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Gloria Mama : « Il faut lever le voile sur la fausse couche »

Diane Léonor Gloria MamaDiane Léonor Gloria Mama
Écrit par Aurélie Billecard
Publié le 11 octobre 2020, mis à jour le 27 octobre 2020

Gloria Mama, fondé par Diane Léonor, est un podcast portant sur la maternité, notamment lorsqu'elle est vécue à l’étranger. Différences culturelles, sujets tabous, inquiétudes, Diane nous dévoile la maternité sans aucun complexe. 

Vous avez créé le podcast Gloria Mama. D’où vous est venue cette idée ?

Pour comprendre d’où viennent le site et le podcast gloriamama.com, il faut s'intéresser à la genèse de ce projet. Tout commence par le vécu de fausses couches consécutives, mon expérience de la grossesse, de l'accouchement, et de l'accompagnement des soignants. J’ai d'abord écrit le livre Deux corbeaux et une cigogne, à paraître le 7 janvier 2021 aux Editions Michalon, avec trois objectifs. D’abord, je voulais lever le voile sur les fausses couches, sujet encore très tabou, ensuite aider les couples à surmonter l’épreuve des fausses couches, et finalement sensibiliser les soignants au vécu de ces couples pour qu'ils aient une approche toujours plus humaine. Après le livre, l’idée du site internet est venue naturellement, pour que les messages clefs de mon histoire soient accessibles à tous. Enfin, à travers le podcast, je pars à la rencontre d'autres femmes et d'autres couples pour qu'ils nous racontent l'histoire de leur maternité. Gloria Mama est un florilège de témoignages et d’interviews de professionnels sur la maternité à travers le monde. 

Le podcast Gloria Mama a une vraie approche multiculturelle

Vous avez écrit Deux corbeaux et une cigogne sur les fausses couches au début votre expatriation. Pourquoi avez-vous décidé de parler de ce sujet qui peut être tabou ?

Les fausses couches sont un sujet tabou, mais il y a, de plus en plus, un souhait de lever le voile sur ce sujet-là. Personnellement, j’ai eu la chance d’être très bien entourée lors de mes fausses couches, contrairement à bon nombre de femmes. J’ai choisi, avec soin, les personnes à qui j'en ai parlé, car l’entourage, bien souvent, ne sait pas gérer ou réagir face au deuil, particulièrement à celui d’un bébé. On peut se retrouver face à deux réactions : le fait de minimiser l’impact de la fausse couche, ou le silence complet autour de ce bébé qui n’a pas évolué. Il est important de parler des fausses couches pour que les femmes et les couples ne restent pas dans une solitude destructrice et qu'ils puissent être épaulés dans leur deuil.

 

Dans les différents épisodes de votre podcast, vous faites intervenir des femmes issues du monde entier. Comment cette différence culturelle enrichit-elle votre podcast ?

Le podcast Gloria Mama a une vraie approche multiculturelle. En vivant à l’étranger, je me suis rendue compte que le vécu de la maternité était lié à la culture du pays. Par exemple, au Maroc, 50% des accouchements se font par césarienne. Dans ce pays, on paie son accouchement contrairement à la France, et le gynécologue a un intérêt pécuniaire à pratiquer une opération chirurgicale. Mais beaucoup de césariennes sont aussi pratiquées à la demande des patientes qui ont le sentiment qu'elles ne vont pas savoir accoucher et qu'une césarienne, c'est plus rapide et pratique !

Autre exemple, en France, 75% des femmes accouchent sous péridurale, alors qu’en Angleterre, quatre femmes sur cinq accouchent sans. Il y a de vraies différences culturelles en fonction des pays dans lesquels on habite. Pour moi, c’était très important de les mettre en avant. J’ai envie qu’une femme, quand elle écoute le podcast Gloria Mama, se rende compte des pratiques dans différents pays du monde, et que son accouchement corresponde à ses attentes. Il me semble important que les femmes soient actrices de leur accouchement.

Il me semble important que les femmes soient actrices de leur accouchement

Vous vivez aujourd’hui à Casablanca. Les grossesses se vivent différemment dans le monde. Quelle tradition vous a le plus surprise ?

Je suis actuellement enceinte, et je dois accoucher très prochainement. J’ai été très marquée par le taux de césariennes au Maroc. Tout mon suivi s’est fait par une sage femme, car je voulais une approche très humaine, et qu’on prenne en considération mon vécu.

Au Japon, on parle peu de ses émotions ou de ses angoisses. Car culturellement, on est dans la retenue. Lorsque les futures mères se retrouvent entre elles, elles n'abordent pas leurs ressentis, leurs peurs mais des questions pratiques, par exemple, le choix de la poussette, l'ameublement de la chambre du bébé.

Post-accouchement, les femmes vont souvent dans la famille de leur conjoint. Pendant un mois, elles se reposent et restent avec leur bébé, sans avoir à se préoccuper des tâches ménagères, de la cuisine, etc. afin qu'elles puissent prendre soin d'elles et de leur bébé. On retrouve également cette tradition en Afrique. 

 

Quels sont les défis d'une expatriation quand on est enceinte ?

J’ai accouché en France de mon premier bébé, et je suis ensuite partie à Casablanca. Partir en expatriation dans un pays que l’on ne connaît pas avec un nouveau-né est un défi, car on n'a plus aucun repère et on peut se retrouver dans une situation de grande solitude, surtout si on ne travaille pas. À mon arrivée, j'ai donc tout fait pour rencontrer des gens, notamment grâce à des associations d'accueils des étrangers et j'ai lié des amitiés solides.

Par ailleurs, j'avais mon projet Gloria Mama : écrire un livre, créer un site et un podcast : un projet à temps plein auquel je me suis pleinement consacrée !

Comment les grossesses et accouchements se sont-ils déroulés à l’étranger durant la pandémie ? 

Durant la pandémie, on a assisté à une explosion des violences obstétricales. La première violence est d’interdire aux pères d’être présents lors de l’accouchement. Or, pour qu’un accouchement avance, il faut deux hormones naturelles : l'ocytocine (l'hormone de l'amour) qui permet les contractions, et l'endomorphine qui soulage la douleur. Le fait que le compagnon ou la compagne soit à côté de la femme qui accouche, qu’il la soutienne, lui permet de produire ces deux hormones. Ensuite, l’autre chose absurde est d’obliger le port du masque lors de l’accouchement, car nous savons à quel point la respiration est cruciale. Il y a aussi eu de nombreux déclenchements d'accouchement non médicalement justifiés.

J’ai eu beaucoup de chance pour ma grossesse à l'étranger. J'étais accompagnée d'une sage-femme formidable et j'ai passé mes échographies dans un centre spécialisé. Même en plein confinement, je passais en priorité avec mon mari, qui a toujours pu m’accompagner.

 

Quels sont vos prochains projets à venir ?

Faire vivre le podcast Gloria Mama !

Les deux prochains épisodes seront consacrés aux émotions communes ressentis en PMA ou lors de fausses couches. On parlera également de l'impact de la PMA et des fausses couches sur la sexualité d'un couple, avec une thérapeute en périnatalité.

Ensuite, on repartira en France, pour aborder le sujet de la préclampsie, puis on fera un tour au Japon. Il y a donc encore de nombreuses histoires à écouter !

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