2019), Muriel Peretti voit son premier roman publié « Les attitudes du fleuve » (Éditions Albiana).
L’auteure corse, romaine d’adoption depuis 25 ans, s’est laissée guider par sa plume. « Initialement, je pensais écrire une biographie de mon grand-oncle, Robert Giudicelli, résistant corse », raconte Muriel Peretti. Pour cela, elle épluche ses lettres, et fait appel aux souvenirs de sa grand-mère et de sa grand-tante. Le roman prend finalement une tout autre direction. « Ma plume a introduit Andreina. Au fur et mesure, cette italienne devenue Corse s’approprie l’histoire, et devient l’héroïne », ajoute Muriel Peretti.
Sur fond d’amours, de pertes, d’exils et de trahisons, la Résistance demeure au cœur de l’histoire.
De son village natal italien, après Naples et Marseille, son arrivée tourmentée en Corse et son rôle longtemps insoupçonné auprès du résistant Robert Giudicelli, pris et assassiné à Lyon en 1944, à l’âge de 33 ans, Andreina dévide les fils de vies multiples. Celles de Robert, de Guy, Eva, Marie, Pierre et quelques autres Avec sa plume, l’auteure nous livre un roman réaliste et onirique, sensible et vibrant.
« Ecrire un roman permet d’arriver dans un imaginaire auquel on n’a jamais pensé ou enfoui. Ici, il s’agit notamment des Italiens qui occupèrent la Corse [80.000 hommes parmi lesquels des groupements de Chemises noires ont investi l’île pendant 10 mois à partir de novembre 1942], et la relation à la population qui m’a été racontée », confesse Muriel Peretti.
Des personnages à l’écriture, la France et l’Italie s’entremêlent
L’expatriée française à Rome comptait écrire en français, mais c’est de nouveau sa plume italienne, mâtinée de corse, qui s’est exprimée. Comme pour son livre Passerelle, où l’écriture en italien plutôt que dans sa langue maternelle lui apportait « une soupape de fantaisie et de liberté ».
« Adreina me parlait en italien, j’ai été obligée de la suivre ! », explique Muriel Peretti, en souriant.
M. Peretti (auteur) : "L’italien m’a donné une soupape de fantaisie"
L’auteure assure surtout « être plusieurs langues et plusieurs pays » entre le français, le corse et l’italien, sa langue de cœur.
« Come pietre di fiume » a été traduit en français, par Isabel Violante, professeur d’italien et Docteur en lettres. Un partage de mots, de sens et d’émotions s’est alors engagé entre l’auteure et sa traductrice. « Le travail d’écriture est solitaire alors que celui de la traduction est un moment d’échange et de partage. Une expérience extraordinaire », raconte Muriel Peretti.
Ironie du sort, c’est le roman traduit qui a vu le jour en premier lieu. « Les attitudes du fleuve » a été publié le 14 octobre 2024 aux Editions Albania. « Come pietre di fiume » paraîtra bientôt chez Ensemble Edizioni.