Immersion dans la Section française de la 23e Exposition internationale de la Triennale de Milan. Un Pavillon percutant, élaboré par un trio de jeunes artistes pluridisciplinaires.
Le design n’est pas que meubles et objets. En témoigne la 23ème Exposition internationale de Triennale Milano, vitrine internationale du design contemporain, qui se tient du 15 juillet au 11 décembre 2022. Quelque 400 artistes, designers et architectes, et 23 pavillons internationaux sont réunis au sein de cette immense exposition thématique, intitulée Inconnus inconnus. Une introduction aux mystères. Pour cette édition, la commissaire de l’exposition, l’astrophysicienne Ersilia Vaudo, invite à ouvrir nos regards sur les mystères qui nous entourent, à imaginer des futurs différents et de nouvelles façons de les habiter. Car le design, c’est aussi un processus, une méthode, une façon d’interroger le monde environnant.
Parmi les pays participants, la France est présente pour apporter sa contribution aux multiples perspectives du design international, grâce à une jeune équipe pluridisciplinaire lauréate du concours organisé par l’Institut français. Le ministère de la Culture et celui de l’Europe et des Affaires étrangères ont fait le choix audacieux de donner l’occasion à un trio de jeunes, composé de Pablo Bras (designer), Juliette Gelli (graphiste, plasticienne et scénographe), et Romain Guillet (scénographe et designer), d’exprimer leur pensée face aux nombreux défis de nos sociétés contemporaines.
« Au-delà du propos conceptuel qui nous a semblé très intéressant, nous avons eu envie de montrer les préoccupations des jeunes générations et les soutenir », explique Eva Nguyen Binh, présidente de l’Institut français, lors de l’inauguration du pavillon . « Le projet est engagé, tant dans son propos qui incite à provoquer une réflexion, que dans sa réalisation. Il est exemplaire par rapport à l’impératif écologique et d’autant plus fort qu’il est porté par de jeunes générations », retient Eva Nguyen Binh.
« Situations : stratégies pour habiter l’instable » : Immersion dans un pavillon percutant
Avec leur proposition intitulée « Situations : stratégies pour habiter l’instable », le trio d’artistes propose bien de rendre visible ce que l’on ne sait pas voir et pose la question de l’interaction de l’individu avec son milieu. Pour ce faire, le trio a eu à cœur d’appeler une quinzaine de leurs collègues à participer à leur projet. Tous observent l’actuel plutôt que d’imaginer le futur.
Le projet fonctionne en total autonomie énergétique, les objets s’articulent entre eux jusqu’à se faire écho. Ils appellent ainsi le visiteur à questionner le système de relation des objets. « Une lumière éclaire un élément qui a besoin de lumière, cette lumière est alimentée par un autre élément de l’espace, etc… », explique le designer Pablo Bras.
Une scénographie éco-responsable
La scénographie de la Section française est entièrement faite de briques, 2024 au total, réparties dans un espace de 90 m². Toutes ont été produites à Milan avec une terre locale, par l’architecte spécialisée en terres crues, Pietro Degli Esposti. Et toutes seront ensuite réemployées pour un aménagement pérenne.
Par endroits, ces briques sont retirées pour élever de petites architectures sur lesquelles sont disposés les 28 objets des artistes invités. « Elles représentent une métaphore évidente sur la question des ressources », détaille le designer Romain Guillet.
Or ces objets ne sont pas seulement en exposition mais en usage, ou tout du moins en situation. Il s'agit de simples objets du quotidien, qui peuvent utilisés ou consommés, tels qu’une pelle et un balai, des hamacs gonflables pour s’asseoir, une encore une enceinte pour diffuser du son. « L’idée était d’offrir un espace à pratiquer et permettre une expérience », raconte l’artiste Juliette Gelli.
Il convient d’ouvrir l’œil : l’espace est ponctué d’éléments graphiques à observer. Sur certaines briques, le public découvre un chiffre accompagné d’un symbole, à retrouver accompagnés de textes explicatifs sérigraphiés sur les panneaux au mur. L’encre est aussi « maison ». Juliette en a fabriqué une, exprès pour l’exposition de la Triennale. Constituée à base d’un mélange d’eau, de farine à pizza et de charbon végétal, tous les ingrédients proviennent du Nord de l’Italie.
L’ensemble des pièces présentées est disponible sur le site internet de la section française de Triennale Milano. Attention, uniquement le temps de l’exposition, pour répondre à une logique d’éco-responsabilité.