Pour inaugurer notre nouveau « rendez-vous économique » mensuel, rencontre avec David Hubert-Delisle, nouveau directeur de Business France en Italie, pour approfondir les rapports économiques entre la France et l’Italie. Et leur probable évolution.
LePetitJournal/Milan : Pouvez-vous vous présenter et rappeler la mission de Business France ?
David Hubert-Delisle : J’ai découvert Milan fin août pour remplacer Didier Bourguignon, parti à la retraite. Auparavant, je suis longtemps resté au siège de Business France, à son comité exécutif. J’ai en outre un long parcours hors de France et sur les métiers de l’investissement international en ayant été en poste pour les pays germaniques, ceux nordiques et encore avant pour l’Outre-mer français dans le Pacifique et l’océan indien.
Quant à Business France, il s’agit d’un établissement public financé pour moitié par l’Etat français, dont la mission est de participer à l’internationalisation de l’économie française. Cela sous 2 aspects : le développement des entreprises françaises vers les marchés extérieurs, que ce soit en implantation ou en développement des courants d’exportation, et l’accompagnement des entreprises étrangères vers la France. Concrètement, en Italie, nous accompagnons les entreprises italiennes qui créent en France des filiales, des usines, des centres de recherche ou encore qui rachètent en France des entreprises en bonne santé ou défaillantes.
Vous allez donc à la rencontre des entreprises italiennes pour vanter les mérites de la France en quelque sorte ?
Ces 2 missions s’accompagnent bien entendu d’une mission de communication sur la France qui change, qui s’améliore et qui devient plus attractive. Aussi, tous les ans, on rencontre individuellement 400 entreprises italiennes pour leur proposer des accompagnements individualisés vers l’Hexagone. Pour cela, on ne cible pas l’Italie ou ses régions, mais les entreprises qui bougent. Et la géographie des entreprises qui bougent change, parce que l’économie change. Beaucoup de choses se passent à Naples sur les technologies de l’information par exemple.
Et quels sont rapports économiques entre la France et l’Italie en 2017 ?
Il s’agit de deux économies majeures de l’Union Européenne donc les échanges entre les deux pays restent importants et équilibrés en terme d’investissements croisés. Avec trois entreprises italiennes s’implantant en France chaque semaine, l’Hexagone accapare un tiers de l’investissement étranger italien. Au total, plus de 2.000 entreprises italiennes sont implantées en France et y emploient plus de 100.000 personnes. Et particulièrement dans les secteurs des parfums et cosmétiques où l’Italie représente près de la moitié des investissements étrangers.
En terme de volume, quelles sont les régions plébiscitées ?
C’est l’Italie du Nord qui investit en France de manière prépondérante : plus de la moitié des investissements proviennent de la Lombardie et du Piémont. Mais on observe quand même une belle croissance du Sud. Ces investissements irriguent un peu toutes les régions françaises, pas seulement l’Ile de France et la région Rhône Alpes. Et cela notamment au travers d’acquisitions d’entreprises françaises par des sociétés italiennes. Ces entreprises italiennes sont extrêmement attirées par la fait d’ « aller vite » en France et donc par le rachat d’entités déjà existantes.
Les nouvelles lois Macron sur le travail et la fiscalité devraient-elles jouer un rôle dans ces rapports ?
Les chiffres étaient déjà bons mais les entreprises souhaitent toujours plus de simplicité, de prévisibilité et bien entendu des coûts plus faibles. Sur tous ces points, la loi travail et l’amélioration des relations sociales dans l’entreprise, les accords au niveau des entreprises plutôt que des branches ou encore l’encadrement et l’économie réglementée, renforcent certainement l’attractivité de notre pays et engendre plus d’appétence de la France.
Cela se traduira très probablement par une intensification du mouvement des investissements croisés. Par ailleurs, une meilleure santé générale des entreprises françaises en France va permettre à ces dernières de transformer leur savoir-faire en flux export et donc en emploi en France.
Toujours dans l’actualité, que va changer le Brexit pour les investissements entre la France et l’Italie ?
Le Brexit change la donne globale. Dans l’Union Européenne, le Royaume Uni était le premier pays d’accueil des investissements étrangers (environ 1.500). En France, on est autour de 1.000 à 1.200 et l’Allemagne se trouve plus ou moins au même niveau. Dès lors que le premier acteur sort du jeu, forcément il y aura une nouvelle répartition.
Certaines entreprises italiennes qui étaient très présentes au Royaume-Uni ne pourront plus fonctionner dans leur business model initial. Cela créé une brèche, un doute. Et c’est là que notre travail de commercial doit les convaincre que la France est très bien !
Depuis votre arrivée en septembre, quelles sont les nouveautés de Business France en Italie ?
Les performances étaient déjà excellentes mais on réfléchit pour réaliser davantage d’efficience. Par ailleurs, Milan a été choisie comme hub, soit comme siège régional pour la « Méditerranée-Est ». Auparavant l’Italie gérait l’Italie uniquement. Elle gère donc désormais 11 pays avec des bureaux dans 4 pays de la zone. Milan compte une trentaine de personnes, la Grèce 4, la Turquie et Israël une petite dizaine de personnes. Ces deux derniers pays disposent chacun de plus de 100 entreprises implantées en France.