

Cette année, la Scala célèbre le bicentenaire de la naissance de deux génies de la musique du XIXème siècle: Wagner et Verdi, tous les deux nés en 1813. Leur amour commun pour l'opéra n'en fait pas moins deux compositeurs très différents. Une opposition qui se caractérise aussi bien dans le style que dans la forme. La puissance élégiaque et mystique de l'un; la fougue passionnelle et dramatique de l'autre. Riccardo Chailly, qui a dirigé l'Orchestre symphonique Giuseppe Verdi de Milan, dirigera le 11 février un Orchestre philharmonique à la Scala en hommage au compositeur qui en a donné le nom. Votre rédaction saisit l'occasion pour vous faire découvrir le génie italien du XIXème siècle et son rapport à Milan.
Verdi, un compositeur né
Giuseppe Fortunino Francesco Verdi ne naît pas à Milan, mais à Roncole, près de Parme, le 10 octobre 1813. Son éducation musicale commence dès l'âge de 6 ans. Rapidement, il étudiera l'orgue, le clavecin et l'écriture. Parallèlement, il exprime un goût prononcé pour la littérature et étudie le latin. Il s'intéresse particulièrement aux tragédies de Shakespeare, lesquelles auront plus tard, une forte influence sur son ?uvre. Cet apprentissage artistique le mène à Milan, où il se présente à l'examen d'entrée au conservatoire qui porte désormais son nom. L'ironie du sort fera que Verdi y sera refusé, au motif d'être trop âgé. Il se crée alors son propre parcours avec des professeurs, conscients de son génie artistique, qui le soutiennent.
Milan est la ville qui permettra à Verdi de mettre en exergue sa puissance créatrice. Elle lui donne les clés de la réussite et deviendra sa ville au point qu'il est difficile aujourd'hui de penser à Milan, sans penser à Verdi. Tout commence avec Nabucco, premier grand succès du compositeur. Un opéra proposé pour la première fois en 1848 à la Scala et dont le "va pensiero" deviendra presque l'hymne de l'unité italienne. Avec cet opéra, Verdi commence son ascension artistique et sera consacré comme le plus grand génie musical italien de tous les temps.
Milan, Verdi et l'unité italienne
En Italie, au XIXème siècle, Milan est la capitale du spectacle. Elle est le centre artistique et littéraire, mais aussi politique. Cette position avantageuse lui confère un rayonnement culturel sans pareil. On comprend alors la forte attraction qu'elle a pu exercer sur le jeune Verdi. Conquérir Milan, c'est conquérir la scène artistique italienne.
Néanmoins lorsque Verdi arrive à Milan, la ville n'a pas encore connu sa période de faste économique. La ville est en pleine mutation. Elle est en passe de devenir une capitale européenne dynamique et influente. Verdi sera un des acteurs de son développement.
A Milan, on y trouve notamment l'éditeur Ricordi, une des plus grandes archives musicales encore aujourd'hui. Imaginez donc la satisfaction du jeune compositeur quand celui-ci se voit proposer un contrat pour gérer l'Opéra ! A la même époque, Verdi fréquente des cercles d'intellectuels influents, avides de débats. Peu à peu, il s'impose comme un symbole d'appartenance à une identité culturelle entre musique et politique.
Verdi ne se limitera donc pas à la musique. Il contribuera à l'unité italienne, puisque, à la demande de Cavour, il est élu député au parlement national en 1861. Verdi oeuvre pour le peuple. A la fin de sa vie, ses mots "Ma plus belle ?uvre" iront à "La casa Verdi". Cette maison qu'il a fait construire est destinée à recueillir les Italiens passionnés de musique sans ressource ou en fin de vie. Au travers de son art, il réussit à former une identité culturelle patriotique. Une image forte dans un pays unifié depuis peu. Il s'impose dès lors comme une figure extraordinaire en Italie. Le génie artistique. Aujourd'hui, partout en Italie, vous trouverez des rues et places à son effigie.
Un génie de l'Opéra
Verdi exprime aussi l'Italie au travers de la fougue, de la passion et du drame ; des sentiments propres à l'Histoire même du pays. Son penchant pour le drame passionnel se déclare dès sa jeunesse. Il adapte notamment Ernani de Victor Hugo qui lui permet de se consacrer pleinement à des personnages animés de passions violentes. Une dimension de contraste fondée sur une tension dramatique haute en couleur. De ces opéras les plus célèbres, on citera évidemment La Traviata, mais également l'adaptation d'Otello de Shakespeare qui met en scène de façon incomparable le drame passionnel provoqué par la jalousie. Citons encore Simone Boccanegra, La force du destin, les Vêpres siciliennes où encore Falstaff son dernier opéra où le drame fait place à un jeu d'une subtile ironie. Ce dernier est d'ailleurs l'un des préférés du fameux chef d'orchestre italien Arturo Toscanini, joué les 26 et 27 janvier à Busseto, son village natal pour l'anniversaire des 200 ans de sa naissance.
Une autre ?uvre majeure de Verdi est évidemment le Requiem, qui se définit comme une prière pour la vie et un cri contre la mort. Il y décrit l'être humain en proie à son destin et en même temps, maître de lui-même.
Un paradoxe que Verdi a cherché à exposer tout au long de sa vie.
Victoria Furno (LePetitJournal.com de Milan) ? jeudi 31 janvier 2013
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