Accoucher à l'étranger, loin de chez soi, avec des pratiques médicales et dans une langue différentes peut être un peu angoissant. Pourtant, c'est le choix de beaucoup, car une grossesse en France loin du papa n'est pas facile non plus
Celles qui ont fait le choix d'accoucher à l'étranger doivent s'adapter à un environnement différent. De quoi rajouter aux angoisses des femmes enceintes ! Pour vivre sa grossesse sereinement, il est donc primordial de faire confiance au personnel médical et aux infrastructures qui vont accueillir bébé. Dans le cas contraire, une seule solution, sauter dans un avion et rentrer au bercail. Si vous venez d'arriver à l'étranger, et que vous ne maîtrisez pas la langue, faites marcher le bouche à oreilles, renseignez-vous auprès des autres expatriés sur les bons obstétriciens, et les hôpitaux. Vous pouvez aussi demander conseil au consulat, qui dispose en général d'une liste de médecins francophones. Informez-vous au mieux sur la façon dont les choses se déroulent dans votre pays d'accueil.
Les frais de maternité en cas d'expatriation sont en général pris en charges par les assurances santé expatriés dans les formules les plus complètes. En général, le remboursement de l'assurance maladie à l'étranger dépend directement de votre situation et de votre âge. N'hésitez pas à donc bien vous renseigner lorsque vous choisissez votre mutuelle pour expatrié : un accouchement peut dans certains pays coûter très cher.
Vous êtes enceintes et vous avez la bougeotte ! Le plaisir de voyager ne vous est pas interdit mais avec quelques précautions, détaillées sur notre édition de Bangkok.
photo AFP
Un suivi médical très variable
Selon les pays, le suivi de la grossesse sera très différent. Dans les pays anglo-saxons, par exemple, on estime que la grossesse n'est pas une maladie. Inutile donc de chercher à rencontrer un médecin tous les mois pour des échographies ou répondre à vos questions. "Ce défaut de contact personnalisé et le manque d'informations en début de grossesse est assez perturbant, surtout pour un premier bébé car on se pose nécessairement beaucoup de questions, et on ne sait pas ce qui est normal ou pas" confie Clarisse, future maman à Londres. Même chose aux Pays-Bas, où le suivi est assuré non pas par un médecin, mais par une sage-femme. Certains examens bien particuliers, comme l'amniocenthèse ou le dépistage de la trisomie 21, ne seront pas systématiquement proposés partout.
Dans d'autres pays en revanche, vous pourrez bénéficier d'un suivi "à la carte", car vous serez plus considérés comme client que comme patient. C'est le cas notamment dans certains pays en voie de développement, où les hôpitaux privés sont équipés du matériel dernier cri. Ainsi, Chloé a apprécié sa grossesse au Vietnam, avec des "échographies en pagaille. L'objectif des médecins est clairement le risque zéro". Pour Elise, qui a vécu la fin de sa première grossesse à Berlin, "l'environnement médical nous a semblé plus respectueux de la nature et plus humain. Personne ne m'a terrorisée avec le nombre de kilos à prendre pendant la grossesse !
Vous habitez Hong Kong ? Notre édition a réalisé un dossier complet consacré à la grossesse dans le port des Parfums.
L'accouchement
Là encore, les contrastes sont grands selon les pays. "En Angleterre et au Pays de Galles, bien que les conditions soient un peu spartiates (manque de moyens et manque de staff comme en France je pense), je ne me suis jamais sentie "en danger" mais plutôt bien prise en charge, explique Lucille. Il est vrai qu'à chaque fois, j'étais seule avec ma sage-femme en salle de travail, donc mon mari n'a eu d'autre choix que de participer!"
Elise s'est sentie entourée lors de son accouchement à Berlin: "une infirmière m'a tenu la main pendant la césarienne, il y a les Familienzimmer, et les infirmières étaient pour la plupart respectueuses". En savoir plus sur les "maisons de naissance" avec notre édition de Cologne.
Chloé aussi a "réellement apprécié d'être à l'étranger" pour son deuxième accouchement. "J'étais une petite reine chouchoutée !" Lucille renchérit : "En Thaïlande, les hôpitaux pour expatriés sont bien sûr privés et s'assimilent davantage à des hôtels 5 étoiles qu'à des établissements de soin! On vous demande ce que vous souhaitez pour dîner, les infirmières, qui ressemblent plutôt à des hôtesses de l'air, vont et viennent à vos petits soins, vous lavent vous dorlotent et, si vous le voulez, vous ne voyez pas votre bébé du tout !!!"
Connaissez-vous les baby planner ? Ni médecin ni sage-femme, un baby planner met l'accent sur le coté psychologique de la grossesse et de la naissance, la sécurité du bébé après la naissance, la mise en place d'un environnement sain. Découvrez Véronique, baby planner à Munich, qui aide les maman expatriées s'installant en Bavière.
Trop de césariennes ?
Attention au recours excessif aux césariennes dans certains pays. En Chine, près de la moitié des femmes chinoises accoucheraient par césarienne (en savoir plus sur notre édition de Shanghai). Il faut dire qu'en Asie, réaliser un accouchement par césarienne est parfois aussi un choix dicté par l'astrologie, car il permet de choisir une date propice. De même, en Turquie, les femmes optent pour la césarienne car elles ne veulent pas souffrir (voir notre édition d'Istanbul). Or l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) établit que la proportion d'accouchements par césarienne ne doit pas dépasser les 15 ou 20% du nombre total d'accouchements. Contrairement aux idées reçues, cette pratique peut entrainer de nombreuses complications pour la maman et le bébé. Les césariennes se font parfois au détriment du choix de la mère, car il permet au personnel médical de programmer l'accouchement, et aussi de facturer plus ! "J'ai accouché par césarienne alors que mon souhait était d'accoucher par voie basse, ce qui aurait certainement pu être réalisable si les médecins m'en avaient laissé le temps", explique Mélanie de Phnom Penh. Dans la mesure du possible, assurez-vous donc que les médecins respecteront votre choix.
