Édition internationale

Le coût caché de la pauvreté éducative en Italie

Un mineur sur sept grandit dans des conditions de pauvreté absolue en Italie. Le rapport présenté au Forum Teha de Cernobbio alerte sur une pauvreté éducative qui pèse sur le PIB et la compétitivité du pays.

des enfants dans une salle de classedes enfants dans une salle de classe
Photo de Taylor Flowe sur Unsplash
Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 7 septembre 2025, mis à jour le 10 septembre 2025

En Italie, plus d’1,3 millions d’enfants – soit 13,8 % des mineurs – grandissent dans des conditions de pauvreté absolue. Cela représente un mineur sur sept, privé de la possibilité d'apprendre et de se construire un avenir adéquat, soit près de deux fois plus qu’il y a dix ans (+47 %), alors qu’un jeune sur dix abandonne prématurément l’école. Aussi, l’Italie compte l’un des plus grand taux de NEET d’Europe (15,2%), ces jeunes de moins de 30 ans qui ne travaillent pas, n’étudient pas, et ne suivent aucun parcours de formation

Des chiffres pointés du doigt lors de la présentation d’une étude sur la pauvreté éducative présentée lors du Forum Teha de Cernobbio, réalisé avec la Fondation CRT et coordonné par Maria Chiara Carrozza, ancienne ministre de l’éducation italienne.

Dans l'ensemble, le pourcentage d'Italiens exposés au risque de pauvreté éducative et d'exclusion sociale en 2024 était de 23,1 %, plaçant l’Italie 7e au rang des valeurs les plus élevées de l'Union européenne, en hausse par rapport à l'année dernière (+0,3 %), précise l’étude.

Un frein à la croissance

L’étude dénonce non seulement un problème social mais aussi un frein à la croissance du pays, avec « des conséquences économiques estimées à 170 milliards d'euros de PIB perdu, soit 9 % des valeurs de 2024. »

Le phénomène touche principalement les régions méridionales de la Botte, situées en outre parmi les pires de l’UE. En Calabre, près de la moitié de la population est en condition de pauvreté et d’exclusion sociale (48,8 %), contre 43,5 % en Campanie, 40,9 % en Sicile et 37,7 % dans les Pouilles.

L’écart entre le Nord et le Sud est le plus important parmi les grands pays de l'UE : 40 points séparent le Trentin-Haut-Adige (nord-est de l’Italie) de la Calabre.

Selon le rapport, c'est surtout le poids du contexte familial qui freine la mobilité sociale, conditionnant de manière déterminante les parcours scolaires et professionnels.


Education digitale : Le parcours du Crédit Agricole en Italie se poursuit aux côtés de Save the Children

 

Lutter contre la pauvreté éducative pour lutter contre la pauvreté

Selon l’analyse, la pauvreté éducative empêche la création d'environ 3,2 millions d'emplois, alors que l’Italie souffre d’un manque 2,2 millions de travailleurs titulaires d'un diplôme de l'enseignement secondaire supérieur ou tertiaire.

Selon TEHA, réussir à former 20 % des travailleurs les moins qualifiés, permettrait de combler une grande partie du déficit de compétences.

Les retards sont également importants dans le domaine numérique : seuls 56 % des jeunes de moins de 19 ans possèdent des compétences de base, contre une moyenne européenne de 73 %. Cela alors que 41,5 % des postes vacants exigent aujourd'hui des compétences numériques avancées.

Selon TEHA, réussir à former 20 % des travailleurs les moins qualifiés, permettrait de combler une grande partie du déficit de compétences. Les auteurs du rapport mettent en avant l’opportunité de l'utilisation des fonds du Pnrr (Plan national de relance) pour élaborer un plan structurel mettant en réseau l'école, la protection sociale, les entreprises et la société civile afin de transformer l'éducation en un véritable moteur d'inclusion.

L'étude estime que si l'Italie adoptait les meilleures pratiques européennes en matière d'inclusion dans la formation, elle pourrait ajouter jusqu'à 48 milliards d'euros à son PIB et réduire d'environ deux millions le nombre de personnes en situation de pauvreté et d'exclusion.

Commentaires

Votre email ne sera jamais publié sur le site.

Flash infos