Dans un contexte national d’augmentation de pauvreté, de vieillissement de la population et d’accroissement des écarts sociaux chez les jeunes et les femmes, la première banque italienne Intesa Sanpaolo vient d’annoncer qu’elle allouera 1,5 milliard d'euros à des initiatives et à des projets visant à réduire les inégalités d'ici 2027 afin de contribuer au bien de la communauté.
L’Italie compte aujourd’hui 5,6 millions de personnes en dessous du seuil de pauvreté soit presque 10% de sa population. Une situation d’autant plus inquiétante que le principal indicateur de performance économique est en retrait de 3% par rapport à son pic historique de 2008 malgré les soubresauts de la période post-Covid. L’augmentation du coût de la vie et des taux d’intérêt génère certes un recul conjoncturel de la demande intérieure aussi bien de la part des ménages que des industries, mais la dégradation de sa croissance économique trouve également une origine structurelle dans le déclin de sa démographie.
« Les données que nous recueillons constamment, signe de notre attention à la vie du pays, confirment qu'une grande partie de la population italienne est exclue de la possibilité de jouir des niveaux de bien-être individuel propres à une économie avancée. En annonçant l'affectation d'un milliard et demi d'euros à la protection sociale d'ici à 2027, nous prenons un nouvel engagement fort vis-à-vis des actionnaires, des clients et de la société dans son ensemble pour remédier à cette situation », a déclaré Carlo Messina, administrateur délégué et directeur général de la banque Intesa Sanpaolo qui a vu son bénéfice net bondir de 80% à 4,2 milliards d'euros au premier semestre.
La démographie : moteur ou frein de la croissance ?
Si les tendances démographiques sont généralisées au niveau mondial, les prévisions sont particulièrement marquées pour la Péninsule avec 5 millions d'Italiens en moins d’ici à 2050 et plus de 30 % de la population âgée de plus de 65 ans. Un contexte qui limite le potentiel de croissance du système économique à terme, avec une perte estimée à 8 millions le nombre de personnes actives toujours d'ici 2050 et une diminution de 15% du PIB selon Gian Carlo Blangiardo, professeur émérite de Démographie à l’Università degli Studi di Milano-Bicocca. Un cercle vicieux où l'insécurité économique retarde de facto le choix d'avoir des enfants. Par ailleurs, le vieillissement de la population rend plus difficile la recherche de compétences professionnelles adéquates pour le système de production et affecte la dette publique dans le domaine de la sécurité sociale et de la santé, avec la nécessité de trouver de nouvelles solutions pour les soins et l'assistance aux personnes les plus fragiles comme les jeunes et les femmes où là-aussi les chiffres sont alarmants.
L’Italie s’enfonce dans son déclin démographique
En 2022, 11,5 % des 18-24 ans ont abandonné l'école avec le risque de rejoindre la catégorie des NEET (Not in Education, Employment or Training) qui compte déjà 1,7 million de jeunes et 43% des femmes âgées entre 30 et 69 ans sont inactives.
La croissance passe par la lutte contre la pauvreté
Tels sont les mots de Andrea Morniroli, Co-coordinateur du Forum Disuguaglianza e Diversità, invité à s’exprimer jeudi 26 octobre dans le cadre de la rencontre « Nessuno escluso. Crescere insieme in un Paese più equo. L’impegno di Intesa Sanpaolo ». Organisée à Brescia, où la banque vient d’ouvrir une nouvelle unité organisationnelle, appelée « Intesa Sanpaolo per il Sociale » en charge d'élaborer des politiques et de gérer les activités sociales menées par le groupe pour renforcer sa stratégie d'intervention en faveur de communautés sur le territoire national, l’initiative avait pour but de mettre en lumière les situations d'inégalité en relation avec le programme de lutte contre la pauvreté mis en œuvre par la banque, le plus important mis en œuvre par une entité privée. A la table des discussions étaient présents des représentants d'institutions nationales et européennes, d'organisations à but non lucratif et des entrepreneurs.
Une initiative de grande portée médiatique soutenue par le Pape François qui y voit une réponse à son exhortation de « développer de nouvelles formes d'économie et de finance véritablement orientées vers le bien commun et respectueuses de la dignité humaine ».
« Notre attention et notre sensibilité à l'égard de la communauté ne datent pas d'aujourd'hui », a précisé Carlo Messina, qui rappelle qu'entre 2018 et 2022, le programme de soutien a atteint un milliard d'euros grâce à des actions déployées sur l’ensemble du territoire en appui à un réseau de partenaires stratégiques comme Caritas, Banco Alimentare Onlus ou encore Dynamo Camp Onlus que la banque a permis de créer. Au total pas moins de 21,9 millions de repas et 3,1 millions de médicaments ont déjà été distribués aux plus démunis.
« Dans ce moment de grande incertitude, il faut savoir s’unir au-delà des logiques sectorielles pour créer une masse critique », a précisé Letizia Moratti, Co-fondatrice et Présidente du Comitato dei Garanti Fondazione San Patrignano et Présidente de la Fondazione E4Impact. Une invitation explicite à faire se rencontrer le monde du profit et le monde du non profit, constitué en Italie de 360.000 réalités d’une très grande variété de taille, de forme et de fonctionnement dont le seul point commun est celui de la cohésion sociale, auxquelles s’ajoute l’action récente de près de 2.200 entreprises BCorp.
Pour Giovanni Bazoli, président d'honneur de la banque, Intesa Sanpaolo est une « entreprise pilote ». Une annonce pour le pays que Carlo Messina a complété d’une annonce pour les salariés dans l'attente du résultat des négociations sectorielles nationales.
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