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L’Italie déclare l’état d'urgence à Ischia après un glissement de terrain dévastateur

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Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 27 novembre 2022

Le gouvernement italien a proclamé dimanche l’état d’urgence pour l’île d’Ischia, dévastée la veille par un glissement de terrain qui a fait au moins sept mort et cinq disparus. Une catastrophe qui pointe du doigt le manque de respect des règles urbanisme dans la région.


La station thermale de Casamicciola Terme, au nord de l’île d’Ischia au large de Naples (Campanie), a été touchée samedi par une pluie diluvienne record, qui en six heures, a entraîné un tragique glissement terrain. Selon les médias italiens, les corps de sept victimes ont été retrouvés dimanche après-midi, alors que cinq autres personnes résultent encore disparues.
Réuni de manière extraordinaire en conseil des ministres dimanche, le gouvernement a proclamé l’état d’urgence. La mesure permet d’accélérer les procédures et la mobilisation de moyens, telle que l’enveloppe de deux millions d’euros débloquée à l’issue de la réunion.

 

rue dévastée par la boue


Une succession de catastrophes naturelles

La luxuriante île d’Ischia, plébiscitée par les touristes l’été, n’en est pas à sa première catastrophe naturelle. En 2017, un tremblement de terre avait fait deux morts. En 1883, un autre tremblement de terre bien plus violent, avait en revanche complètement détruit l’île et causé la mort de plus de 2.000 personnes.
La zone de Casamicciola Terme en particulier, a longtemps été décrite comme particulièrement problématique, comme d’autres sur l’île, en raison du terrain volcanique qui lorsqu'il absorbe beaucoup d'eau, peut se détacher et créer des glissements de terrain de boue, de débris et de roches. Depuis 1900, une douzaine d'événements similaires ont eu lieu, la plupart autour de Casamicciola. Le dernier glissement de terrain date de 2009 : une coulée de boue et de débris a submergé et tué une jeune fille de quatorze ans.

 

Accélération des phénomènes climatiques extrêmes

Selon le dernier rapport de l’Observatoire CittàClima de Legambiante (association environnementale italienne) publié le 18 novembre, l’Italie a connu une accélération des phénomènes météorologiques extrêmes depuis le début de 2022 : 254 épisodes ont été enregistrés en neuf mois, soit une hausse de 27% par rapport à l’année dernière.
A elle seule, la région Campanie a subi 18 événements extrêmes depuis le début de 2022, dont six en novembre.
« L'Italie, l'un des pays les plus délicats au monde d'un point de vue hydrogéologique, est de plus en plus submergée par des événements extrêmes dans une zone meurtrie par la surconstruction légale et illégale et a besoin d'interventions concrètes », a déclaré Stefano Ciafani, président national de Legambiente.

 


Une urbanisation abusive

A la fragilité morphologique de l’île, s’ajoute la main de l’homme qui a bâti sans règles. Sur l’île d’Ischia, une habitation sur deux n’a pas de permis. « 600 maisons sont déclarées abusives et sont touchées par une ordonnance définitive de démolition », a rappelé à la presse le parlementaire des Verts Angelo Bonelli, au lendemain de la catastrophe. Il s’agit pour la plupart de constructions réalisées dans les années 70 et 80, sans considération des normes d’urbanismes et environnementales. Elles sont situées dans des fossés de drainage ou nichées à flanc de montagne, pourtant fragiles comme du sable. Comme en témoigne le glissement de terrain survenu ce samedi.

« La position de la région est que nous devons démolir une série d’habitations abusives, construites sur les berges du fleuve, dans des zones hydrogéologiques inappropriées, et celles construites par la Camorra [la mafia locale] », a réagi dimanche le président de la région Campanie, Vincenzo De Luca.

Des fonds non dépensés

Au lendemain de la tragédie, les habitants d’Ischia dénoncent également « le manque d’entretien et de manutention » qui auraient sans doute contribué à rendre moins tragique certains phénomènes naturels. Au moins 100 millions de fonds n’auraient pas été utilisés. Ces fonds, débloqués il y a cinq ans par le gouvernement, auraient dû servir à la reconstruction à la suite du tremblement de terre de 2017, explique La Repubblica.
L’année dernière, la Cour des comptes italienne avait dénoncé le fait que 18 milliards d'euros destinés à l'instabilité hydrogéologique étaient en attente d’être utilisés.

lepetitjournal.com Milan
Publié le 27 novembre 2022, mis à jour le 27 novembre 2022

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