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FORTUNATA - La fatalité à la romaine

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 6 juin 2017, mis à jour le 6 juin 2017

Fortunata, du réalisateur Sergio Castellitto, est actuellement sur les écrans italiens. Son actrice, Jasmine Trinca, vient d'obtenir le Prix d'interprétation féminine à Cannes dans la sélection Un certain regard. Un film poignant, qui nous emmène dans le quartier de Rebibbia, pour le meilleur et pour le pire...

Ce n'est pas un coup d'essai pour le couple du réalisateur Sergio Castellitto et de sa femme Margaret Mazzantini, écrivaine et scénariste ; depuis bientôt vingt ans, leur collaboration a porté sur scène et à l'écran des ?uvres populaires comme Ecoute-moi (2004) ou Venir au Monde (2012) qui met à l'affiche leur fils Pietro. Mais à ce jour, Fortunata est certainement leur collaboration la plus réussie.

 

Ce succès, ils le doivent grandement à Jasmine Trinca, l'interprète du rôle-titre, qui a d'ailleurs reçu le Prix d'interprétation féminine dans la sélection Un Certain de Regard du Festival de Cannes 2017. Révélée en 2001 dans la Chambre du Fils réalisé par Nanni Morreti, Jasmine Trinca y partageait déjà l'affiche avec Stefano Accorsi qu'elle retrouve quelques années plus tard sur le tournage de Romanzo Criminale et aujourd'hui dans Fortunata

Fortunata, un nom bien ironique pour cette femme malmenée pour le destin. « Sono la parrucchiera » (C'est la coiffeuse) répète-elle devant des portes qui ne s'ouvrent pas toujours. Pourtant elle ne perd pas espoir. Sa vie, son travail, son entourage, tout cela semble être fatalement lié et emporté par un destin que les personnages n'ont pas choisi.

« Mortacci tua! » Le dialecte romain qui inonde le film nous rappelle sans cesse que l'action se passe dans le quartier populaire de Rebibbia au nord-est de la capitale italienne. Le psychologue incarné par Stefano Accorsi échappe à cette réalité avec son italien classique. Il est l'intrus qui vient bousculer encore plus de destin de Fortunata et de sa fille. Pourtant il se retrouve lui-même entrainé dans cette tourmente inattendue. 

 

Bien que l'intrigue soit quelque fois difficile, Castellitto offre aux spectateurs un rendu visuel très esthétique qui atténue les violences et injustices qui ponctuent la vie de cette femme. Le plan séquence de la première scène en est un bel exemple : la caméra avance le long du couloir alors que Fortunata et sa fille se préparent et font des allers-retours entre la salle de bain, la chambre et la cuisine. Alors que l'on ne voit pas encore leurs visages, on sait déjà que la petite est le modèle réduit de la mère. Même jupe, même débardeur, mêmes chaussures, même allure en définitive.

Les relations parent-enfant sont au c?ur de l'histoire. Et cela ne se limite pas à Fortunata et à sa fille Barbara merveilleusement interprétée par Nicole Centanni. Le duo mère-fils des « due tedeschi » Hanna Schygulla (Agata) et Alessandro Borghi (Paolo) donne une dimension presque mythique à l'?uvre. A travers ses hallucinations, la mère Agata, atteinte de la maladie d'Alzheimer invoque sans cesse le personnage d'Antigone comme si la fatalité de la tragédie grecque faisait irruption dans le quotidien des habitants de Rebibbia.


Emma Granier  (Lepetitjournal.com de Rome) - Mercredi 7 juin 2017.

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Publié le 6 juin 2017, mis à jour le 6 juin 2017

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