SPARTACO - Les esclaves d'hier et d'aujourd'hui

Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 avril 2017

Jusqu'au 17 septembre 2017, le musée dell'Ara Pacis abrite l'exposition SPARTACO ? Schiavi e padroni a Roma (Spartacus - Esclaves et maîtres à Rome) offrant un troublant parallèle entre la Rome antique et la société moderne. Suivez le guide ...

A travers ses onze sections rassemblant trouvailles archéologiques, photographies et ?uvres audiovisuelles, l'exposition rappelle à quel point l'esclavage à l'époque de la Rome antique était un système élaboré et parfaitement bien intégré dans le maillage social et économique. Les prisonniers de guerre, ces hommes et femmes dont les terres ont été conquises par les légions romaines, venaient alimenter ce système. Cette dure réalité d'hommes libres qui, une fois vaincus par la puissance de la machine de guerre romaine perdaient aussi bien leur liberté que leur identité, a pourtant été remise en question par le personnage de Spartacus. Figure de proue de l'exposition, Spartacus est né libre, en Thrace, puis est devenu esclave, gladiateur et chef militaire d'exception mort au combat. Il a mené la troisième révolte servile contre la République romaine entre 73 et 71 av. J.-C. avec au départ soixante-dix autres gladiateurs fugitifs auxquels se sont rajoutés plus de 120 000 hommes en quelques mois.

Les installations de l'exposition créent un parcours immersif où le public découvre les différents visages de l'esclavagisme dans la Rome antique, esclaves domestiques, esclaves aux champs, dans les mines, femmes et enfants esclaves, et enfin esclaves affranchis. Toutes les facettes d'une réalité abordée sans voile dans une exposition dont la force est justement de proposer un parallèle entre les différents types d'esclaves de la Rome antique et des photographies d'hommes, de femmes et d'enfants du 20^ème et du 21^ème siècle, en position d'esclavage. Car l'esclavage aussi inacceptable soit-il est une vérité qui existe encore aujourd'hui.

Ces hommes sans visage sont-ils moins dérangeant justement parce qu'on ne les considère pas dans leur intégrité d'homme, qu'ils perdent leur nom, leur identité et leur droit d'accès à un statut social ? Toutes les sections de l'exposition pourraient être illustrées par des exemples dans le contexte contemporain de 2017. Il y a plus de 21 millions de personnes en situation d'esclavage aujourd'hui. « Questi uomini sono schiavi. No sono essere umani » (Ces hommes sont des esclaves. Non ce sont des êtres humains) entend-on chuchoté par des voix d'enfants à travers les haut-parleurs de l'une des salles de l'exposition, une réalité à ne pas oublier.