Une île au large de la Sicile, un mariage imminent, une attirance inattendue, c'est l'histoire que nous propose Rolando Colla dans son nouveau film, 7 giorno (Sept jours). Le réalisateur suisse d'origine italienne a choisi un sujet personnel, l'histoire d'un homme qui approche de la moitié de sa vie, qui ne croit plus en l'amour et surtout en sa propre capacité d'aimer.
Sept jours, c'est le temps dont dispose le français Ivan (Bruno Todeschini) pour préparer le mariage de son frère, aidé de l'italienne Chiara (Alessia Barela), meilleure amie de la future mariée. Chiara et Ivan sont tous les deux envoyés à Levanzo, cette île à l'écart de la société où le frère d'Ivan rêve de se marier. Une idée fixe qui le travaille depuis plusieurs années. Or, si Levanzo peut avoir beaucoup de charme, préparer une cérémonie et une réception avec les moyens disponibles sur l'île relève du challenge pour ces deux nouveaux venus.
Ivan est un botaniste à la mine renfrognée et au regard un peu abattu au début du film. Lorsqu'il appelle son frère et sa future belle-s?ur, dans les premières scènes du film, on sent bien la résignation et le manque de motivation face à la montagne de travail qui les attend pour préparer le mariage. Mais petit à petit, ce mariage devient quelque chose qui lui tient à c?ur, une sorte de challenge obsessionnel ; peut-être simplement parce qu'il n'est pas seul dans l'histoire.
« Vous êtes couturière ?
- Non, costumière »
C'est ainsi que s'installe une relation d'abord proche du rapport de force entre les deux personnages. Chiara n'hésite pas à le contredire et à lui tenir tête. Elle émane une force intérieure qui ne laisse pas Ivan indifférent. Evidemment le contexte proche du huis-clos aide et les deux personnages se rapprochent sans cesse l'un de l'autre notamment dans les scènes en milieu aquatique, dans la piscine ou dans la mer. Cette attirance chamboule les modèles amoureux auxquels Ivan comme Chiara sont habitués. L'un toujours déçu ne veut plus voir l'amour mourir et vit dans fugitivité de la passion. L'autre a choisi depuis longtemps de mettre la passion de côté pour un amour rationnel, de circonstance voire peut-être même d'habitude.
Après quatre semaines d'essais, l'équipe du film est revenue sur l'île pour huit semaines de tournage. C'est un lieu abandonné par la modernité où on ne trouve ni distributeur de billets, ni pharmacie. Il n'y a qu'un seul endroit où prendre un repas et où accéder à une connexion internet. « Il n'y a pas de divertissements, pas de sorties, donc il faut être bien avec soi-même quand on va passer du temps dans ce genre d'endroit » nous explique l'actrice principale, Alessia Barela. Mais cela a également contribué à créer une atmosphère spéciale qui était nécessaire pour raconter cette histoire entre les deux personnages. Leurs vies doivent s'arrêter et ils doivent prendre le temps de s'observer et de se connaître.
Les deux acteurs étaient sur la même longueur d'onde et cela a grandement contribué à la qualité du film. Dans les mots d'Alessia Barela, Bruno Todeschini est « une personne authentique, libre et manifestant une sensibilité presque féminine dans un corps d'une résistance et d'une force exceptionnelles ». Même si le personnage d'Ivan peut irriter à certains moments du film par ses accès de colère et son manque d'empathie voire de maturité. On comprend que c'est simplement parce qu'il ne s'est pas encore autorisé à être heureux mais que cela peut changer. Ce film nous offre une belle réflexion sur l'amour et ses manifestations entre un homme qui n'a pas encore guéri des blessures de ses histoires passées et une femme qui semble avoir mis la passion de côté pour la raison. A voir en Italie à partir du 24 août !
Emma Granier (lepetitjournal.com de Rome) - Mardi 1er août 2017
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