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Anne-Manuelle Gaillet : "Micro²Milan a aidé 23 entreprises à se créer"

Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 27 juin 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

Installée en Italie depuis 27 ans, Anne-Manuelle Gaillet, vice-présidente de l'association Positive Planet Italie, nous explique l'importance et le fonctionnement du projet Micro²Milan dans le contexte actuel de la capitale lombarde, un Guichet inspiré du modèle français, qui offre un service professionnel et gratuit d'assistance à la création de micro-entreprises.

Lepetitjournal.com/Milan : En plus de votre métier d'avocat, vous êtes vice-présidente de la CCI France Italie  et vice-présidente de Positive Planet Italie. Quel est le rôle de cette association ?
Anne-Manuelle Gaillet : Positive Planet est né de la transformation de PlaNet Finance, créée en 1998 par Jacques Attali pour lutter contre la pauvreté dans le monde en aidant à développer la capacité des personnes à accéder à l'auto-entreprenariat  et donc à un revenu, notamment par le biais de l'accès à la culture financière et à travers l'inclusion financière et le microcrédit. Aujourd'hui, grâce à ses antennes locales, Positive Planet développe dans plus de 40 pays des projets d'accompagnement centrés sur l'entreprenariat, l'éducation, l'insertion financière et les chaînes de valeur avec un horizon de long terme dans le respect des générations futures.

En Italie, l'association est née en 2000 à Milan. Un exemple de projet qui y a été développé ?
Je rappelle avant tout que le but de Positive Planet dans les pays développés est de lever des fonds auprès d'entreprises sur des projets étant en lien avec leur c?ur d'activité. L'entreprise n'intervient  pas seulement comme donneur dans une optique philanthrope mais dans le cadre d'un projet  lié à son activité et qui s'inscrit donc dans  un programme de responsabilité sociale d'entreprise et d'économie positive.
Pour ne donner qu'un exemple, Positive Planet Italia a mis en place un beau projet avec Pernod Ricard Italie il y a 5 ou 6 ans qui a consisté à aider une coopérative en Inde de femmes cultivatrice sd'épices nécessaires à la fabrication de la liqueur Ramazzotti.  Au lieu de se fournir auprès de différents fournisseurs, grandes multinationales du secteur, Pernod Ricard est allé directement au bout de la chaîne en se fournissant auprès de cette coopérative indienne avec un contrat de longue durée d'approvisionnement en épices, en aidant de la même façon tout un village à améliorer ses conditions de vie.

Une action concernant directement l'Italie, Milan ?
Justement, au bout d'un certain temps, les bailleurs de fonds et certains opérateurs considéraient qu'il manquait peut-être une attention au territoire, que Positive Planet Italia n'était qu'un bras avancé de Planet France en Italie pour récolter des fonds en Italie pour des projets qui devaient se développer ailleurs. D'où l'idée de transposer le programme français des Adam (Agences de détection et d'accompagnement du mircroentreprenariat). En 2014, on a ainsi lancé Micro²Milan, une sorte d'Adam italienne. En clair, le concept est un Guichet d'accompagnement à la création de micro-entreprise. Partenaire de la Municipalité de Milan, notamment grâce à une présence physique dans les bureaux de la comune viale Zara, le Guichet est aussi conventionné avec un certain nombres d'organismes officiels tel que  la Fondazione Welfare Ambrosiano. Cette Fondation accorde sa garantie aux personnes exclues du système de financement traditionnel, leur permettant d'accéder au microcrédit dès lors que leur projet entrepreneurial est accompagné par le Guichet.

Concrètement, quel est le rôle du Guichet ?
Une personne arrive avec une idée. Le Guichet l'aide à la clarifier, à élaborer une étude de marché, le business plan et la recherche de financement. L'établissement de crédit est rassuré que l'entrepreneur soit accompagné dans son projet, cela offre des garanties de sérieux notamment grâce au soutien de la Fondation Welfare Ambrosiano. L'accompagnement, le suivi, se poursuit pendant 12 mois après la création de l'entreprise.

Du fait du ralentissement économique qu'a connu Milan ces dernières années, êtes-vous beaucoup sollicités ?
En effet, la zone de Milan, toujours connue comme une zone animée par un fort esprit d'initiative et d'entreprenariat a connu une détérioration progressive du marché de l'emploi du fait de la crise économique. La nécessité d'un emploi durable qui favorise l'insertion sociale est à la base du programme. Depuis septembre 2014, nous avons aidé 23 entreprises à se créer sur 227 projets accueillis et 6 projets sont actuellement en cours d'accompagnement. Tous les domaines sont concernés. Il y a eu par exemple la création d'un magasin spécialisé dans la vente de produits de cosmétiques biologiques et naturels, un magasin de détergents en vrac, un glacier artisanal, un salon de tatouage, un e-commerce de vente de bijoux?

Et quelles sont les perspectives ?
Aujourd'hui nous n'avons qu'une seule personne employée au Guichet, un jeune Bocconien. Sans compter tous ceux qui donnent de leur temps comme des membres du Rotary ou le cabinet Pirola pour du conseil juridique et fiscal pro bono. Il nous faudrait 5 personnes pour pouvoir démultiplier le nombre d'entreprises créées.  En France, on compte 21  Adam qui créent 1.000 entreprises par an. Les ressources matérielles, on arrive à les obtenir, à se les faire donner.
Il nous manque des partenaires financiers pour permettre de renforcer le guichet en employant d'autres personnes. Mais aussi des bonnes volontés : des personnes qui ont des compétences et du temps, par exemple pourquoi pas des conjoints d'expatriés qui ne sont peut-être pas occupés à temps-plein mais qui ont de réelles compétences, que ce soit pour lever des fonds ou encore mener une campagne de sensibilisation sur le territoire. Si cela peut être un appel au soutien, cela serait bien !

Changeons de sujet? Après 27 ans passés en Italie, qu'est-ce qui vous agace le plus dans ce pays ?
Les comparaisons avec les Français, la compétition dans tous les domaines : gastronomie, mode? Ce n'est pas la France contre l'Italie ! La question : « tu préfères quoi ? » (la France ou l'Italie ?) m'agace aussi beaucoup. Vivre en Italie ne veut pas dire vivre sans la France. Je ne veux pas préférer car je ne veux pas choisir. Je veux additionner et multiplier.

Et qu'est-ce qui vous réjouit le plus ?
La bonne humeur, la gaieté et l'humanité des Italiens. L'affectif aussi, qui imprègne très fortement la relation aussi bien personnelle que professionnelle. Il y a presque toujours de l'affectif et de l'humain dans une relation de travail en Italie.

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Marie-Astrid Roy (www.lepetitjournal.com/Milan) ? Mercredi 28 juin 2017

Crédit photo: M.-A.R. pour LPJ Milan

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Publié le 27 juin 2017, mis à jour le 7 janvier 2018

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