Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

REFUGIES CLIMATIQUES – Quel statut pour les migrants de l'environnement ?

La crise écologique tant attendue, tant discutée fait aujourd'hui partie du quotidien de millions d'habitants de la planète : intempéries, tremblements de terre, sécheresse, cyclones ? Parmi toutes ces catastrophes naturelles, une tragédie humaine commence à faire débat à son tour : le statut des "réfugiés climatiques"

(Rédaction internationale) - Le phénomène de la migration climatique est déjà visible dans le monde entier, en particulier au Bangladesh (AFP) ou encore dans certaines îles du pacifique. La reconnaissance de cette catastrophe humanitaire n'en est, elle, qu'à ses balbutiements. Le gouvernement des Maldives, de plus en plus inquiet par la montée des eaux, a dénoncé, samedi dernier, le réchauffement climatique en tenant une réunion exceptionnelle 6 mètres sous l'eau. Cet événement symbolique pourrait pourtant bientôt devenir réalité pour les 400.000 habitants de l'île. Selon l'ONU, 20 millions de personnes en 2008 se seraient déjà déplacées à cause de phénomènes liés au réchauffement climatique. En 2050, ils seront 100 fois plus.

Un flou juridique
"Le cadre juridique actuel ne permet pas de prendre en compte les migrations provoquées par le changement climatique", résume Charles Ehrhart, responsable de cette question à l'ONG Care. Ce nouveau type d'exilé ne bénéficie en effet pas des même droits que ceux accordés à une personne réfugiée qui, selon la définition de la convention de Genève de 1951, est "persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques". Si la migration est un déchirement aussi bien pour les personnes demandant l'asile politique que pour celles forcées de quitter leurs terres inondées ou ravagées par les vents, les éco-réfugiés sont bien loin d'obtenir la même reconnaissance.

Une situation ambiguë
Il semble en effet plus ardu de vérifier si la migration climatique est réellement forcée par un événement naturel ou simplement poussée par une volonté de retrouver de meilleures conditions de vie. Autre complication : pour leur majorité, ces "réfugiés"ne n'en sont pas vraiment. Ils ne font en fait que se "déplacer"dans une autre partie d'un même pays, une situation cependant tout aussi problématique. "Des gens vont devoir quitter leur terre et aller ailleurs, et on leur dira "Non, pas ici, c'est chez nous", et il y aura des batailles, des guerres civiles. C'est un grand problème de sécurité dans le Pacifique", souligne Ulamila Kurai Wragg, coordinatrice de l'association féminine Pacific Wave, basée sur les îles Cook. Si l'ONU encadre depuis 1998 la prise en charge des migrants nationaux par des "principes directeurs", ceux-ci sont non contraignants et il faudra user de beaucoup de diplomatie avant que toutes les nations intègrent ces règles dans leur législation nationale.

Les Etats riches ne veulent pas en payer le prix
Les pays du Nord freinent en tout cas de tout leur poids pour que ce flou juridique ne soit pas levé. Les pays occidentaux craignent d'être tenus responsables du réchauffement climatique et donc d'accueillir ses victimes. Ils redoutent également que la reconnaissance de la migration climatique ne rende les conditions migratoires plus favorables à d'autres candidats au départ. L'enjeu est en tout cas de taille pour les petites nations. Le Kiribati a ainsi déjà demandé à la Nouvelle-Zélande et à l'Australie voisines d'ouvrir leurs frontières à ses ressortissants. Les Maldives et le Bangladesh ont, quant à eux, exigé que le problème des déplacements forcés soit à l'ordre du jour du sommet de Copenhague (7 au 18 décembre prochain) et que les pays occidentaux soient obligés de s'acquitter d'une compensation.    
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 20 octobre 2009

En savoir plus  
Article du Monde, Les réfugiés climatiques en quête de statut juridique

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions