Partie intégrante de l'architecture religieuse, le campanile accompagne grande nombre d'églises italiennes. Au fil des siècles, ces constructions ont joué un rôle décisif dans l'organisation du temps et de la vie dans les villes et les villages d'Italie. La rédaction vous accompagne à la découverte des campanili italiens, entre grands chefs-d'?uvre et curiosités insolites.
L'évolution des campanili
Qu'est-ce qu'un campanile ? Avant de répondre, visualisez la Piazza San Marco à Venise, ou à Florence, la Piazza del Duomo où se trouve la cathédrale de Santa Maria del Fiore. Ces deux places italiennes, célèbres dans le monde pour leur richesse artistique, sont dominées par la présence d'une construction imposante et isolée du corps de l'église qui a la forme d'une tour. Il s'agit d'un particularité architecturale d'origine italienne, qui n'a pas connu large diffusion ailleurs. C'est le campanile !
Le campanile est un modèle architectural qui, dans ses premiers exemples, s'inspire directement des tours fortifiées de l'époque romaine. Il est donc fort probable que les premières tours campanaires n'avaient pas vocation à accueillir spécifiquement des cloches.
Avec la diffusion des cloches, utilisées pour rassembler les fidèles devant l'église ou pour annoncer la célébration des rites religieux, la construction des campanili devient un phénomène qui se développe sur l'ensemble du territoire italien.
Selon la tradition, l'inventeur des campanili est l'évêque italien, d'origine française, Paulin de Nole (né en 353 et mort en 431). En réalité, les historiens affirment que le premier témoignage d'une tour campanaire ne remonte qu'à l'an 561. C'est l'évêque et historien de l'Eglise Grégoire de Tours qui en fait allusion dans ses écrits, décrivant un bâtiment élevé contenant une cloche pour rassembler les fidèles. Le campanile ne connaît toutefois une vraie diffusion qu'à partir du VIIIe siècle avec le pape Stéphane II.
Au cours du Moyen-Âge, la tradition campanaire subit une véritable révolution avec l'introduction des horloges mécaniques. Dès lors, le temps des villes et des villages s'organise en fonction des célébrations religieuses qui s'alternent pendant la journée.
Ce n'est qu'au cours du XIe siècle que les premières tours citoyennes, libres de toute fonction religieuse, s'équipent d'une cloche pour sonner les heures. Ces dernières peuvent être assimilées, en raison de leur fonction publique et municipale, aux célèbres beffrois diffusés dans les Flandres.
Les campanili les plus anciens qui existent encore aujourd'hui en Italie se trouvent à Ravenne, dans le complexe architectural de l'église de Saint-Apollinaire Nuovo et de Saint-Apollinaire in Classe.
Une grande variété de campanili
Les historiens de l'art ont classifié une grande variété de campanili, selon le style architectural de l'époque de construction et les croyances de l'ordre religieux qui les commissionnait.
Une tour campanaire peut avoir trois formes planimétriques principales : circulaire, carrée et polygonale. Si la première est la plus ancienne, la deuxième est celle qui a connu une diffusion majeure. Les campanili polygonaux sont très variables : octogonaux dans la plupart de cas, plus rarement dodécagonaux.
Au cours du XIIe siècle, se diffuse le goût français pour la construction du campanile dans le corps de l'église, au croisement entre la nef principale et le transept, d'après l'usage des moines cisterciens bourguignons. Un exemple de grande beauté, l'abbaye milanaise de Chiaravalle, située dans le Parco agricolo sud de Milan.
Les campanili d'Italie
Le campanile de Saint-Marc à Venise est l'un des symboles de la ville de Venise et, avec ses 98,6 mètres de hauteur, il est l'un des plus hauts d'Italie. Le campanile de la célèbre place vénitienne se lève solitaire en face de la basilique homonyme.
La forme est simple et se compose d'une seule structure en briques rouges qui s'élève à 50 mètres et qui précède l'espace campanaire. Entre le corps portant en briques et la salle campanaire, se trouve une structure cubique décorée avec les symboles de la ville de Venise.
Le campanile actuel n'est cependant pas l'original construit au XVIe siècle. Suite à son effondrement en 1902, il a été reconstruit à l'identique, avec une armature interne pour le solidifier.
Le campanile de Giotto à Florence est la tour campanaire de la cathédrale florentine de Santa Maria del Fiore. Ce campanile, qui figure parmi les grands chefs-d'?uvre de l'art italien, a vu sa construction débuter en 1298, mais le campanile que l'on connaît aujourd'hui répond au projet de Giotto, qui devient maître-maison du chantier en 1334.
Le campanile de Giotto présente une structure simple, mais richement décorée qui se termine avec une pointe pyramidale de 30 mètres de hauteur.
La tour de Pise est le campanile de la cathédrale consacrée à Santa Maria Assunta, située sur la célèbre Piazza dei Miracoli.
Il s'agit d'un campanile de 56 mètres de hauteur, construit entre le XIIe et le XIVe siècle. Sa notoriété internationale est liée notamment a son inclinaison qui est aujourd'hui de 3,99º. L'inclinaison fait son apparition très tôt lors des travaux de construction à cause, probablement, d'un affaissement du terrain.
Les campanili de Milan
Bien que les campanili de Milan ne puissent pas se targuer de la célébrité qui caractérise d'autres campanili italiens, ils présentent des caractéristiques qui les rendent uniques en Italie.
La singularité des tours campanaires milanaises est liée à leurs cloches, qui présentent une structure a battaglio cadente ou controbilanciate. Telle structure, appelée également ambrosiana (ambrosienne) permet à la cloche milanaise d'accomplir une rotation de 180º, juste après quelques tintements.
Le résultat, c'est un contrôle majeur de l'oscillation de la cloche qui permet d'obtenir des tintements plus éloignés les uns des autres.
La ville de Milan a développé une tradition solide en matière de concert de cloche. Une tradition qui est toujours vivante et bien alimentée par la fédération des carillonneurs ambrosiens.
Tommaso Venturini (Lepetitjournal.com de Milan) ? jeudi 28 novembre 2013
Crédits Photos :
- Campanile de Bologne (A.B pour lepetitjournal.com)
- Campanile de Venise (A.B pour lepetitjournal.com)
- Campanile de Ravenne (T.V pour lepetitjournal.com)
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