Un quotidien italien rédigé de bout en bout par l’IA, le pari de "Il Foglio"

Un quotidien rédigé entièrement par une intelligence artificielle, c’est le pari lancé par Claudio Cerasa, directeur du quotidien milanais Il Foglio. Depuis le 18 mars et pendant un mois, le journal consacre chaque matin quatre pages à une vingtaine d’articles rédigés entièrement par ChatGPT Pro. Se targuant d’être le premier quotidien au monde à expérimenter un journal sans journalistes (ou presque), le directeur se contente d’indiquer chaque soir avant le bouclage les sujets d’articles à l’IA, en précisant les angles, longueurs à respecter, de même que le ton et le style. Instantanément l’IA fournit des papiers suivant la ligne du journal. “L’idée est de faire passer l’intelligence artificielle de l’état gazeux à l’état solide ! De pouvoir la toucher, la rendre tangible !” précise Claudio Cerasa dans son éditorial du 17 mars. Il s’agit surtout de questionner le pouvoir autant que les limites de l’IA, afin de redéfinir le rôle et la plus-value du véritable journaliste.
"S’il y a trop d’erreurs, nous changeons d’article, s’il y en a peu, nous les laissons, car nous voulons montrer quelles sont les limites", précise le directeur, cité dans Libération.

Jusqu’à présent, les articles générés par ChatGPT apparaissent clairs et bien organisés, se conformant à l’exercice journalistique, allant parfois jusqu’à inclure des pointes d’ironie. Si l’outil ne permet pas de dénicher des scoops, il semble en revanche performant dans l’analyse de situations allant de la politique internationale et italienne à la culture, en passant par les sujets de société.

Ces articles générés par l’IA ne contiennent néanmoins aucune citation directe de personnes réelles, montrant l’absence de travail de terrain.

Autre limite de ChatGPT dans le rôle de journaliste : l’IA a commis une bévue majeure dans les colonnes de Il Foglio, et sans explication apparente, avec l’invention de toute pièce d’un fait divers dans le cadre d’un article portant sur la question antisémite.
Un véritable danger puisqu’elle peut propager des informations biaisées ou erronées si elle s’appuie sur des sources non vérifiées, compromettant ainsi la qualité et la fiabilité de l’information.