Une récente étude menée sur les vignobles du nord-est de l’Italie pointe du doigt la production explosive du Prosecco ces dernières années, qui dégraderait les sols à un rythme alarmant.
Les bulles préférées des Italiens et vin pétillant le plus plébiscité du monde entier se voit pointé du doigt. Le Prosecco, principal concurrent du Champagne, a atteint une popularité énorme ces dernières années. Avec 600.000 millions de bouteilles produites en 2018, son exportation a augmenté de 75% en volume en 15 ans, engendrant nécessairement une production explosive. Résultat, l’agriculture a été intensifiée, les vignobles, plantés dans le nord-est de l’Italie, étendus.
Et selon une étude intitulée « Boire la Terre pour du vin », menée par l’université de Padoue et publiée sur le site BioRxiv, les sols de ces derniers sont en train de s’effriter à un rythme très élevé.
Territoires quasi saturés
Entre Valdobbiadene et Conegliano dans la province de Trévise, là où la majeure partie de la production de Prosecco est réalisée, l’étude estime que 400.000 tonnes de terres sont détruites chaque année. « La région ayant produit 90 millions bouteilles de Prosecco en 2016, cela équivaut à 4,4 kilos de terre détruite par chaque bouteille », souligne l’étude.
En cause notamment, des sols fragilisés par le manque de couvert végétal qui se retrouvent emportés par la pluie. D’autant que les précipitations moyennes sont de l’ordre de 1.200 millimètres par an dans cette région d’Appellation d’origine contrôlée et garantie (DOCG). Si la végétation est faible dans ces vignobles et le drainage ainsi peu assuré, c’est parce que les vignes se trouvent aujourd’hui directement plantées en pente, souvent abruptes, et non plus uniquement selon une culture en terrasses, comme le veut la tradition.
Afin de limiter l’érosion, les chercheurs suggèrent de préserver les zones grâce à une couverture herbeuse entre les vignes ou encore par la plantation de haies qui viendraient jouer un rôle tampon. Autre conseil : développer les vignes en terrasses horizontales au lieu de privilégier celles en pentes, particulièrement à risque.
En réponse à cette étude, une association de producteur de Prosecco DOCG a affirmé qu’il s’agissait « de pratiques déjà assez communes » et demande à ce que ces résultats soient soumis à une révision.
En 2017, la région du Prosecco a élaboré une demande d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.