Lepetitjournal.com de Casablanca s'est penché sur la question de l'accouchement au Maroc et a recueilli divers témoignages de mamans qui expliquent pourquoi elles ont choisi d'y accoucher, ou pas !
Les suites de l'accouchement
En France, on reste quatre, voire cinq jours hospitalisée, ce qui n'est pas la règle dans d'autres pays, où les séjours peuvent être beaucoup plus courts. "En Angleterre, on incite les femmes à regagner leur bercail le plus rapidement possible (6 mamans et donc 6 bébés dans la même pièce vous en persuadent rapidement: je suis restée une nuit) d'autant plus qu'une sage-femme/infirmière vous suit quotidiennement à la maison", explique Lucille. "En Thaïlande, si vous le voulez, vous ne voyez pas votre bébé du tout ! Il m'a fallu lutter pour non seulement faire la connaissance de mon bébé (après une césarienne, je ne pouvais pas bouger) mais pour en assurer les soins et le garder dans ma chambre. Le fait d'assister à ses vaccins pour lui parler et le rassurer leur a semblé aussi tout-à-fait incongru". Pour Julie, "la prise en charge de la douleur post-natale est inexistante aux Pays-Bas, il faut attendre que cela passe naturellement en serrant les dents". Pas toujours facile? Surtout quand la chambre est envahie de visiteurs. Marie, à Casablanca, a eu "un défilé permanent à la maternité de collègues de travail de mon mari que je n'avais jamais vus auparavant. J'ai dû lui demander de rappliquer en vitesse ?il était rentré à la maison pour s'occuper des ainés - pour qu'il vienne faire la conversation, servir à boire etc. car j'en étais incapable. C'était adorable mais très fatiguant. J'étais très déçue que personne ne se penche sur le berceau de ma fille pour me dire combien elle était mignonne. Je n'ai compris que plus tard que pour eux cela porte malheur !"
N'oubliez pas de vous renseigner sur les formalités à accomplir afin que votre bébé soit en règle ! Notre édition de Mexico détaille les démarches à accomplir si le bébé a la double nationalité, pour éviter des déplacements inutiles au consulat ou à la mairie.
L'allaitement
"En Allemagne, l'allaitement va de soi", explique Elise. "Ici on sait que presque toutes les mères ont la capacité physique d'allaiter, alors qu'en France ça n'est pas acquis. Il y a donc une hotline dédiée, une sage-femme à domicile, des Stillcafé où l'on peut allaiter son enfant en public tranquillement. Le rapport au corps est différent, il y a à Berlin une moindre contrainte sur l'apparence qu'à Paris, ce qui est confortable quand on est enceinte ou fraîchement accouchée". Au Brésil, Nathalie a eu recours à une infirmière pour l'aider à allaiter : "ici, c'est naturel de donner le sein : donnez le biberon et on vous regardera bizarrement !" En revanche, à Hanoï Chloé a "dû un peu batailler pour l'allaitement à 100%. J'avais fait écrire sur le berceau en viet "PAS DE BIBERON", car ils ont la manie de leur filer le bib la nuit des qu'il pleure pour ne pas réveiller la maman, et ça a marché".
Découvrez sur notre édition de Kuala Lumpur l'aventure insolite de Xavier et Céline, partis de Suisse à vélo pour la Nouvelle-Zélande, qui se sont arrêtés quelques semaines en Malaisie pour la naissance de leur petite Nayla.
Manque affectif ?
On demandait souvent à Anne, après son accouchement en Indonésie: "Ta maman ne te manque pas ? Tu ne ressens pas le besoin de lui en parler ? D'être conseillée par elle ? Non pas spécialement. Aujourd'hui ,via le net c'est avec mes amies qui sont déjà mamans que je discute de ce sujet, que je compare les méthodes et franchement, quand je vois qu'en France on doit trouver une maternité avant la fin du premier trimestre, que les rendez-vous doivent être pris un mois à l'avance (quand ce n'est pas plus) je préfère ma grossesse ici". Elise, elle, a trouvé difficile la "solitude de l'étranger cumulée à celle de la jeune mère, et d'avoir sa famille à 1000 km alors qu'on aurait bien besoin de leur présence. Pendant le pire hiver berlinois depuis 40 ans, la solitude de la jeune mère (quasiment coincée chez elle, difficulté de faire le moindre projet d'emploi du temps puisqu'il est entièrement soumis au bébé, et épuisement) dans une ville où je n'ai presque pas de relations, et dont je maîtrise mal la langue, a été difficile à vivre".
Etre mère en Italie, pas si simple ! Avec notre édition de Milan, voyagez dans le cocon familial de celles qui, loin d'être frustrées par leur rôle de mère, aimeraient tout de même un peu d'aide, pas tant des hommes que de l'Etat.
MPP (www.lepetitjournal.com) lundi 17 mars 2014
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TEMOIGNAGE - Accoucher au Québec : Rencontre avec Céline et Jérôme âgés de 32 et 34 ans. En couple depuis 5 ans, ils sont arrivés au Canada il y a 9 mois grâce au Permis Vacances Travail (PVT). Ils témoignent de leur mésaventure qui a commencé quelques jours après leur installation à Montréal lorsqu'ils ont appris l'heureux événement.
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