Sans doute inspiré des carnets de Leonardo da Vinci, Giuseppe Arcimboldo par ses portraits d’une rare originalité a fasciné les cours de l’Europe...et la langue française !
Le refrain selon lequel nous devons chaque jour, manger 5 fruits et légumes a sans doute été entendu par le peintre maniériste Giuseppe Arcimboldo !
Sans doute inspiré des carnets de Leonardo da Vinci, Giuseppe par ses portraits d’une rare originalité a fasciné les cours de l’Europe. Plusieurs artistes de la Renaissance dont Leonardo et Jérôme Bosch s’étaient déjà intéressés aux faciès monstrueux, aux portraits déformés ainsi qu'aux compositions à base d'éléments détournés.
Arcimboldo a été particulièrement apprécié par les surréalistes, adeptes des jeux de mots visuels comme André Breton qui le reconnaît comme le “fondateur du surréalisme”.
Arcimboldo, un artiste atypique
Ce faiseur de merveilles loue l’hymne à l’imaginaire créant des illusions d’optiques avec fruits, légumes, fleurs pour portraiturer les quatre saisons. Chacune d’elle est personnifiée avec des éléments de la nature qui poussent à l’époque choisie. "Le printemps" (huile sur toile : 76 x 63,5 cm 1573 - au Louvre ) par exemple, est représenté par un jeune homme-fleurs sur fond noir dont le profil est composé d’éléments floraux très diversifiés. Les 4 saisons représentent les 4 âges de la vie et soulignent l’importance du temps qui passe. Le temps modifie la nature mais bien évidemment l'apparence des personnes.
Qui est Arcimboldo, peintre milanais ?
L’artiste est né à Milan dans le duché de Milan vers 1527 et serait issu d’une famille de peintres d’origine noble.
Il commence à travailler avec son père, artisan peintre à la cathédrale de Milan. Il se fait connaître et est appelé à Prague en 1562 au service de Ferdinand I er du Saint-Empire pour être portraitiste de la famille impériale. Le plus connu de ses tableaux est le Portrait de Maximilien II de Habsbourg et de sa famille, peint en 1563. Il devient le peintre officiel de la cour.
Il commence alors à peindre la première série des quatre saisons et laisse éclater un art original. Ces têtes composées de fruits, de légumes et des fleurs symbolisent les saisons. D’autres portraits mêlent animaux et objets : les quatre éléments - le feu et l’eau de 1566 se trouvent au Kunsthistorische Museum de Vienne ou encore des personnifications de métiers comme le bibliothécaire dont le visage est composé de livres, d’un plumeau et de ciseaux en guise de lunettes. Il y a également l’avocat et le jardinier.
Lui a été confié également l’organisation des fêtes et des spectacles de la cour de Maximilien II.
En 1587, il obtient l’autorisation de retourner en Italie pour y finir ses jours, promettant de continuer à peindre. Flora sera l’un de ses derniers tableaux.
Rentré à Milan, il est promu au rang de comte palatin et meurt le 11 juillet 1593.
Un style inclassable
Avait-il des modèles ? Nul ne peut l’affirmer mais en revanche, son art nous fait rentrer dans le labyrinthe des songes qu’il est nécessaire de décrypter. Il a su décloisonner les motifs de l’art, casser les cadres jusque-là imposés à la peinture. Il reste inclassable, même s’il appartient au mouvement maniériste, au sens d’une touche caractéristique de la peinture en opposition avec la règle d’imitation de la nature. Il utilise en cela un jeu de codes et de symboles troubles.
Il est considéré comme un novateur dans la façon de présenter ses portraits. On peut à la fois voir le détail et le tout. Son chef d'œuvre est le portrait de Rodolphe II déguisé en Vertumne qui est une composition uniquement de végétaux.
La postérité d’Arcimboldo… dans la langue française
S’il n’a pas eu d’élève, il a inspiré de nombreux artistes comme Magritte, Chirico, Bacon.
Il laisse une trentaine de tableaux et une sculpture : Hercule qui protège un jardin.
Selon Roland Barthes, les œuvres de l’artiste seraient langagières. Ce qui voudrait dire qu’il utilisait de nombreuses analogies entre le corps humain et les éléments naturels. Selon le critique, la langue française aurait conservé certaines de ces expressions : la prunelle des yeux, un sourire de banane, des cheveux en épi, des fesses en gousse d’ail, une patate de nez, la pomme d’Adam.
Tous ces jeux de mots et toutes ces analogies ont bien évidemment fasciné les surréalistes.
On pourrait aussi s'étonner d’un tableau peint en 1595 représentant le portrait d’une fillette couverte de poils qui s’appelait Antonietta Gonsalvus, que l’on peut voir au château de Blois. Dans le même esprit que les portraits d’Arcimboldo, le visage de cette enfant atteinte d’hypertrichose était une curiosité pour l’époque. Ce portrait d’ailleurs va inspirer le conte de La belle et la bête.