A l’occasion de la venue de Thomas Jorion le 18 janvier à Milan, rencontre avec un artiste photographe qui offre un voyage visuel et émotionnel vers le spectaculaire. Un rendez-vous inédit et exclusif, pour les lecteurs de lepetitjournal.com Milan.
Artiste photographe reconnu par le monde de l’art, Thomas Jorion est un talent qui parvient à créer avec singularité un voyage visuel et émotionnel vers l’incroyable et le spectaculaire. La force de la photographie prend ici un sens unique qui permet à ce medium artistique de nous transporter dans un vertige d’émotions et de bien-être. Le travail de l’artiste se reconnait au premier coup d’œil, par sa technique et ses sujets uniques qui le caractérisent comme un metteur en scène des espaces laissés oubliés. Rencontre avec un artiste producteur d’esthétisme et de féérie, par ailleurs passionné d’Italie, une invitation à l’observation et à la rencontre avec nos propres émotions.
Quelle est la mission particulière que vous recherchez dans la production de votre travail ?
Mon objectif est avant tout de partager. J’aime découvrir des lieux magiques, les visiter, les explorer. Je m’en inspire. Puis je tente de capter tout ce que le lieu peut proposer. Cela peut prendre du temps. Il ne faut pas confondre la force de l’image et celle de l’aventure à trouver un nouvel espace. Il y a après mes découvertes un temps de maturation. Je dois bien vérifier le résultat de l’image. Il faut que je m’assure qu’elle apporte tout ce que je recherche : une très forte émotion à proposer au regard du public. Je veux faire du beau et mettre en avant tout ce qui est positif. Je suis un être de nature optimiste. Mes photos sont toujours un éternel recommencement dans cette approche. Mon ambition est d’offrir des voyages intérieurs. Une forme de bonheur. Je réalise toutes mes photographies avec une chambre photographique et des négatifs couleurs. Je pense que cela participe à ce rendu et cette force si particulière que l'on retrouve dans mes photos.
L'Italie est une passion [...], elle incarne parfaitement mon sujet.
Vous avez travaillé sur différentes thématiques, comment choisissez-vous les sujets de vos séries ?
J’attends que mon œil soit attiré par quelque chose. Je me laisse surprendre. Cela aussi peut prendre du temps. J’attends l’inspiration, je souhaite que les séries apportent des images qui nourrissent un sens. Les repérages sont des résultats de véritable spontanéité. Le choix des lieux délaissés sont des réflexions simples qui doivent me séduire naturellement sans trop réfléchir. Par exemple le sujet que j’ai traité autour de la série des fenêtres étaient une réflexion sur ce que le Covid avait pu apporter. Le fait de se sentir coincé chez soi, sans perspective. Ou bien encore le sujet sur « Vestige d’Empire » était une façon de prendre conscience de ce que les humains font pour construire l’Histoire, un peu avec folie. Tout cela laisse ainsi des traces. Je les rapporte.
Comment expliquez-vous cette série réalisée sur l’Italie ?
Ce pays est une passion ! Je m’y rends depuis très longtemps. Mais surtout, l’Italie incarne parfaitement mon sujet sur le passé par ses différentes ruines. J’ai été très sensible à cette adaptation. L’Italie était le lieu le plus emblématique pour cela. Les ruines sont mises en abime, on y ressent toujours cette présence du passé, une trace, une âme. Et pour moi c’est ici plus fort encore qu’ailleurs.
Que vous inspire le terme « Ruine » ?
C’est une métaphore de la vie. C’est comme une lecture qui incite à ne pas reproduire les mêmes erreurs. Ce sont par exemple tous ces empires construits par la Rome Antique. Le temps fait donc son histoire en y laissant ces traces avec la nature qui l’accompagne et qui ensuite s’installe. Pour moi la ruine c’est le résultat de personnes qui ont vécu, elles ont effectué un travail, elles ont été touchées, transportées… Finalement on ne sait pas très bien tout ce qui s’est passé sur un lieu. C’est fascinant. On y voit juste toute cette continuité. C’est ce que je tente de percer à travers mon travail.
L’art est une véritable solution pour se sentir bien.
Les préparatifs de votre travail ressemblent comme à cette aventure de découvrir des lieux interdits pour aller vers le délaissé, qu’est-ce que cela vous procure ?
En effet, il y a une véritable adrénaline. Elle m’est nécessaire dans mon travail. C’est stimulant pour optimiser les sens. C’est surtout une aide pour ressentir encore autrement la magie. Cette dernière passe surtout par le ressenti de la lumière, puis la découverte de cette chance de voir, de découvrir petit à petit. Je dois reconnaître que les lieux qui me sont autorisés ne me procurent pas la même tension !
Vos photos sont exposées à La Galerie Podbielski Contemporary, à Milan. C’est un lieu ou l’on peut découvrir votre travail ?
En effet. C’est un endroit où l’on peut se concentrer. Cet endroit dégage lui aussi quelque chose de très à part. C’est alors un moment qui est comme une parenthèse. Aujourd’hui le monde nous charge de messages avec des termes sombres : Guerre, climat…Une catastrophe semble en chasser une autre. L’art est une véritable solution pour se sentir bien. Il faut surtout ne pas négliger tous les moments proposés pour voir du beau et ainsi rencontrer ses émotions constructives.
Propos recueillis par Emma Brame