Quelle est la situation actuelle de l’emploi et quelles sont les perspectives à court et moyen terme ? Enquête sur les qualifications demandées.
L'année dernière a marqué sans aucun doute un avant et un après pour le marché du travail en Espagne avec trois éléments fondamentaux : l'arrêt de l'activité dans tous les secteurs qui n'étaient pas essentiels, l'imposition du télétravail même pour les entreprises dans lesquelles c'était leur première expérience dans cette modalité et les changements dans les protocoles de sécurité et de prévention à presque tous les niveaux.
Et c’est pour cette raison qu’il est intéressant d’analyser la XXIVe édition du Rapport Infoempleo Adecco sur l’offre et la demande d'emploi en Espagne, qui constitue au travers de ses 225 pages, une radiographie complète de la situation de l'emploi en Espagne. Pour ce rapport, plus de 242 000 offres d'emploi publiées au cours de l'année écoulée ont été analysées et une enquête quantitative et qualitative a été menée auprès des entreprises et et des professionnels des RH entre le 12 avril et le 13 mai 2021.
Pour les recruteurs espagnols, l'expérience prime sur la formation
Il est curieux de constater que les diplômés universitaires ne sont plus les candidats les plus recherchés par les entreprises, qui commencent à se tourner de plus en plus vers les diplômés de formation professionnelle (trois offres d'emploi sur dix).
D’ailleurs, 78% des responsables de RH considèrent que l’expérience et la formation sont importantes chez un candidat, mais que l'expérience est plus importante que la formation. Pour seulement 22%, ils pensent que la formation prime.
Quant aux compétences interpersonnelles -les fameuses soft skills- les plus appréciées par les entreprises, la capacité de travailler en équipe est plébiscitée, avec 74,2%. Viennent ensuite la résolution de problèmes (64,4%), la capacité d'organisation et de planification (57,2%), une attitude positive (53,53%), les compétences communicatives (54,9%), la proactivité / initiative (50,3%), l’honnêteté et éthique professionnelle (44,80%), la capacité d'adaptation aux changements (38,2%), la tolérance à la pression (35,30%), l'empathie (30,00%), polyvalence et flexibilité (27,10%), la gestion du temps (23,50%), les compétences transversales (18,00%), la créativité (13,40%), la capacité critique (12,40%), un bon réseau de contacts (11,80%), l’ambition (9,50%) et en dernière position, mais en augmentation, l’expérience internationale (7,50%).
Connaissance des nouvelles technologies
Enfin, les compétences techniques -ou hard skills- les plus appréciées par les entreprises sont les connaissances spécialisées pour le travail à effectuer (important ou très important: 94,80%), une connaissance bonne ou très bonne des nouvelles technologies (83,3%), les langues (74,5%) et la culture générale (62,4%).
La crise sanitaire a également conditionné la demande de qualifications. Ainsi, les carrières liées au domaine de la santé sont celles qui ont le plus augmenté en termes d’offres d’emploi.
Importance de la langue française
Quant aux langues, une année de plus, l'anglais reste la langue la plus demandée dans les offres d'emploi. Cependant, elle n'est requise que dans 66,7% des cas, un chiffre relativement faible par rapport au 89% enregistré l'année précédente. La langue française conserve sa deuxième position dans le classement, bien qu'elle ne soit exigée que dans 12,2% des offres d'emploi.
A signaler que, sans compter la période de la pandémie, la demande de personnes parlant le français a doublé en 5 ans, passant de 7,43% en 2014 a 15,15% en 2019. La langue allemande clôt le podium et est demandée dans une offre d'emploi sur dix (10,2%). La demande était de 7,32% en 2019. Les deux suivantes sont le portugais (2,7%) et italien (2,6%).
Les communautés autonomes les plus intéressées par des professionnels parlant plusieurs langues sont Madrid (21,7%), les Baléares (16,6%), les îles Canaries (14,9%) et la Catalogne (12,8%), tous supérieures à la moyenne nationale (12,6%). En bas de la liste, on trouve la Galice (6,8 %), La Rioja (6,5 %) et l'Aragon (6,2%).