Alors que le secteur de l’automobile enregistre une croissance constante en Italie, le pays devient le 3ème marché de Renault. Rencontre avec Bernard Chrétien, directeur général du groupe Renault Italie, qui nous déchiffre les raisons de ce secteur florissant.
LePetitJournal/Milan : Le nombre d’immatriculations a encore fait un bond en avant en Italie en 2017. Comment expliquer cette croissance quasi continue ?
Le nombre de ventes a augmenté de 6,8 % l’année dernière en Italie, marquant ainsi une croissance soutenue, très forte sur plusieurs années. Le marché de l’automobile a même retrouvé un niveau qui correspond aux bonnes années d’il y a 10 ans environ. Auparavant, les années fortes étaient liées à des opérations à caractère de soutien de la part du gouvernement, comme la prime à la casse. En l’absence d’opération, on peut dire que le marché des véhicules de particuliers a retrouvé un excellent niveau.
Le marché se porte si bien que l’Italie est en tête des pays européens pour sa densité automobile, avec 616 voitures pour 1.000 habitants, alors que la France est 15ème, avec 478 voitures pour 1.000 habitants. Pourquoi ?
En effet, en 2017, seul le Luxembourg est supérieur à l’Italie avec 661 véhicules pour 1.000 habitants. L’Italie est donc l’un des pays de la Vieille Europe les plus denses. Et cela depuis longtemps. La première explication serait que le niveau de transports publics italiens est inférieur à de nombreux autres pays. L’Italie a ainsi développé l’automobile plus que d’autres territoires. Par ailleurs, la configuration du pays est très longue donc l’automobile est un moyen de transport très intéressant.
Enfin, et malheureusement, l’Italie est aussi le marché de l’Europe où les véhicules sont les plus anciens : 1 sur 3 dépasse les 10 ans d’âge.
Cela pose la question de la pollution… Comment se porte le marché des véhicules électriques et hybrides en Italie ?
Le marché s’est fortement développé l’année passée avec une croissance de 70%. Reste que l’ensemble électrique et hybride n’atteint même pas 3,5% du marché global en Italie. Il reste donc encore très marginal. Surtout comparé au marché des voitures électriques en France, qui est l’un des plus développés d’Europe, grâce cependant aux aides de l’Etat.
Quelle est l’image des voitures françaises en Italie ? Car comme pour la gastronomie et la mode, n’existe-t-il pas une certaine rivalité ?
C’est vrai mais c’est d’ordre secondaire. Car le1er critère de choix d’un véhicule n’est pas la nationalité liée à la marque. Avant cela, les clients considèrent notamment le design, le prix, la performance.
Mais ensuite, les hésitations seront majeures entre les marques françaises car il est vrai qu’il existe des points communs entre ces trois marques : trois marques dites « généralistes », c’est-à-dire qu’elles proposent une gamme étendue qui s’adresse à un large public, trois marques qui promeuvent les notions de confort, de créativité et d’attention aux coûts.
Et parmi les ventes de voitures françaises en Italie, Renault ne s’est jamais portée aussi bien en 2017. Comment expliquer que l’Italie est devenu le 3ème marché de Renault après la France et l’Allemagne ?
Le Groupe Renault, à savoir Renault plus Dacia, a effectivement enregistré un record des ventes en 2017 avec 215.035 véhicules vendus dans la Péninsule, notamment grâce au lancement de nombreux modèles dans des segments différents : des petites voitures aux SUV. Et c’est la Clio qui séduit le plus. Elle a conquis 53.690 automobilistes l’année dernière, l’érigeant comme la voiture étrangère la plus vendue d’Italie, devant la nouvelle Citroën C3 vendue à 48.000 exemplaires environ.
Quant à vous, vous êtes de nouveau en Italie après une « pause » de vingt ans environ. Avez-vous noté une évolution ?
Après Bruxelles, Zurich, Ljubljana notamment, cela fait près de 5 ans que je suis revenu à Rome, après y avoir travaillé – toujours pour Renault – dans les années 90. Et la via Tiburtina est toujours en travaux ! Plaisanterie à part, on peut souligner que le mode de distribution dans le secteur de l’automobile a conservé sa structure fondamentale, un réseau de concessionnaires, mais que celui-ci s’est considérablement transformé et modernisé notamment au profit de la relation client.