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LES JEUDIS DE L'HISTOIRE - Cavour, le rebelle visionnaire

Écrit par Lepetitjournal Milan
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 21 novembre 2012

Autre nouveauté cette semaine, la rédaction vous donne rendez-vous une fois par mois dans le cadre de ses pages culturelles, pour les Jeudis de l'Histoire. Une façon de vous plonger dans les événements majeurs de l'histoire italienne et de découvrir les grands personnages qui ont fait le pays. Pour inaugurer cette rubrique, nous vous proposons le portrait d'un des pères fondateurs de l'Italie unifiée, Camillo Benso Cavour

Un caractère rebelle qui le conduit à l'Académie militaire
Camillo Benso Cavour naît à Turin le 1er août 1810 dans une ancienne famille de la noblesse piémontaise qui vit de ses rentes terriennes et du service de l'État. Ses parents, Michele Cavour et Adele de Sellan lui donnent ce prénom en l'honneur du Prince Borghèse, époux de Pauline Bonaparte.
Considéré comme rebelle, ses parents le placent dès l'âge de dix ans à l'Académie militaire. Le jeune Cavour y montre une profonde aversion à l'autorité et à la discipline, ce qui lui vaudra d'être placé dans "l'équipe française ". Une punition pour les étudiants, alors battus et réduits au silence.
A quatorze ans, Cavour est nommé "page de cour" de Carlo Alberto de Savoie. Un honneur que convoitent tous les cadets de l'Académie. Mais cette nomination ne fait pas que cultiver sa position réactionnaire. Il commet ainsi l'impudence de déclarer ouvertement que sa mise l'apparente à une écrevisse !
Il sort finalement diplômé de l'Académie après avoir obtenu d'excellentes notes à tous les examens, sauf en italien. Une langue qui toute sa vie lui donnera des soucis. Cavour s'exprimait en français dans la sphère privée et en piémontais avec ses paysans.

Des années d'incertitude
Devenu officier de l'armée piémontaise en 1830, il est envoyé à Gênes. Cavour y fréquente alors avec assiduité les cercles libéraux ; en particulier celui de la marquise Giustiniani, fille du consul de France. Là, il initie sa formation à la réflexion politique et commence à définir la vision libérale de la société qui sera sienne, dénonçant le conservatisme de l'État piémontais. De telles idées ne lui facilitent pas son intégration militaire et au terme de cette même année, Cavour est placé en congé.
Il retourne alors dans sa famille en recherche d'un travail rémunéré. Sa condition de cadet ne lui confère en effet qu'un avenir incertain.  Sa famille lui confie alors l'administration d'un domaine de deux cents hectares à Grinzane, un village de trois cent cinquante habitants. Cavour en devient le maire à vingt deux ans.
En 1835, il entreprend des voyages à travers l'Europe. À Paris, où il s'arrête trois mois, Cavour se passionne pour les théâtres, les salons, le parlement et surtout par la vie politique française qu'il apprécie pour son aspect concret. Il quitte Paris pour Londres. Mais la sociabilité et les usages anglais le déçoivent. Il poursuit son voyage politique en Suisse, en Belgique et au travers de quelques États allemands.

Ses débuts en politiques
De retour sur ses terres, en 1841, après avoir mis en place d'importantes réformes agricoles dans sa propriété de Grinzane, il fonde une société agricole, qui deviendra rapidement un lieu de rassemblement pour les propriétaires terriens piémontais qui luttent pour une réforme libérale de l'État.
Fin 1847 fort de ces expériences intellectuelles et culturelles, Cavour fonde le journal Il Risorgimento. Sa nouvelle popularité lui permet deux ans plus tard d'être élu au parlement subalpin. Ses premières déclarations sont d'autant prudentes qu'il est contesté à gauche comme à droite. Les premiers voient en lui un député issu de l'aristocratie, les seconds le considèrent comme un révolutionnaire qui désire, grâce à des réformes, détruire les fondements de la société. Sa position est fragile.
Sa détermination l'amène finalement à devenir porte-parole d'un courant modéré du parti conservateur. Là, il ne fait pas l'économie de dures critiques à l'égard du gouvernement de Massimo d'Azeglio, même si les deux hommes sont issus du même parti. Et pour éviter l'ascension de ce rival en puissance, ce dernier propose à Cavour de devenir ministre de son gouvernement.
Le 2 novembre 1852, appelé par le roi Victor Emmanuel II contraint par la démission d'Azeglio, Cavour devient  Président du Conseil du Royaume Piémont-Sardaigne.

Les prémices d'une Italie unifiée
Commence une période intense de transformation et de modernisation. Les réformes touchent les transports, l'agriculture et l'armée. La situation paraît désormais propice pour faire de ce petit et ancien État, le guide qui formera la nation italienne moderne ! Cavour ne néglige pas pour autant la politique étrangère. Présent à la conférence de Paris convoquée pour mettre fin à la guerre de Crimée, dans laquelle le Piémont a un contingent, il soumet la question de l'unification italienne au c?ur du débat international. Ce premier succès d'envergure internationale lui permet de renforcer les liens qui unissent le Piémont à la France de Napoléon III. Le 20 juillet 1858, il signe un accord secret de collaboration militaire entre la France et le royaume de Sardaigne. Sur la base de cet acte, à l'ouverture des hostilités de la part de l'Autriche, la France s'engage à mettre sur le terrain des opérations militaires deux cent mille hommes, le Piémont, cent mille, tandis que le haut commandement serait détenu par l'Empereur des Français, lui-même. A la fin des hostilités, celui-ci recevrait, en échange de l'aide apportée, le comté de Nice ainsi que la Savoie.

La guerre est déclarée entre la France, le Piémont et l'Autriche en mai 1859. Elle s'achèvera le 3 juillet suivant, avec l'armistice de Villafranca, près de Vérone. À la suite de ce traité, la Lombardie est annexée par le royaume du Piémont. Des soulèvements populaires ont ensuite lieu dans le centre de l'Italie, dans les régions de l'Émilie, de la Romagne et de la Toscane. Le processus unitaire a à peine commencé, quand, le 5 mai 1860, de Quarto en proximité de Gênes, Garibaldi part à la conquête du royaume des deux Sicile.
Le 2 mars 1861 le royaume d'Italie est solennellement proclamé à Turin.

Une fin précipitée pour un destin inachevé
Cavour, qui a contribué à cet événement historique sent sa fin arriver. Le 4 juin 1861, il rentre d'un dîner, frappé par une soudaine fièvre, probablement due au paludisme. Il s'enfonce dans un délire, pendant lequel il continue à parler de lois, de réformes et des grands chantiers à réaliser. Le lendemain, Victor Emmanuel II se porte à son chevet. Le 6 juin 1861, Camillo Benso Cavour s'éteint à cinquante et un ans. Le Premier ministre Anglais Robert Peel lui rendra hommage en disant qu'il était ? l'homme d'État le plus illustre parmi ceux qui avait réalisé le destin d'une nation européenne dans la voie de la liberté constitutionnelle?.

Dott. Marco Baratto, Directeur Général du Souvenir Français en Italie pour lepetitjournal.com/milan - jeudi 11 octobre 2012

Lire aussi :
http://www.lepetitjournal.com/rome/actu-rome/74990-cavourgaribaldi-heros-de-lunite-italienne.html


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Publié le 11 octobre 2012, mis à jour le 21 novembre 2012
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